Chapitre 8 : Gwen

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J'étais folle. Mais alors complètement folle. Moi qui fuyais depuis l'enfance toutes personnes de mon sexe, de mon âge et de mon espèce, je venais d'accepter de prendre à mon bord une fille, probablement de mon âge et avec des oreilles de chat. Oui, les Zoan me perturbaient. Je me demandais ce qui m'était passé par l'esprit lorsque j'avais accepté. En tout cas, j'avais hâte de voir sa tête quand je lui dirais que les shurikens n'étaient pas mon seul moyen de combattre...

Enfin pour l'instant je courrais. Pas trop vite, mais tout de même assez pour me rapprocher de mon objectif à une bonne allure. Je commençais déjà à voir les premiers mâts. Je ralentis ma course : j'étais un peu essoufflée et je voulais goûter ce fameux cocktail pour lequel on avais fait toute une affaire. Je sortis le shaker auquel je devais la présence de Nawen sur mon bateau. Le goût était... Mmm... étrange et délicieux en même temps. Il y avait de la menthe fraîche, des noix et... de la vanille peut être, je ne suis pas sûre. Par contre, s'il y avait de l'alcool je ne le sentais pas... Enfin, l'ensemble était très frais ! Il faudra que je demande a Nawen sa composition.
Je recommençais à courir, et laissais mes pensées dériver vers Nawen. Quand même... elle n'était pas banale cette fille ! Enfin, j'étais contente de savoir qu'elle était cuisinière, parce que moi, la nourriture, je n'étais pas la dernière à en manger mais niveau préparation -de mon côté- je ne pensais pas que ce soit mangeable.
J'arrivais à l'entrée du port. Il y avais une cinquantaine de bateaux à quai. Ce n'était pas le port le plus grand que j'avais vu, mais pas le plus petit non plus. Quelques échoppes se disputaient près du littoral. On se battait dans les tavernes, on s'apostrophait dans les boutiques et on se bousculait sur la jetée. Je jettais un œil aux maigres provisions exposées, les miennes étant quasiment écoulées. La vendeuse s'excusait du manque de produits en gromelant. Je l'ignorais et lui échangeais quelques pièces contre trois ou quatre légumes et un morceau de charcuterie. Je ne pensais pas que ça suffirait, il faudrait s'arrêter pour acheter d'autres vivres sur la prochaine île.
Enfin, je glissais mes maigres achats dans ma besace et me dirigais vers mon bateau, Nymphéas.
Je l'avais construite presque seule, durant les longues périodes où Phil s'absentait pour ses missions. Avec l'aide d'un ou deux charpentiers marins d'une île où l'on avait fait escale, j'avais travaillé près d'un mois pour assembler toute la coque et le mat. Puis, j'avais peint, verni et meublé Nymphéas. Enfin, grâce à l'un des charpentiers qui autrefois travaillait comme artisan revêtement à l'entrée du Nouveau Monde, j'avais pu recouvrir mon bâteau de la protection nécessaire pour naviguer n'importe où et appris les bases afin de renouveler, à l'aide de mon pouvoir, ce revêtement. Grâce à cela, Nymphéas avait la capacité unique de pouvoir se transformer en sous-marin sur demande.
J'observais un instant mon bâteau. La coque courbée et bleu ciel tanguait légèrement. Deux voiles blanches, tirant sur le bleu clair, étaient attachées au long mat en bois. Mon drapeau représentait une faux croisée avec des volutes d'eau et dans le coin droit l'emblème de la Guilde était représenté. J'étais une méssagère, moi, pas une pirate ni une pécheuse et encore moins une officière de la Marine : je devais le signaler sur mon drapeau. Je me hissais à bord à l'aide d'un corde a nœuds, que je trouvais très utile pour dissuader quiconque de s'introduire sur Nymphéas car il fallait être agile et léger pour tenir dessus. Je sautais sur le pont. Je laissais courir ma main sur les runes peintes sur la cabine centrale. Puis je descendis vérifier que tout allait bien. A l'intérieur, les pièces étaient rondes et suivaient la courbe de la coque. La salle de pilotage était située dans la cabine supérieure. Puis, entourant celle-ci, on trouvait une salle d'eau, une salle commune dans laquelle la cuisine était installée, deux cabines individuelles, mon bureau et une réserve pour stocker toutes marchandises. Je laissais mes provisions dans la réserve et remontais sur le pont en terminant la boisson que Nawen m'avais concoctée. J'observais l'horizon. La mer n'était que légèrement agité et le vent de la tempête était retombé. Ce n'était pas le temps idéal, mais ça ferait l'affaire.
Il ne me restais plus qu'à attendre le retour Nawen et on pourrait partir.

Nawen et Gwen : Par delà les MersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant