𝘷𝘳𝘦̀𝘯𝘦
c'est le genre de fille qui tombe facilement dans les excès, et qui a besoin d'un gars comme lui pour reprendre ses esprits.
𝘸𝘪𝘵𝘩; 𝘫𝘢𝘤𝘬𝘴𝘰𝘯 𝘸𝘢𝘯𝘨, 𝘫𝘦𝘰𝘯 𝘫𝘶𝘯𝘨𝘬𝘰𝘰𝘬
25.09.17 ─ 05.03.18
à moi
#𝟭 in 'vrene' ─ 02.2019
...
Le lendemain matin, en cours de coréen, la prof exigea de ses élèves un texte qui devait exprimer une émotion, par le biais d'un souvenir. Plusieurs d'entre eux râlèrent, dont, évidemment, Jungkook, qui ne perdait jamais une occasion de l'ouvrir pour se faire remarquer.
Seulgi abandonna sans même avoir essayer, de toute façon, elle avait décidé qu'elle n'aimait pas cette prof après qu'elle l'eut séparé d'Irène car elles avaient eu un fou-rire il y a quelques semaines. Il leur avait été tout simplement impossible de s'arrêter, juste parce que Seulgi, en rangeant ses affaires, s'était prit le coin de son classeur dans le front, et leur prof, intriguée, s'était approchée et leurs avait demandé de se calmer, en vain. Elle leurs avait alors demandé si elles fumaient, ce à quoi Irène s'était empressée de répondre négativement, puis Seulgi avait ajouté un "Non, c'est naturel", qui les avait fait rire de plus belle.
Depuis ce jour, elles n'avaient plus le droit de s'assoir à côté, et Irène s'était installée seule au fond, à deux rangs de Seulgi qui s'était déjà affalée sur son bureau en préparant sa copie blanche à remettre. De toute façon, qu'est-ce qu'elle pouvait bien écrire ? Il ne se passait rien dans sa vie, rien qui méritait d'être raconter. Elle décida de noter cette phrase, peut-être qu'elle aurait 0,5. Elle se rallongea sur sa table tout de suite après, et ferma la yeux en espérant que le cours passe plus rapidement.
Irène, quant à elle, regarda un petit moment par la fenêtre avant de tapoter nerveusement son stylo contre sa feuille vierge. Tandis que les autres écrivaient sans relâche où dormaient tout simplement, la jeune fille réfléchissait au type de sentiment qu'elle devait écrire. Et puis, un tout simple s'imposa à elle et son stylo s'activa presque tout seul. Tout son esprit était ailleurs, plongé dans les souvenirs amers, et son stylo noir noircissait les lignes le plus vite possible, pour ne pas perdre une miette de ses pensées tourmentées.
Putain, elle était sûre d'écrire de la merde, mais ça devait sortir. Tant pis si ça devenait un peu trop personnel au fil des lignes, il fallait écrire tout ce bordel. Irène s'en foutait si sa prof ne comprenait rien et lui foutait un zéro. De toute façon, son jugement était le même que sa meilleure amie, comme pour beaucoup de choses, cette prof était conne et le resterait jusqu'à la fin de l'année, point barre.
- Ça y est, Irène est lancée, on l'arrête plus, pouffa Jungkook qui jusque là, s'amusait avec son stylo et des boulettes de papiers.
Irène ne répondit pas, trop dans son monde.
- T'écris sur quoi ?
- Tu peux me foutre la paix ?
Sa demande interloqua Jungkook, qui n'avait pas l'habitude que la gente féminine lui parle aussi sèchement.
- Comme tu veux, céda t-il.
C'était la première fois qu'il capitulait, et assit juste à côté de lui, Taehyung n'en perdit pas une miette. Il observait avec attention cette jeune fille brune aux sourcils froncés et à la lèvre inférieure sans cesse triturer, qui fixait sa feuille en oubliant même de cligner certaines fois des yeux. Il se demandait ce qu'elle pouvait écrire de si important à ses yeux, car d'habitude, Irène était passive et désintéressée.
De son côté, la jeune fille écrivait les dernières lignes de son petit texte gorgé de noirceur. Elle était sûrement la seule à ressentir l'effroi et la douleur de chaque mot, mais elle s'en foutait. Elle ignorait si elle se sentait mieux, mais au moins, ça l'avait occupé. Elle rendit sa feuille et sortit de la classe dès la sonnerie, se foutant royalement des devoirs donnés à l'oral et ayant une soudaine envie de pleurer. Seulgi la suivit sans rien dire, n'ayant pas noter les devoirs non plus.
« Il va falloir m'expliquer calmement la dernière fois que tout était normal. Je crois qu'il faut vraiment que quelqu'un se pointe, me regarde dans les yeux et me raconte à quand remonte le dernier repas de famille sans embrouilles. Il faut carrément que je m'assois et que je l'écoute, cette foutue personne dont j'ignore sûrement l'existence, et qu'elle me dise la date précise du dernier fragment de souvenir encore joyeux. À quand remonte t-il ? Quand nous étions tous assit au restaurant, trinquant à l'anniversaire de mon frère ? Quand nous étions tous réuni autour de la table du séjour, autour d'un énorme plateau de fruits de mer, à raconter notre journée à la mer ? Quand je me réveillais le matin avec cette odeur de café chaud et le tic tac de l'horloge qui m'apaisait ? Quand je les saluais en souriant, contente de me lever pour déjeuner avec eux ? Quand je m'asseyais sur le porte bagage du vélo pour aller acheter le pain avec lui ? Quand je l'aidais à faire la cuisine en écoutant le poste radio ? Quand, à la fin du repas, on chantait et dansait tous ensemble ?
Quand il n'était pas encore malade ? Putain, mais à quoi ressemblait ma vie avant le dix-sept octobre dernier ? Je m'en rappelle même plus et c'est ça qui me fait le plus mal. Je ne m'en rappelle presque plus, de tous ces moments qui me rendaient heureuse. Où sont-ils passés ? Un matin ils étaient encore là et j'ai fermé les yeux, la nuit suivante il n'y avait plus rien. J'étais dans un couloir d'hôpital et ma tête tournait, les larmes coulaient, j'avais peur et j'étais triste. Parce que je savais que plus rien ne serait comme avant, justement.
Je venais de tout perdre.
Alors il va falloir que quelqu'un se pointe, me foute une claque et me regarde dans les yeux. Il va falloir qu'il me prenne par les épaules et qu'il me dise que tout ira mieux. Mais je saurais qu'il me mentira, tout comme les autres, parce que rien ne pourra jamais "aller mieux". Parce que tout est brisé, tout est foutu. On n'efface pas un AVC, et il ne reste plus que de veilles photos sur mon téléphone pour prouver qu'avant, ouais avant, il était vraiment là. Il existait vraiment. Il allait bien, il était vivant. Il m'apprenait à pêcher et à jouer à la pétanque. Il m'expliquait des mots en espagnol quand je ne les comprenais pas, il s'intéressait à mes passions. Il me montrait comment cuisiner, comment placer ses doigts quand on voulait mettre un coup d'poings dans la tronche d'un emmerdeur. Sauf que maintenant, il m'apprend à le voir déambuler sans rien faire ni rien dire, juste à pleurer la nuit, quand personne ne peut me voir.
Alors très bien. Qu'elle vienne cette personne, qu'elle me foute une claque et m'explique tout ce qu'elle veux. Je ne la croirai pas. »
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