Nous ne devions pas [EN PAUSE]

Chapitre cinq.

- J'hallucine ! Je peux savoir ce que vous faites dans le même lit ?!

J'ouvre brusquement les yeux. Jacob a toujours son bras autour de ma taille, sous mon débardeur. Je me redresse. Jacob fait de même. La mine très en colère de notre mère s'offre face à nous.

- J'ai fait un cauchemar, dis-je doucement.

Je ne pense pas que lui dire la vérité serait très judicieux. Elle n'aurait aucun scrupule à m'envoyer à Harvard si jamais je lui disais que j'ai rejoint Jacob parce que je n'arrêtais pas de repenser au baiser que j'avais échangé avec lui.

- Vous ne devriez pas dormir ensemble, les enfants. Ce n'est vraiment pas bien, nous réprimande-t-elle. Un garçon et une fille de votre âge ne doivent pas dormir ensemble.

- C'est bon, maman. On est grands.

- Justement, vous êtes grands. Ce n'est pas normal. Bea, sort de son lit, tout de suite. Je vous attends en bas.

Elle quitte la chambre, ses talons claquant sur le sol. Je me laisse tomber dans le lit tout en soupirant. Jacob reste assit. Mes yeux se posent, malgré moi, sur son dos musclé. Il tourne la tête vers moi.

- Pourquoi tu es venue, Bea ?

- Je te l'ai dit. Je n'arrivais pas à dormir.

- Arrête. Tu ne m'as pas sorti cette excuse depuis tes douze ans.

- Mais c'est la vérité ! Je n'arrêtais pas de repenser à notre baiser et...

- Sors d'ici. Si maman remonte et qu'elle te voit encore dans mon lit, ça va mal se passer.

Je souffle avant de sortir de son lit. Il semble toujours en colère. Je replace correctement mon short avant de sortir de sa chambre. Je passe dans la salle de bains pour me passer de l'eau sur le visage. Dans ma chambre, je retire mon pyjama pour enfiler un jean avec un sweat à Jacob qui était trop petit pour lui.

J'attrape mon téléphone puis je descends dans le salon. Jacob est déjà assis sur le canapé. Je m'assieds à côté de lui. Maman nous regarde un par un. Elle va vraiment nous engueuler parce que nous avons dormi ensemble ? C'est n'importe quoi.

- Bea, Jacob, vous êtes grands, maintenant. Des frères et sœurs qui dorment ensemble à votre âge, ce n'est pas normal. C'est... Malsain.

- On n'est même pas frère et sœur ! m'exclamé-je.

- Bea !

Je soupire. Je sais que ça la blesse quand, sous le coup de la colère, je lui balance qu'elle n'est pas ma mère ou que je ne fais pas partie de leur famille. C'est blessant. Je suis blessante quand je suis en colère. Sauf que c'est la vérité. Sans les papiers d'adoption, je ne suis strictement rien dans leur arbre familial.

- Il n'empêche que vous avez grandi comme tel. Vous ne vous en souvenez peut-être pas, mais quand tu es arrivée chez nous, tu avais peur. Tu te cachais derrière moi. Jacob est venu et il a pris ta main. Il a toujours été un grand frère pour toi.

Quelle merde. Ça fait bien longtemps que Jacob et moi avons dépassé la frontière frère/sœur.

- Vous comprenez ?

- Ouais, ouais, marmonné-je.

- Bien. Je vais travailler. Votre père rentrera sûrement avant moi, ce soir.

Elle nous embrasse et s'en va. Je dois maintenant convaincre Jacob de ne plus être en colère. Il se lève et va dans la cuisine pour prendre son petit-déjeuner. Je le rejoins, m'asseyant sur un tabouret.