Le Chemin du Cœur

CHAPITRE DIX

Nous passâmes le reste de l'après-midi à nous promener un peu partout. J'étais contente de cette sortie, j'apprenais des choses sur Rose. Elle était fille unique comme moi, et possédait ses deux parents. Son paternel menait une entreprise alors que sa mère était sa secrétaire.

Lorsque sa maman — Clara — arriva nous chercher, nous prîmes directement la direction de chez moi. Mon portable affichait 18 h, j'étais persuadée que mon père faisait les cent pas dans la maison. J'étais sa seule cuisinière, il ne fallait pas qu'il s'approche des fourneaux... Il ferait brûler l'habitat avec.

— Merci Rose pour cette après-midi, c'était super.

— C'est vrai, admit-elle avec un rire étouffé.

Sa mère nous fixa en souriant, ne comprenant pas ce qui se passait. Je les remerciais une nouvelle fois et sortis de la voiture pour rentrer chez moi. Mon père m'accueillit à bras ouverts, un tablier de cuisine accroché autour de sa taille.

— Lucy, je t'attendais ! maugréa-t-il pratiquement en me faisant une étreinte d'ogre. J'ai installé la table.

— Que ferais-tu sans ta cuisinière ? ris-je en posant mon manteau sur le canapé.

— Je ne sais pas...

Je préparais à manger avec rapidité, enchaînant les recettes.

— Que va-t-on manger en entrée ?

— J'ai acheté de la Piémontaise et du saucisson.

Malgré moi je souriais, ce n'était pourtant pas compliqué la cuisine. Seulement pour mon père, cela semblait être une épreuve. Quand je partirai de la maison, comment mangerait-il ? Tout le temps des plats préparés ? Je le forcerai à cultiver un jardin et manger des légumes bio.

— Dès demain, je vais organiser des cours pour toi, expliquais-je en sortant les ingrédients pour faire un gâteau au chocolat, la recette de ma grand-mère. Ce n'est pas sorcier papa.

— Ouais, grogna-t-il, peu convaincu. J'ai mis les boissons au frais si tu veux te servir.

Il s'éloigna et ronchonna dans sa barbe, il ressemblait à Mistigris en ce moment même. Dodu et ronchonnant. Je riais toute seule.

Une fois terminé, je pris la direction de ma chambre pour me passer un peu d'eau sur le visage. Je changeais de vêtement et enfilais un tee-shirt trop grand pour moi et un jean slim noir. Je n'avais pas besoin de m'habiller classe, ce n'était que le voisin et un ami. D'ailleurs en parlant du loup, j'entendis la sonnette retentir au même moment.

Mon père ouvrit la porte et je reconnus la voix de Paul, je descendis à mon tour avec un sourire.

— Bonjour.

Il me tendit un bouquet de fleurs, je l'acceptais avec plaisir.

— C'était ça ou des chocolats, révéla Paul avec malice en désignant la bouteille qu'il venait d'offrir. C'est un bon vin.

— Merci beaucoup.

Mon père le fit installer à notre table, Mistigris se leva en regardant le nouvel arrivant avec des yeux curieux. Je supposais qu'elle devait actuellement se demander si Paul était une personne gentille. Ou du moins s'il pouvait bien la caresser surtout.

— Alors voici la fameuse Mistigris, commenta Paul en tendant sa main vers mon chat.

Je retenais ma respiration, espérant qu'elle ne le griffe pas. Au contraire elle le renifla et fit demi-tour, peu intéressée finalement.

— Je pense qu'elle a senti l'odeur de Gitane, rigolais-je. Désolé.

— Elle n'aime pas réellement les chiens, compléta mon père en riant nerveusement.

Ils commencèrent à bavarder, j'attendais avec impatience le dernier invité. La sonnette retentit enfin et j'ouvris la porte à la volée, excitée de connaître le nouvel ami qui arrive. Mais ce que j'aperçus me figea sur place.

Un homme se trouvait sur le seuil, habiller sévèrement et portant une boîte de gâteau avec lui Je crus mourir de honte dans mon tee-shirt trop grand et mes cheveux juste attachés en chignon décoiffé.

C'était mon professeur de maths.

— Tiens Oliver ! l'appela mon père en arrivant et en lui serrant la main, tout en l'invitant à rentrer. Lucy voici Oliver. Il m'a sauvé la vie mardi matin, ma carte de parking ne marchait pas, il me la payé. Enfin peu importe, installe-toi.

Mon professeur de maths portait donc le prénom d'Oliver, il me fixait sans rien dire.

De toutes les personnes de la terre, il a fallu que ce soit lui ! Un frisson me parcourut... Que quelqu'un me réveille.