Chapitre 18

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Décembre

Lily : 

Le vendredi, au lieu de me rendre au bureau, j'avais décidé qu'après ma journée d'hier, riche en rebondissements, j'avais bien mérité de prendre un peu de temps pour moi. J'ai donc demandé à Abby si je pouvais poser ma journée complète. Et l'avantage d'avoir comme RH sa propre cousine, c'est qu'elle ne me refuse pas grand-chose en général. Ca avait vraiment du bon parfois. Et puis c'était un grand jour. Aujourd'hui j'avais prévu d'aller rendre visite à ma mère et de lui annoncer la bonne nouvelle. Du moins, j'espérais sincèrement qu'elle le prendrait comme- t-elle une fois que je lui aurais annoncé qu'une fois de plus, j'allais sans doute devoir faire sans papa pour mon bébé. Elle allait péter un plomb... 

Lorsque j'entre chez elle, mes pas résonnent sur le sol en marbre de l'immense hall d'entrée. Je passe devant l'appartement de la concierge et monte les escaliers jusqu'aux seconds étages. Je frappe deux petits coups à la porte et entre. Une délicieuse odeur de fleur d'oranger se dégage dans l'espace à vivre mais, étrangement, il n'y a guère de bruit.

- Maman ?

- Dans la cuisine ! 

Je passe devant le petit salon ou sa bibliothèque déborde de livre en tous genres. Il y trône également des portraits de moi. J'ai deux ans sur l'une d'entre elles. Je pose avec mon père. Vêtu d'une robe rose bonbon à fanfreluche. (Quelle horreur !)  J'y apparais avec un grand sourire ou il me manque encore quelques dents et apprêté d'un bandeau blanc qui me donne l'air d'un poupon tout droit sorti d'une pub pour vêtement. Sur la seconde, nous posons tous les trois. Nous avons d'immense sourire qui nous barre le visage. Ma mère semblait tellement jeune et amoureuse avec ses beaux cheveux bruns relevés en un chignon flou et sa belle robe d'été. Le bras de mon père est posé sur sa hanche alors qu'il me tient dans ses bras avec l'autre. C'était vraiment une époque géniale. Mon père était le plus jeune d'une fratrie de trois enfants. Il est décédé d'un cancer des poumons alors que je n'étais qu'une enfant. Le pire dans tout ça, c'est qu'il n'avait jamais fumé de sa vie. Six mois. C'est ce qu'aura duré son calvaire. Je l'ai vu dépérir à petit feu alors que sa maladie progressée à une rapidité déconcertante. Il était sous oxygène en permanence et je craignais le pire à chaque quinte de toux plus virulente les unes que les autres. Le jour de sa disparition, je me suis convaincu du haut de mon jeune âge qu'il serait sans doute mieux parmi les anges qu'ici sur terre à souffrir le martyre. 

J'abandonne les photos avec une pointe de douleur au cœur et pars rejoindre ma mère. Je la retrouve dans la cuisine, de l'autre côté du plan de travail, en train de préparer des crêpes. Sa cuisine est petite mais chaleureuse, grise avec des placards crème, et partout aux murs sont accrochées des photos de moi petite. Elle est particulièrement belle, aujourd'hui. Ses cheveux bruns sont attachés dans un chignon fouillis qui est très sympa, elle porte un jean bleu moulant, une chemise à carreaux qu'elle a laissés ouverte, et son débardeur blanc. A presque cinquante ans, ma mère est une femme superbe qui n'a rien perdu de son sexe appeal. 

- Ma fille, te voilà ! dit ma mère de sa voix douce en venant à moi.

Nous nous serrons dans les bras et elle me caresse les cheveux affectueusement. Tout chez ma mère est doux, délicat, et tendre. Je ne me souviens pas d'une seule fois où elle a déjà élevé la voix contre moi, pas même quand j'avais dix ans et qu'elle a dû m'emmener aux urgences parce que j'avais enfoncé un Smarties dans mes narines pour voir combien je pouvais en stocker après un pari stupide avec Abby. 

- Salut Maman ! 

- Comment tu vas ? Tu ne travailles pas aujourd'hui ?

- Non, j'ai pris ma journée. Et puis j'avais besoin de te voir et de te parler. Mais avant ça j'aimerais manger une de tes crêpes, j'ai faim ce matin, je réponds en tapotant mon estomac. D'ailleurs, pourquoi tu fais des crêpes ?

Les Silences Du Passé Tome 2: Lily Où les histoires vivent. Découvrez maintenant