Nawen et Gwen : Par delà les Mers

Chapitre 26 : Gwen

- Bon. Il faut sortir d'ici.

- Oh bah non ! Moi qui adorais justement la torture psychologique que ces illusions nous infligeaient !

- C'est pas le moment pour l'ironie, Gwen...

- Si je ne peux même plus faire de l'ironie en situation critique, quand est-ce-que je pourrais en faire ?

Nawen soupira, mais elle savait que je faisais de mon mieux pour dédramatiser. Nous étions toutes deux très tendues, et notre récent combat n'arrangeait rien.

- Gwen... tu sais, pour ton bras...

- Je sais.

- Non mais... j'aurais voulu te reconnaître et... mon Dieu je t'ai blessée et...

- Nawen. Je vais bien et je ne t'en veux pas, je tiens à ce que tu le saches.

- Oui mais j'ai tellement honte...

- Tu ne devrais pas. Nous avons toutes les deux cédées sous la pression des hallucinations, tu n'es en aucun cas fautive.

Elle acquiesça faiblement et je lui adressai un mince sourire pour la rassurer. Ce qui ne m'empêcha pas de passer ma main sur la blessure de mon ventre dès qu'elle détourna les yeux. Ma paume, légèrement humide, nettoya la plaie et aida la peau à cicatriser plus vite. Heureusement que ce n'était pas plus profond... L'eau de mon organisme circulait différemment et me permettait de guérir plus rapidement que la moyenne, mais ce n'était pas magique et quand la blessure était grave mon corps mettait plus de temps à se remettre, comme tout le monde.

Ma fatigue s'était atténuée grâce à la présence d'une autre humaine, mais pesait encore sur mon esprit par moment. Nawen observait la parois, perplexe et je réfléchissais au moyen de nous sortir d'ici, quand sa voix brisa le silence :

- Comment tu as dis que ces mousses fonctionnaient déjà ?

Nawen avait l'air perdu, mais je ne lui reprochais pas de ne rien avoir compris à mes explications, elles n'étaient pas très claires.

- Bon alors. Tu as remarqué les deux types de mousse ? Je pense que les violettes ne font qu'agir sur une partie de notre cerveau, qui nous enferme dans un souvenir sans le modifier. Les mousses vertes, elles, analysent notre esprit, notre subconscient, et additionnent nos plus grandes peurs à ces images déjà difficiles. Tout se passe dans notre tête, le pollen agissant directement sous notre crâne.

- Whaou, d'accord... Mais alors comment as-tu deviné ça ? Et pourquoi est-ce-que ce labyrinthe tente-il de rendre fous tous ceux qui le parcourent ?

- Euh... je dirais que cette explication n'est qu'une théorie, je n'en suis pas certaine...

Nawen me regarda de travers. Bien qu'elle était presque sûre que je n'étais pas une illusion, le doute persistait... Et si je continuais à donner des explications si précises et louches, je n'allais pas aider... Il fallait que je lui montre une preuve.

- Nawen, je vais déclencher une hallucination.

- Pardon ?!

- Il faut que je vérifie une fois de plus que ce que j'avance est juste, et cela te prouvera ma théorie par la même occasion.

- Mais... comment veux-tu faire ça ?

- Tu me fais confiance ?

Elle resta un instant silencieuse, avant d'acquiescer.

- Bien. Je ne te mens pas, je vais tenter quelque chose d'un peu risqué. Mais pour que cela fonctionne, il faut absolument que tu vois la même illusion que moi, que tu viennes dans mon souvenir. Tu es prête ?