Nawen et Gwen : Par delà les Mers

Chapitre 4 : Gwen

Je ne m'étais pas tout de suite rendue compte que quelque chose n'allait pas. Quand je l'avais vu surgir à  l'entrée de la grande route qui traversait le village et se diriger de son pas toujours claudicant - aujourd'hui peut être un peu plus claudicant que d'habitude ?- vers cette auberge miteuse avec une salle réputation, notre point de rendez-vous. Quand il avait passé le premier commerce. Quand il avait trébuché, c'était si rare ! Quand il s'était mis à accélérer dans ma direction. Non, ce n'était que lorsqu'il n'était plus qu'à quelques mètres de moi, de l'auberge, que j'avais compris. Le temps que je me précipite vers la porte, il était entré, et j'avais pu constater les dégâts : sa cape était en lambeaux, sa jambe estropiée formait un angle bien plus étrange que d'habitude, il saignait du nez et de l'arcane sourcilière, ses yeux clairs étaient vitreux, et son bras, que l'on pouvais voir sous les morceaux de sa cape, était recouvert de sang, sa main crispée sur le cylindre d'argent contenant le message qu' il était sensé délivrer. Je restais un instant interdite, avant de me précipiter pour le soutenir alors qu' il tombait à genoux sur le seuil de l'auberge. J'écarta sa cape, et vis avec effroi que son ventre était criblé de balles.
- Bon sang !!! Phil ! Qu' est ce qui s'est passé ???!!!
- J'ai été arrêté... Mais ce n'est pas ça le plus important... Me répondit-il d'une voix rauque.
- Tu veux rire ?!! Tu as vu dans quel état tu es ??!! Il faut que l'on te soigne, et vite !!!
- Non... de... de toute façon c'est trop tard... Gw..Gwen il faut que tu remplisse ma mission à ma place !
- Tu la rempliras toi-même une fois que tu sera guéri !
Je paniquais. Je le sentais partir entre mes doigts, et ses paroles ressemblaient beaucoup trop à des dernières volontées. Il ne pouvait pas mourir, il ne pouvait pas !!
- Gwen, promet-moi... Je devais l'apporter à ce pirate... tu sais Monkey D. Luffy... je... il faut que tu termine mon devoir ! me supplia-t-il dans un râle.
- Mais je...
- Promet-le moi !
- Je... je... d'accord j'irais porter ta missive ! Mais viens d'abord avec moi à l'hôpital !
Mon cri resta en suspension dans l'air. Son bras trembla. Il attrapa mon poignet et, d'un geste faible mais résolu, il relâcha le rouleau taché de sang dans ma main. Me passa le flambeau. Puis il sourit. D'un sourire joyeux, comme je l'ai rarement vu en faire. Sa respiration faiblissait, je l'entendais. Je voulais crier. Faire quelque chose, le soigner, appeler les secours ou... je ne sais pas moi ! Mais je restais juste là comme une idiote, à verser des larmes silencieuses, et ses yeux se fermèrent, et sa main, qui serrait la mienne, se détendit, et sa vie, qui m'avais tant apporté, s'éteignit dans mes bras, le laissant partir se reposer là où il ne m'entendait plus pleurer.