Chapitre 24 : Gwen

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En tentant d'être la plus rassurante possible, je lui lançais :

- Ne t'inquiète pas.

Puis je m'engouffrais dans la grotte.

Je comprenais l'angoisse de Nawen, mais il ne m'avait fallu que quelques minutes pour céder à ma soif de connaissance et d'exploration.

Je laissais courir ma main valide sur la parois violette et rocheuse. Comme je l'avais exposé à Nawen, la mousse brillait de plus en plus, scintillant d'une lueur verte. Le couloir dans lequel je marchais s'élargissait et sa hauteur augmentait. Après quelques minutes je ne distinguais plus l'entrée de la grotte ni la lumière du jour, mais la luminescence de la mousse suffisait largement pour voir.

Je parvins alors à un embranchement. La galerie principale se scindait et créait deux chemins différents. J'hésitais un instant, Nawen m'attendait et je ne devais pas prendre trop de temps... c'est alors que je remarquais une plante singulière dans le couloir de droite. Côte à côte avec la mousse verte, un second type de lichen brillait. En m'approchant, je notais qu'il ressemblait en tous points à l'autre végétation, à l'exception que sa couleur était violette. Je l'effleurais.

La mousse se contracta soudainement et éjecta un nuage de spores. Je m'éloignais en toussant, déboussolé. Les poussières étaient rentrées dans mes yeux et mes poumons et me gênaient extrêmement. J'ignorais pendant combien de temps je restais là, à cracher mes poumons et frotter mes paupières. Finalement l'irritation disparu et je pu à nouveau voir clair et respirer sans difficultés.

La mousse autour de moi brillait d'un éclat bien plus fort qu'avant, et il me sembla que je m'étais trop enfoncée. Nawen m'attendait et si la seule propriété de cette plante était d'envoyer du pollen à la figure des gens, je ne voyais pas l'intérêt de m'attarder. Je fis demi tour et repris ma marche, dans la direction où la mousse violette était la moins présente et dont je pensais venir. Mais après quelques minutes, je du me rendre à l'évidence, le croisement que j'avais pris n'était plus là. Je retournais alors sur mes pas, après tout, je m'étais peut-être trompée de sens, embrouillée par la fumée végétale j'avais pu tourner sur moi-même.

J'accélérais le pas, soudainement pressée de retourner à l'air libre. Je courais presque, quand le couloir que je suivait déboucha sans prévenir sur une salle. Creusée dans le volcan, à même la roche, cette grotte avait été crée grossièrement, mais en imposait par sa taille.

Cependant, je n'avais d'yeux que pour ce qui se tenait au centre de la cavité. Mes hypothèses se confirmaient : je connaissais cette île. Les battements de mon cœur devinrent plus rapides, face à la majesté dont faisaient preuve ces animaux et surtout face au danger qu'ils représentaient, que ma logique ne cessait de me rappeler. C'était tout de même incroyable ! Aucun aventurier, aucun scientifique n'avait mis les pieds ici depuis des centaines d'années !

Je restais pétrifiée, fascinée devant les bêtes quand l'une d'elle se mit en mouvement. Sa large tête tourna lentement, pour finalement s'arrêter face à moi. Le temps se figea. Derrière moi ? La galerie était assez large pour qu'elle me suive. Devant ? Du suicide. A moins que... En une seconde mon regard fit le tour de la caverne et j'entrevis mon salut. Des dizaines de galeries creusées dans le volcan, dont certaines trop petites pour qu'elles entrent. La plus proche était à 100 mètres. Avais-je le temps de peser le pour et le contre ? La bête cligna des yeux.

Cours.

L'ordre résonna dans ma tête, comme une instruction indiscutable de mon corps, et je me jetais en avant. Mes jambes frappaient le sol de toutes leurs forces, pendant que derrière moi d'autres animaux se mettaient en mouvement. 80 mètres. Quelque chose heurta la parois de la grotte et des morceaux de roche violette se détachèrent. 50 mètres. Mon souffle perdait en régularité. 30 mètres. Était-ce un œil à ma droite ? 10 mètres. Un souffle chaud vint me brûler la nuque. 2 mètres. J'y étais presque ! 1 mètre. Je sentis une lame me griffer la jambe. Dans un dernier effort, je m'élançais, et me réfugiais enfin dans la galerie.

Nawen et Gwen : Par delà les MersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant