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Chapitre 4

Rouler me vide la tête cette fois, je dois être le Viking fort que tout le monde connaît, le départ de Roxy ne doit rien changer. Personne ne doit connaître ce Thor sensible et torturé par le départ de la femme qu'il aime. Je dois me reprendre avant d'arriver à Paris.

Je passe de ville en village sans me rendre compte de quoi que ce soit, dans ma bulle encore un peu. Je rêvasse à ma furie, je ne suis pas prêt de l'oublier. Une auto-stoppeuse me fait sortir de ma rêverie. Je la vois au loin sur le bord de cette nationale perdue en pleine forêt et j'ai l'impression qu'elle m'est familière. Jean, basket, cheveux longs noirs, sac à dos. Je suis encore loin pour voir son visage mais elle ressemble étrangement à l'inconnue que je me suis faite hier soir à l'hôtel. Plus je m'approche et plus j'en suis sûr. Alors je ralenti et m'arrête à son niveau, étonné avec un petit sourire moqueur aux lèvres, je lui fais signe de monter. Elle n'est pas très bavarde comme hier soir. Ca m'arrange je n'ai pas envie de parler !

— Paris pour moi.

— N'importe où mais loin de ce trou à rat où mon mari me fait vivre un enfer.

Le serveur avait vu juste, elle a un problème avec son mari. Moi j'ai un probleme avec mon ex, à nous deux c'est l'éclate !

Je suis surpris de ne pas l'effrayer, mon look fait déjà frissonner les parisiennes alors la petite provinciale qu'elle est pourrait être choqué ou apeuré. Mais elle non, rien, elle s'est même laissé baiser hier soir. Étrange ! Moi ça ne me dérange pas, j'aime sentir la présence d'une femme près de moi. Bien sur elle n'a pas les cheveux rouge et le corps rempli de tatouages mais c'est une belle femme et ça ne se refuse pas. Elle ne me touche pratiquement pas. Elle a posé son dos sur le dossier et ses mains le long de ses jambes. J'ai remarqué ses yeux, rouges comme hier soir. Quelques bleus aussi sur les bras et un petit sur la joue. Son mari n'est pas un tendre.

En arrivant au bord de Paris je m'arrête près d'une station de métro et lui fait signe de descendre. Elle m'obéit, me rend mon casque et me remercie de sa voix rocailleuse triste. Elle pleure encore.

— Tu sais où aller ?

— Je trouverais bien, t'inquiètes. Merci à toi en tout cas. Bon coup et sympa, malgré ton apparence inquiétante.

— Inquiétante ? Pourtant tu t'es laissé faire hier soir et tu n'avais pas l'air inquiète du tout. Ce sont juste des dessins sur ma peau.

— Tatouages, coupe de cheveux spéciale, façon de t'habiller original, grosse voix, sauvage...Tu impressionnes, chez nous on en a pas des exotiques comme toi.

— Je veux bien te croire. Tu as aimé pourtant.

— Ouais beaucoup, ça m'a soulagé et même réconforté.

Elle me détail en ricanant, avant de me déposer une bise sur la joue.

— Merci en tout cas, je ne sais pas comment tu t'appelles mais quand je t'ai vu rentrer je me suis dis que tu ressemblais à un barbare !

— Un Viking ?

— Ouais un Viking voilà tout à fait ça. Ca s'est confirmé dans ta chambre. J'ai pas l'habitude mais franchement t'es doué. Merci à toi pour ça et pour m'avoir déposé ici. Loin de tout.

Elle a l'air un peu perdu, elle regarde partout autour d'elle, les yeux grands ouverts. Je sors une de mes cartes de visites du salon et lui tends.

— Tiens prends ça, si jamais tu sais pas où aller, j'ai des chambres de libres chez moi.

— Merci mais je me débrouillerais toute seule. Je suis une grande fille. Paris ne me fait pas peur.

— Si tu le dis ! Mais bon voila quoi, si jamais tu sais où me trouver. Je fais peur mais je suis pas méchant. Faut juste pas me chercher c'est tout, surtout en ce moment.

— Ouais t'as pas l'air en meilleur état que moi. Bon merci à toi et peut être à un de ses jours.

— Ok passe au salon quand tu veux ?

— t'es coiffeur ?

J'éclate d'un rire bien gras, un rire pas très franc, elle me prend pour qui ?

— Oh tu as vu ce que je t'ai fait hier ? Tu me prends pour qui là ? Non je suis tatoueur regarde ma carte.

— Tout s'explique. T'es pas obligé de me parler de cette manière, c'était pas méchant. Je demande c'est tout. T'as pas le genre coiffeur mais à Paris on trouve de tout. Tatoueur, je comprends mieux. Baiseur, tatoueur, grande gueule, barbe, cheveux bizarre, un vrai hipster. Allez je te laisse, tu dois avoir mieux à faire que de discuter avec une fille comme moi.

— Rien de mieux non. Ma gonzesse, tout comme mon meilleur pote, m'ont quitté.

Pourquoi je me confie à cette fille, je ne la connais de nul par ? Jamais je ne me confie à qui que ce soit !

— Ensemble ?

— Quoi ?

— Ta gonzesse est partie avec ton meilleur pote ? C'est classique. Il est comment ton pote il a des piercing lui en plus ? Et ta gonzesse ?

— Tu es bien curieuse ?

— T'as raison, chacun sa merde. Moi mon mec me cogne par moment. Mais je lui en mets aussi, je ne me laisse pas faire. Il baise tout ce qui bouge, sans gêne. Bref je ne sais pas pourquoi je me confie à toi, ça ne te regarde pas.

— Exactement, chacun sa merde. Allez ciao à un de ces jours peut être.

Elle me fait un signe de la tête et je démarre direction le hangar.

Étrange cette fille. Elle n'a pas l'air du genre à se laisser faire mais reste avec un connard qui la trompe et qui la frappe. Drole de mec. Je ne suis pas mieux. Moi aussi je trompais Roxy, même si nous étions d'accord. Le jour ou je lui ai promis fidélité je ne suis plus retourné voir ailleurs. Elle me suffisait. Moi non, je ne lui suffisait pas, il lui manquait quelque chose que Max savait lui donner lui !

Me voilà reparti à penser à ma furie, il va falloir que je commence à me vider la tête, sinon je ne pourrais pas vivre normalement.

Je bois jusqu'à plus soif ce soir là. Je me couche totalement rond et la tête vide.

Le lendemain un mal de crâne affreux me cogne mais j'ai pris une grande décision. Je me prépare et retrouve ma boutique, je vais bosser comme un dingue pour oublier. Pour le moment je ne veux plus aucune femme, uniquement pour baiser. Je ne suis pas fait pour être en couple, j'aime trop faire se qui me chante. Alors pendant que Roxanne doit travailler dans son salon ou de baiser son nouveau mec, moi je bosse comme un fou. Mon affaire reprend bien d'ailleurs. Je ne vois pas les journées passer. Roxanne me manque mais je n'ai plus trop le temps de penser à elle. Je me tape des salopes de temps à autre pour l'hygiène, je picole au bar du coin et rentre seul comme un con tous les soirs au hangar. Plus personne n'a le droit d'y venir. Trop de souvenirs qui me font du bien quand je rentre, je ne veux pas que quelqu'un vienne perturber mes pensées. Pour la première fois je me sens diminué, je ne suis plus le chef de rien du tout, ni le dieu de ma baby. Je suis seulement un tatoueur perdu et seul qui essaye de refaire surface.

THOR - Vild Viking (autoédition)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant