Quand les Mots s'alignent (Recueil d'OS)

Le sommeil manquant

Étendu là au milieu de cette pièce sombre sur son lit il regarde le plafond. Ses yeux cernés sont grand ouverts, il pourrait sembler bien éveiller si son regard ne semblait pas aussi fou. On pouvait voir une lumière briller dans ses yeux sombres, une lumière de désespoir et de résignation. Cette folie qui l'habitait était une folie connue de tous les insomniaques, celle du sommeil. Chaque soir elle lui rendait visite et l'empêchait de trouver ce qu'il voulait chérir le plus, le sommeil. Que ne voulait-il pas donner pour une seule heure de repos ? Tel était la question qu'il se posait tous les soirs, tel était son dilemme constant. Il se tourna dans son lit étouffer par cette angoisse qui montait petit à petit en lui comme tous les soirs. Qu'avait-il fait pour mériter une telle torture ? Étrangement une larme coula sur sa joue, cette perle d'eau brillait au milieu de cette obscurité comme une étoile brillait dans le ciel de la nuit. Il ferma les yeux cherchant encore une fois à retrouver les bras protecteurs de Morphée. Chaque soir c'était la même chose, il devait se tourner en tous sens pendant des heures sans trouver ce précieux sommeil qui lui manquait tant. Toujours lorsque ce dernier l'effleurait enfin de sa douce main il ne lui restait que quelques maigres heures de repos. Toujours il se réveillait vingt minutes plus tard et toujours il était en retard... Son foutu manque de sommeil lui bouffait la vie : il ne sortait plus par peur de n'être plus fatigué qu'il ne l'était déjà. Il ne s'habillait plus qu'en noir ce qui le faisait ressembler à un mort à cause de son tein cadavérique. Il faisait peur à ses anciens amis qui l'avaient petit à petit laissé de côté. Il était seul avec cette fatigue écrasante qui le tuait à petit feu...

Il avait abandonné tout espoir de trouver une solution depuis très longtemps, alors il se démenait chaques jours pour tenir un peu plus, pour un pas qui aurait pu être le dernier. Sa vie était devenu un combat constant contre le sommeil, un combat perdu d'avance. Parfois il se demandait quand est-ce que le coup final serait porté ? Quand est-ce qu'il craquerait définitivement ? Quand est-ce qu'il passerait ce point décisif de non retour, son point de chute... Il le sentait proche, trop proche alors il luttait se fatiguant encore plus et se rapprochant toujours inexorablement de sa perte. Ses paupières lourdes ne se soulevaient plus et il sentait enfin un petit sommeil l'effleurer. Il fut surpris de s'endormir si tôt et aussi facilement mais un petit bonheur l'étreignit avec douceur. Enfin il s'endormait, enfin il allait récupérer un peu de son précieux sommeil et même si cela ne se passerait que ce soir là cela lui suffisait amplement pour tenir quelques jours de plus, quelques pas de plus...