Nawen et Gwen : Par delà les Mers

Chapitre 22 : Gwen

Tout était noir. Je tournais la tête en tout sens, pourtant je ne parvenais pas à distinguer quoi que ce soit. Une pression montait autour de mon cou, je tentais de crier mais l'air s'échappait de mes lèvres. Je suffoquais de plus en plus et me mis à courir, avec l'impression que cela ne changerait rien. Après plusieurs mètres mes jambes ne me portaient plus, et je m'écroulais, heurtant quelqu'un au passage. Je relevais la tête, et me trouvais nez à nez avec Phil, qui m'adressa un sourire lumineux. Mais au moment où j'attrapais sa main pour me relever, son visage se figea dans un rictus et, d'un coup sec, il m'arracha le bras. Je hurlais.

- ... en ! Gwen !

Je clignais doucement des yeux, haletant de façon saccadée.

- Gwen, répond moi, est-ce-que ça va ?

Je regardais autour de moi. J'étais assise dans mon lit, en sueur, au centre de ma chambre. Nawen s'agitait, inquiète, un verre d'eau à la main. Je tentais de le prendre, mais à l'instant où je tentais de mettre mon bras en mouvement, j'eus l'impression qu'un million d'épines venait de s'enfoncer dans mon épaule. Je me retins de crier.

- Gwen, tout va bien ?

- Oui, oui je..., ma gorge était sèche et ma voix rauque, Ce n'est rien, j'ai du rêver...

- Mouais... j'aurais plus dit cauchemarder, vu la tête que tu fais.

Elle s'approcha de moi et me tendis le verre, que je saisi prudemment de la main droite.

Je laissais l'eau couler lentement dans ma bouche, chaque gorgée de liquide me soulageant déjà un peu plus. Lorsque mon verre fut presque vide je renversais les dernières gouttes sur mon visage, qui achevèrent de me réveiller et refroidirent mon organisme blessé.

- Depuis quand est-ce-que nous naviguons, as tu rencontré d'autres problèmes durant mon sommeil ? demandais-je à Nawen, un peu plus calmement.

- Nous sommes en milieu d'après-midi, je n'ai pas vogué de la nuit, je vérifiais que tu allais bien, mais j'ai tenté de diriger Nymphéas depuis ce matin. Il n'y a pas eu de problèmes, excepté le fait que je ne suis pas très douée avec le bateau.

- Bien.

Ces informations de bases vérifiées, j'entrepris de m'occuper de mon état. Je m'assis en tailleurs sur mon lit, et commençais à défaire le bandage qui enserrait mon bras gauche.

- Gwen attends ! C'est une grosse blessure et je ne sais pas si tu es déjà en état de...

Je coupais Nawen dans sa protestation.

- Je sais. Mais, tu l'as dit toi même, c'est une grosse blessure, il faut changer le bandage avant qu'elle ne s'infecte. Écoute, je te suis reconnaissante pour m'avoir soignée, mais j'ai assez de force pour nettoyer une plaie et mettre un nouveau pansement. Ok ?

- D'accord, mais tu es sûre que..

- Je vais bien. Ou en tout cas je vais mieux. Retourne à la barre, je m'occupe de ça.

Elle grommela encore un peu, mais finit par sortir. A l'instant où elle allait passer la porte, je me repris :

- Hey Nawen !

- Hum ?

- Oublie ce que j'ai dit, va dormir plutôt. Toi aussi tu es éprouvée, et tu as veillé toute la nuit, tu mérites bien un peu de repos.

Elle sembla surprise durant une seconde, puis elle m'adressa un faible sourire de remerciement et se dirigea vers sa chambre.

Je me mis lentement debout, et traversais ma cabine pour récupérer la trousse de secours. Puis je retournais m'asseoir sur mon lit. Hésitante, je déroulais avec une grimace le bandeau qui cachait ma blessure. Nawen avait nettoyé le sang séché, et je fus soulagée de voir que la plaie n'était pas si large et que, bien qu'elle soit profonde, aucun de mes organes n'avait été touché. Aussitôt après que j'ai enlevé le pansement, le sang recommença à couler et je ris jaune. Nawen avait fait de son mieux, mais avec une blessure profonde comme celle-ci, il fallait recoudre. De la main droite je maintins une compresse pour limiter la perte de sang, et de la gauche je tins faiblement mon aiguille, dans laquelle je glissais fébrilement un fil spécial. Une bande de cuir dans la bouche, je serais les dents et commençais le premier point. Je rapprochais les deux pans de ma plaie, puis l'aiguille glissa sous ma peau et ressortit, rouge, un demi centimètre plus loin. Une goutte de sueur perla sur mon front et je réitérais l'opération. Une fois. Dix fois. La dernière couture achevée, la main tremblante, je posais mes instruments. Une courbe de dix centimètres s'entendait en diagonale, entre ma clavicule et ma poitrine.