𝙄𝙇𝙇𝙀𝙂𝘼𝙇

illegal | 27

« Bonnie & Clyde one night, who cares ? who cares ? but who's Bonnie ? who's Clyde ? »

La nuit faisait ressortir les étoiles qui elles, se foutaient de la gueule de ces deux jeunes courant et riant dans une capitale battant à cent à l'heure, comme leurs cœurs. La lune semblait vouloir suivre la course effrénée de ces deux étoiles filantes qui bousculaient parfois des passants dans Hongdae, sans pour autant s'excuser. Leurs mains étaient liées, leurs regards se croisaient parfois, incitant l'autre à ne pas s'arrêter, à tout fuir le cœur léger. Taehyung fuyait le décès, les ténèbres et l'angoisse, Irène s'échappait du passé et de ces sentiments venimeux qui lui lacéraient le cœur.

Certains jeunes ont une étrange vision de la liberté, croyant qu'une seule nuit ne prend jamais fin, que tout peut être réglé en quelques heures, qu'ils ne se réveilleront jamais et pourront tout fuir, simplement en courant comme des débiles dans le centre-ville. Irène se foutait de cette vision des choses. Elle voulait continuer de courir en lui tenant la main, peu importe ce qui se passait le lendemain.

Taehyung s'arrêta progressivement pour souffler un peu. Un sourire omniprésent ornait ses lèvres fines.

- Que faisons-nous maintenant ?

- Allons sur le toit, comme l'autre soir.

Taehyung perdit un peu son sourire rectangulaire.

- Ça s'est mal terminé la dernière fois.

Irène ne perdit pas le sien.

- Faisons en sorte que ça ne se reproduise plus.

Taehyung hésita puis finit par hocher la tête, puis les deux étoiles à demi-éteintes filèrent vers leur jardin secret. C'était une nuit calme, sans vent ni nuages, ils étaient allongés face aux étoiles qui leur offraient un magnifique spectacle lumineux.

- Raconte-moi quelque chose que j'ignore sur toi.

Taehyung ne sût quoi répondre, il demanda conseil aux étoiles. Devait-il raconter une anecdote marrante ? Ou comment il avait rencontré ses amis ? Finalement, les astres lui proposèrent un souvenir d'enfance, et il sourit en se le remémorant.

- Je me souviens de quelque chose, commença t-il le cœur se serrant légèrement. Ça m'arrive de rester allongé ici, tu sais, et de me remémorer des brides du passé. J'ai comme l'impression que tout était un peu mieux avant, des fois. Comme si grandir ne faisait qu'accentuer les défauts et les problèmes des gens. Pourtant, j'ai envie de me dire que tout s'arrangera, je veux y croire. La mort de papi m'a fait redescendre sur Terre. Je ne pensais pas que le réveillon de Noël serait pour moi la dernière occasion de le voir rire et parler. J'ai envie de te raconter la fois où je suis tombé pour la première fois d'un arbre. Commence pas à rire hein, sourit faiblement le jeune homme, j'adorais escalader quand j'étais petit, parce qu'il le faisait aussi et que je l'admirais pour ça. J'ai trébuché et je suis tombé sur les fesses. C'est pas que je me souvienne avoir souffert atrocement, mais je me suis quand même mit à pleurer. Quand on a sept ans, on pleure pour rien tu sais... Il a rit et m'a relevé, j'avais les mains un peu égratignées et les joues rouges mais il ne m'a pas donné de pansements, il m'a juste pris les mains et m'a sourit. Il m'a dit « Ne pleure pas pour si peu, c'est ta première chute, tu devrais rire plutôt ! Aller relève-toi Tae ». Ça peut paraître banal, sans importance. Ça ne l'était pas pour moi. C'est lui qui m'a apprit à ne pas pleurer pour un rien. Je n'ai pas pleuré quand on l'a enterré, peut-être que j'aurais dû, je ne sais pas, il n'est plus là pour me dire quoi faire. J'ai un peu peur d'oublier ce qu'il aurait pu me dire, comment il aurait pu réagir à telle ou telle situation. Est-ce que tu crois qu'on finit par l'oublier quand quelqu'un s'en va ?