Les Silences Du Passé Tome 2: Lily

Chapitre 10

Novembre 2017

Lily :

J'ai froid. Terriblement froid. D'ailleurs tout autour de moi me semble froid. Que ce soit la couleur des murs blancs qui m'entourent, complètement démuni de la moindre trace de décoration et de couleur. Les machines qui m'entourent, le drap d'examen qui recouvre mon corps, la table sur laquelle je suis allongé, ou bien même ces deux personnes qui m'entourent habillé d'une simple blouse blanche. Tout me semble complètement démuni de la moindre source de chaleur. Ou peut-être est-ce tout simplement moi... car oui, je suis brisée par ce que je suis en train de vivre.

Mon cœur saigne et la douleur me transperce de toute part mais elle n'est rien comparée à ce que je ressens au fond de mon cœur. Il est brisé, complètement anéanti par le cauchemar que je suis en train de vivre et s'il y a bien une chose dont je suis certaine, c'est qu'il ne sera plus jamais capable de se réchauffer à l'avenir...

D'aimer à nouveau...

Les larmes ne cessent de couler le long de mes joues, à tel point que l'oreiller sur lequel ma tête repose et complètement mouillée. La perfusion branchée dans mon bras droit me fait terriblement souffrir. Peut-être devrais-je en informer quelqu'un mais je ne suis pas certaine que cela changerait quoi que ce soit à la situation.

La douleur est atroce, à un tel point que la nausée ne m'a pas quittée depuis que l'anesthésiste a refusé de me faire une péridurale prétendant que ma température était beaucoup trop élevée et ma tension trop haute.

Connerie oui...

Pourquoi devrais-je souffrir comme une dingue pour qu'au final, je me sente encore plus vide et seule que je ne le suis actuellement.

Un sanglot désespéré m'échappe lorsque je sens une nouvelle vague de contraction arrivée. La terreur qui s'insinue dans mon esprit rend ma respiration difficile. La plus jeune des sages-femmes qui se trouve près de moi approche sa main de la mienne que je saisis à la volée et la lui serre tellement fort que j'ai peur sur le coup de lui avoir brisé quelque chose. J'essaie par tous les moyens de puiser un peu de son énergie car à cet instant, l'intensité de son regard me pénètre jusqu'à l'âme. Elle aussi souffre. Elle souffre pour moi. Je le vois dans ses yeux, elle a mal pour moi... et je sens l'angoisse monter d'un cran alors qu'elle metreint gentiment l'épaule pour essayer de m'apaiser.

- il est temps de pousser, me dit l'autre sage-femme assise en face de moi. À la prochaine contraction, dès que je vous dis d'y aller, vous poussez le plus fort possible.

Je hoche la tête.

- d'accord, répondis-je alors que mon ventre se contracte à nouveau.

Je n'ai pas le temps de me remettre de ma dernière contraction que la suivante arrive déjà. La sage-femme placer entre mes cuisses m'encourage.

- allez-y ma belle, pousser fort !

Je pousse de toutes mes forces mais je suis complètement épuisée. L'accouchement a été provoqué il y a plus de 24 heures et je n'ai pas fermer l'œil depuis. Je n'en peux plus. Et tout ce que je souhaite c'est que ce cauchemar se termine le plus rapidement possible.

Au bout d'un quart d'heure, mon bébé voit enfin le jour. La douleur stoppe presque immédiatement mais celle qui compresse mon cœur depuis maintenant plusieurs jours ne cesse d'augmenter. Je suis encore là comme une imbécile à espérer entendre mon bébé pleurer mais je sais pertinemment que ça n'arrivera jamais...

Et pourtant c'est comme si ses pleurs et ses cries pouvaient résonner dans mon esprit, comme si je pouvais les entendre. Au lieu de premiers bruits, c'est un silence bien plus pesant qui est là dans la salle de naissance. La sage-femme m'a ramené mon bébé enveloppé dans une couverture blanche... Je vire cette couverture et prends mon bébé contre ma peau, rêvant qu'au contact de sa maman, elle se réveille. Mais elle ne dort pas... Une demi-heure partagée toutes les deux. C'est tout ce que nous aurons... Elle est si belle, sa peau si douce, ses longs cils... mais une peau froide et des yeux fermés...