illegal | 29

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Jungkook


Deux semaines.
Deux semaines qu'ils étaient arrivés main dans la main au lycée, se lançant de petits sourires niais, sous mes yeux ébahis. Deux semaines que je contenais ma rage. Deux semaines qu'ils riaient le midi en compagnie de Seulgi, puisque monsieur Taehyung ne voulait visiblement plus manger avec nous. Deux semaines que j'avais les boules sans même comprendre pourquoi. Yoongi et Hoseok me disaient que je n'étais plus aussi cool qu'avant, mais je ne pouvais plus me contenir. La voir sourire et rire avec ce type censé être mon meilleur ami me mettait hors de moi.

La jalousie me consumait.
Parce que, bien sûr, il avait fallu que je tombe amoureux de cette idiote qui se donnait des airs sombres alors qu'au fond, elle devait être aussi gamine que Seulgi. Il avait fallu que sa façon de mal me répondre et de m'ignorer me fasse quelque chose au cœur et au cerveau. Oh putain, mon cerveau était bousillé depuis tout ce temps. Déjà qu'en temps normal, je ne suivais pas les cours, désormais tout était bien pire. Je m'énervais pour un rien, Hoseok et Yoongi ne comprenaient pas, personne ne pouvait comprendre de toute façon.

Et Taehyung qui continuait de lui tenir la main en passant devant moi, m'ignorant complètement. J'aurais voulu lui crier d'aller se faire foutre, lui mettre coups sur coups, juste pour qu'au final, elle reparte avec moi. J'étais certain que Taehyung ne pouvait pas être le seul remède pour cette fille, je pouvais en être un également.

J'allais à la muscu' tous les soirs, pour me défouler et passer mes nerfs sur les machines. Et chaque matin, ils arrivaient, un petit sourire timide collé au visage. Elle demeurait près de lui comme s'il était sa seule source de lumière, comme si tout l'univers pouvait s'effondrer si leurs peaux ne s'effleuraient pas.

Oh mon Dieu, leurs peaux, s'étaient-elles déjà touchées ? S'étaient-ils déjà embrasser sous les étoiles, alors que je passais une nuit solitaire de mon côté ? S'étaient-ils déjà unis dans une obscurité charnelle, alors que je me vidais sûrement dans une autre pute ? S'étaient-ils déjà chuchoter les mots sacrés des amoureux, alors que je fumais un joint à ma fenêtre dans un courant glacé ? Pour la première fois de ma triste vie, j'avais mal. Je me sentais faible. Jamais je n'étais tomber amoureux de quiconque, personne sur cette terre ne méritait qu'on se sente aussi mal, aussi bas et ridicule juste à cause de stupides sentiments. Mais elle, sans rien faire, elle avait réussi à me traîner plus bas que Terre, à m'humilier sans même s'en rendre compte.

Je tapai du poings sur la table, ce qui fit arrêter de parler Hoseok et Yoongi, qui me lancèrent de petits regards interrogateurs.

- Ça va mec ?

Je ne répondis rien, je fixais simplement la table de Seulgi, Taehyung et Irène.

- J'te jure depuis deux semaines t'es pas normal, tu parles plus pour dire de la merde, franchement c'est...

- Et vous vous l'ouvrez toujours trop, crachai-je en me levant sans rien ajouter.

Je quittai le self sans remarquer qu'elle me regardait étrangement, comme si elle cherchait à comprendre. Mais mon Dieu Irène, il n'y avait rien à comprendre de plus, tout était de ta faute, je suis sûr que tu le savais déjà très bien. J'en avais marre. L'air frais de l'extérieur me fouetta le visage alors que des visages heureux qu'il ne reste plus qu'une semaine de cours passaient devant moi. Je pris une cigarette et sortis devant le lycée pour pouvoir fumer un coup. Il fallait se reprendre, arrêter de paraître aussi faible en public. Ce n'était que des putain de sentiments, les sentiments, ça s'cassent et s'écrasent, il me suffisait juste de les balancer un peu plus loin et de penser à autre chose. Du moins, j'espérais que ça puisse marcher, parce que merde, j'y connaissais rien moi ! J'étais bon que pour coucher avec tout un tas de putes qui ne demandaient que ça, pas pour ramper comme un chien aux pieds d'une fille que je n'intéressais pas le moins du monde !

- Jungkook ?

Sa voix me paralysa le système nerveux, tel un venin mortel.

- Ça va pas ?

Je ne répondis toujours pas, regardant ailleurs. Qu'elle retourne avec son gars parfait, tiens. En plus de répandre son cruel venin en moi, il avait fallu qu'elle me vole mon meilleur ami. Quelle fille detestable.

- Réponds, t'es bizarre.

- Casse-toi.

Au fond de moi, je ne voulais pas lui parler comme ça. Je voulais la tirer contre moi et l'embrasser pour ne plus jamais la lâcher. Je voulais qu'elle me raconte tous ses secrets, toutes ses peurs et tous ses rêves, qu'on fume un joint en pleine nuit, perdus dans l'immensité envoûtante des astres, qu'on s'unisse dans un lit froid et blanc, qu'on chiale dans les bras l'un de l'autre en s'embrassant de désespoir, qu'on danse sous la pluie et qu'on tombe comme des cons d'adolescents par terre, riant aux éclats.

Sauf qu'elle faisait déjà sûrement tout ça.
Avec quelqu'un d'autre que moi.

- Pourquoi tu me parles comme ça ? Je voulais juste savoir si tout allait bien, c'est comme si t'étais plus le même qu'avant.

- Qu'est-ce que ça change ? ricanai-je amèrement.

Irène fronça les sourcils, croisant les bras sous sa poitrine. Il faisait froid, ça se voyait qu'elle tremblait. J'aurais voulu faire quelque chose, mais ce n'était pas à moi de m'en soucier.

- Pourquoi tu ne parles plus à Tae ? Il est triste.

J'éclatai de rire, un rire faux et amer, un rire sans rire, un truc qui sonnait vide.

- Et tu crois que moi je ne le suis pas ? Je pue la défaite et la déprime, j'suis qu'un looser comme tu le dis si bien. Si ton mec veut me parler qu'il le fasse, ce n'est pas à moi d'y aller, c'est lui qui s'est éloigné.

Irène soupira, en regardant ailleurs.

- Seulgi avait raison finalement.

- Ah ouais ? Sur quoi ? demandai-je sans émotion.

- Elle me disait que ça se voyait comme le nez au milieu de la figure que tu étais amoureux de moi, je ne l'ai pas cru.

Je me figeai quelques secondes avant d'apporter la cigarette à mes lèvres sèches, sans rien dire.

- J'aurais peut-être dû, quoique je ne suis pas sûre que ça aurait changé grand chose. JK, je suis désolée.

- Ouais.

La conversation s'arrêta là et Irène rentra, sans rien dire de plus. J'voulais tout pêter. Ah, il se foutait bien d'ma gueule le destin, c'était certain. J'écrasai ma clope sous la semelle de mon Rangers et m'en allai à l'opposé du lycée alors que les cours reprenaient.

J'avais plus qu'à oublier.




J'avais plus qu'à oublier

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𝙄𝙇𝙇𝙀𝙂𝘼𝙇Où les histoires vivent. Découvrez maintenant