Blue Sword (Tome 1) - Fort Schrade

4. La première ligne

Musique : E.S. Posthumus - Arise

   Les lanciers étaient alignés sur les murailles comme des gargouilles prêtes à défendre leur sanctuaire. Les archers et les arbalétriers étaient prêts à relâcher bander leurs cordes et les relâcher au premier ordre. Et les balistes étaient pointées vers l'ennemi. Mais personne ne bougeait. Chacun attendait en observant avec une tension palpable. Les Orcs étaient en nombre impressionnant, ils étaient peut être quinze mille. L'air était lourd et l'angoisse des soldats étaient aussi perceptible qu'un bourdonnement dans les oreilles. Le champ de bataille était bien visible malgré le peu de lumière qui traversait les nuages, encore un détail étrange dans ce monde. Des tours de bois monstrueuses bâties sur d'épaisses roues avançaient lentement vers la forteresse. Ethan était inquiet à propos de ces édifices, elles étaient suffisamment hautes pour atteindre le sommet des murailles. Il fallait à tout prix repousser les attaques venant de celles-ci. Si les Orcs parvenaient à franchir la muraille en un seule point, Fort Schrade serait pris. Et cela pour une bonne raison, les défenseurs n'étaient que huit mille. Sachant cela, Ethan s'était posté sur une muraille à l'endroit où l'une des tours arriverait. Prêt à anéantir toute engeance qui se présenterait à lui. Il avait participé à bien des batailles rangées et de sièges pour qui avait les moyens et le courage de se payer ses services.

   Les Orcs étaient là, ils s'approchaient au pas et n'avaient pas encore lancé l'assaut. Un immense bélier de bois massif en forme d'hideuse tête de dragon à la gueule béante avançait en première ligne vers les portes. Si l'ennemi n'était pas repoussé ou ce bélier détruit à temps cela se solderait de la même manière qu'avec les tours. Les Orcs les plus proches n'étaient plus qu'à deux centaines de coudées, si bien qu'Ethan pouvait distinguer leurs horribles visages. Lorsque chaque tour eut atteint la hauteur de la première ligne, des cornes de chasses retentirent dans les rangs ennemis. Tout commença, et les choses devinrent très vite hors de contrôle. Une fois que la dernière corne eut sonné, les ennemis chargèrent et quinze mille hurlements inhumains retentirent. Faisant trembler les murs de pierre de Fort Schrade.

Aucune flèche ne vola des rangs monstrueux vers les hommes. A l'inverse, les cordes des arcs se relâchèrent autour d'Ethan. Une ligne d'Orcs tomba pour ne plus se relever mais la suivante l'enjamba comme s'il ne s'eut agi que de bosquets informes. Les tours avancèrent vers les murs. Les soldats pouvaient maintenant voir les dizaines d'Orcs postés dessus et prêts à bondir vers eux. Ces derniers furent la cible des archers qui clairsemèrent leurs rangs. Mais chaque Orc qui tombait était immédiatement remplacé par d'autres qui montaient depuis le sol et attendaient leur tour pour attaquer. Lorsque la tour atteignit le mur, le choc fut si violent qu'Ethan sentit la secousse sous ses pieds. Une demi-douzaine d'Orcs sauta en même temps et une armée de soldats chargea pour les repousser. Ethan sortit sa lame bleutée de son fourreau et la fit siffler dans l'air vers l'Orc le plus proche. Le monstre à la peau noire comme la cendre ne pût bloquer le coup et s'affala sur le sol tandis qu'une gerbe de sang colorait les pavés et les bottes d'Ethan.

   Il para un coup de hache et fit un moulinet pour éloigner un ennemi à sa gauche. Il dégagea la hache d'une estocade et ouvrit une large fente dans le trapèze gauche de l'Orc qui la portait. Partout les lames tintaient, les ennemis continuaient à affluer et les corps alliés et ennemis devenaient de plus en plus nombreux. Ethan éliminait les Orcs les uns après les autres mais les soldats qui l'entouraient reculaient petit à petit rendant ses flancs vulnérables et le forçant à reculer pour ne pas subir d'attaques venant de plusieurs directions à la fois. Les monstres à la peau noir continuaient d'affluer en nombre de plus en plus important, la plupart d'entre eux étaient plus grands que les humains ce qui leur donnait un net avantage au combat. Si les choses continuaient ainsi, ils allaient perdre trop de terrain et les Orcs allaient entrer en masse. Ethan espérait seulement que les autres points tiendraient. Il se faisait le devoir de tenir cet endroit, quitte à se battre seul au milieu des Orcs. La majeure partie de ses réflexions était tournée vers le combat, esquiver, parer, allonger une botte, sauter. Mais il se rendait compte qu'il devait changer de stratégie s'il ne voulait pas être submergé par le nombre. Il fallait faire en sorte que les autres le suivent et qu'ils repoussent les Orcs jusqu'à la tour. Une seule solution s'offrait à lui, faire une percée rapide pour permettre aux autres de contre-attaquer.