Chapitre 7

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Octobre 2017

Lily :

Au début de la soirée, nous l'appelions « Monsieur Marchand ». Nous sommes quand même en compagnie du directeur de notre endroit favori. Le bar "Le Time Out", où tous les nouveaux groupes de musique de Paris se bousculent pour jouer ! Mais, rapidement, l'accent et le charme des lieux y aidant certainement, nous finissons par l'appeler William, car il a cet art si rare de savoir créer une proximité immédiate.

-Tous les clients sont mes invités, je les reçois chez moi. Comme faisait ma mère chez nous, nous explique-t-il. Le vrai secret d'un bar, c'est que les personnes aiment y venir pour y passer un très bon moment entre amis, oublier leur quotidien et s'éclater, nous dit celui qui a vu passer du beau monde, dans son bar, depuis trente-sept ans qu'il est ouvert !

- Quand j'ai ouvert, je me suis dit que j'allais attendre les six premiers mois pour voir comment ça aller se passer. Je n'avais jamais tenu ce genre d'endroit auparavant... et l'ancien propriétaire m'a répondu : "Ici on sait quand on rentre, mais pas quand on sort." et il n'avait pas tort !

Pour tout vous dire, j'adorais William. Un jeune homme de 58 ans si je puisse dire, d'apparence assez ordinaire. Ni trop maigre, ni trop gros mais de grande taille. Il arborait fièrement une calvitie naissante, plus proche du bambin joufflu que du nouveau-né, qui s'avérait particulièrement visible quand il omettait de couper ras de manière régulière. Son visage était en partie mangé par une barbe plus ou moins bien taillée selon les saisons, qui lui conférait au choix un aspect strict et professionnel ou un côté rustre et négligé. L'avantage principal de ce camouflage capillaire étant de lui donner une apparence adulte et relativement sérieuse malgré le monde dans lequel il évolue. William était une personne vraiment très drôle mais surtout très intéressante par toutes ses histoires et pour couronner le tout, il était d'une gentillesse sans bornes. C'était vraiment un chouette type.

- Un destin pas comme les autres, pour un parcours propre à vos expériences, se réjouit Abby déjà un peu pompette. J'ai toujours entendu dire que l'on considéré un bar comme le miroir de l'âme de son propriétaire de chaque établissement.

- Nom de Dieu, s'éclaffe Louisa. Si Abby commence à philosopher nous sommes bonnes pour la porter sur notre dos pour le retour !

Je glousse. J'adore Louisa.

- N'importe quoi, je vais très bien ! Je suis juste complètement fan des histoires de William et je m'en abreuve! nous hurle Abby par-dessus le vacarme.

- C'est de Mojito que tu t'abreuves pour le moment, je réplique.

- Allez les filles, je vous laisse. Même si je préfèrerais passer la soirée avec une bande de belle jeune femme telle que vous, j'ai du boulot qui m'attend et ma femme va finir par venir m'arracher les yeux si je ne me bouge pas le cul très vite.

En avalant mon troisième verre, je me dis que les mélanges ce n'étaient peut-être pas une très bonne idée car j'ai soudain très chaud et je commence à avoir la nausée, la tête qui tourne et les jambes flageolantes. Lorsque je me lève, j'ai la tête qui tourne à nouveau et je dois m'agripper au dossier de la banquette. Les deux cocktails à la tequila et le verre de vin rosé, n'était décidément pas l'idée du siècle mais merde je n'ai presque rien bu contrairement à d'autres soirées beaucoup plus arrosées. Je m'excuse auprès des filles et part en direction des toilettes. Le bar s'était pas mal rempli depuis notre arrivée et je dois dire qu'il y avait pas mal d'ambiance et une clientèle assez variée! Il y a même tellement de monde que je suis obligée de zigzaguer entre les groupes de personnes et lorsque j'arrive enfin à me faufiler dans les toilettes, j'en passe enfin les portes et les referme aussitôt derrière moi en soufflant un bon coup. Heureusement pour moi, il n'y a que deux filles à l'allure complètement dingue.

Les Silences Du Passé Tome 2: Lily Où les histoires vivent. Découvrez maintenant