CHAPITRE DOUZE

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L'après-midi, je passais mon temps à ruminer, trop en colère pour me calmer. Lorsqu'enfin la sonnerie de fin de cours retentit, c'est avec joie que je rangeais mes affaires, pressée de rentrer. Je voulais me mettre dans mon lit avec un bon bouquin et un chocolat chaud. J'avais récemment terminé le livre que j'avais emprunté une semaine plus tôt, je passerai à la bibliothèque le changer.

— Tu es sûre que ça va Lucy ? Depuis ce midi je te trouve froide et distante, me souffla Rose.

Je la fixais, elle semblait réellement inquiète ce qui me toucha.

— Ouais c'est à cause de Candice et ses copines. Surtout de notre conversation, ça me rend dingue.

— Je comprends, mais ne t'inquiète pas elle va probablement se calmer si tu ne lui montres pas d'intérêt. Je te garantis par contre qu'elle va te classer dans le groupe des « ringards » après.

Rose sourit et je fis comme elle. Ringard ou pas, je m'en fichais royalement.

— Je vais aller à la bibliothèque avant de rentrer. Évite de louper ton car, lui conseillai-je alors que la salle se vidait de mes camarades.

— Oui, bien sûr. À demain Lucy !

Rose partit comme une tornade, soudainement pressée. Je la suivis des yeux en souriant, j'adorais son tempérament de folie et sa joie de vivre. C'était vraiment ce qu'il me fallait pour aller mieux.

Je saluais le professeur de français et pris directement le chemin de la bibliothèque. Cela faisait une semaine que j'avais fait la rencontre d'Enzo, peut-être allais-je le recroiser aujourd'hui ?

Cela m'étonnerait, il essayait de s'éloigner de moi comme la peste.

J'entrais donc, le cœur battant à tout rompre, tout en jetant un regard autour de moi avec intérêt. Personne. Même pas la vieille femme qui s'occupait des livres. En me rapprochant, j'aperçus un post-it que je lus d'une traite.

« Si quelqu'un veut emprunter un livre durant mon absence, écrivez votre nom/prénom et le nom du livre sur la feuille ci-jointe. Merci. Mary »

Je touchais le post-it avec un sourire, peut-être qu'il était adressé qu'à moi ?

Je déposais le bouquin que j'avais emprunté une semaine plus tôt et parti pour en trouver un autre. Tellement concentrée dans ma tâche, je n'entendis même pas la porte de la bibliothèque s'ouvrir. Soudain, je sentis qu'un regard était posé sur moi, je fis volte-face.

Enzo.

Il se tenait devant moi, me dépassant de son bon mètre quatre-vingt-cinq. Il était venu me parler. Seulement, lorsque je croisais ses pupilles, je compris que j'allais passer un mauvais quart d'heure. Qu'est-ce que j'avais fait ?

— Salut, fulmina-t-il.

— Euh salut. J'ai fait quelque chose de mal ?

Mon cœur tapa contre ma poitrine, une peur m'envahissant.

— Oui, c'est par rapport à ta conversation avec Candice ce midi au self.

Je me tendis, qu'est-ce que Enzo avait entendu ? Je ne l'avais pas vu ! Sa voix se fit plus dure.

— Je n'ai pas besoin de quelqu'un pour me défendre, Lucy. Qu'importe qui me critique, je suis habitué à ça.

Je crus mourir de honte. Piquée au vif, je répliquais aussitôt, le fixant :

— Comment sais-tu la conversation ? Tu n'étais même pas à côté !

Non, je ne l'avais pas aperçu à la table dans laquelle je me trouvais très proche lors de la conversation avec Candice. Mais comment ?

— Le frère de Aymeric, si, soupira-t-il, les dents serrées. Il a tout entendu.

Je compris aussitôt ; alors il lui avait tout raconté ! Je ne savais même pas qu'Aymeric avait un frangin.

Mon dieu.

Je voulais me cacher dans un trou et devenir une souris. Puis soudainement je m'énervais :

— Tu viens m'engueuler juste parce que je t'ai défendu, Enzo ? Tu es injuste !

Il leva les yeux au ciel, exaspéré.

— Exactement.

— Je ne comprends pas ta réaction, tu devrais être content, non ? Je ne pouvais pas laisser cette garce t'insulter !

Enzo ne rajouta rien, son comportement me vexa énormément.

— Qu'est-ce qui te dérange dans cette situation ? Que c'est moi qui t'ai défendu ou juste que quelqu'un te défende ?

Le visage fermé, il hocha brièvement la tête. Je gonflais les joues, en colère. J'étais sur le point d'exploser. Puis soudain je comprenais où était le problème. Ce n'était pas la situation qui le dérangeait, mais le fait qu'une nana le défende ! Il devait se rendre compte que je l'appréciais et peut-être que ça lui faisait peur ? Lui qui voulait éloigner toutes les filles de lui.

Je pris une grande inspiration et le fixais droit dans les yeux.

— Tu essayes de me repousser de toi car je suis une fille. Ça ne marche pas, quel dommage.

Enzo écarquilla les yeux, trop facile. Il se passa une main dans ses cheveux bruns.

— Je ne veux pas que tu aies de problème.

Il semblait si sincère que ma colère disparût tout à coup.

— Tu viens d'arriver et je sais de ce que Candice est capable.

Il s'inquiétait donc pour moi.

— Voilà et la rumeur qui circule que je repousse les filles est fausse. Simplement cela ne m'intéresse pas, je me concentre sur mes études, énonça Enzo assez sèchement. Alors avant de tirer des conclusions, il faudrait aller voir le concerné.

Il me lança un dernier regard et partit, me laissant une nouvelle fois seule.

Je ne savais trop quoi y penser, mais j'étais sûre d'une chose. À présent il devait probablement me haïr. Peu importe, je n'abandonnerai pas. Comment pouvais-je laisser Candice l'insulter sans rien dire ? C'était plus fort que moi ! Peu importe ce que pensait Enzo. Et puis cette garce m'agaçait de plus en plus, il fallait que quelqu'un la calme.

S'il le fallait, je serais cette personne.

Je pris donc un livre d'horreur cette fois-ci, pour tenter un nouveau genre. Je remplis la feuille avec mes coordonnées et le fourrais dans mon sac en soupirant.

Je franchis la porte pour retourner chez moi en repensant à ma conversation avec Enzo.

J'espérais simplement que je deviendrais ami avec ce dernier... 

Le Chemin du CœurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant