Chapitre 14 : Lyzia

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Nous sommes dans une petite salle basse, seulement éclairée par une minuscule fenêtre. Ely s'est assis à même le sol ; Nolan et moi sommes adossés au mur, face à la fenêtre. Ombrine, près de la porte, discute avec Sara et Karine. Jo est debout à côté de la vitre, arborant toujours son éternel air taciturne ; quant à Samuel, il fait les cent pas, inlassable, et regarde sa montre de temps en temps.

Je regarde pour la dixième fois la pièce où nous sommes. Elle est circulaire et doit mesurer cinq ou six mètres de diamètre sur deux de hauteur. Les murs sont en béton, gris en sombres. Seul, le sol est carrelé, d'un blanc immaculé. Il n'y a absolument aucun mobilier, pas même une chaise ; la porte est en fer, tout comme les montants de la fenêtre, dont j'estime les dimensions à 50 centimètres par 20.

Je commence à m'ennuyer. Après avoir expérimenté toutes les façons possibles de passer le temps, je me demande juste combien de temps on va encore devoir attendre, quand la porte s'ouvre pour livrer passage au plus étrange garçon que j'aie jamais vu. Il doit avoir environ dix ans, même si son habit noir le fait paraître beaucoup plus âgé, et sa chevelure mi-longue retient l'attention bien moins par le manque de soin dans la coiffure, que par sa couleur bleue et rouge.

Lorsqu'il entre, Samuel cesse d'arpenter la pièce et se tourne vers lui :

- Quel message apportes-tu ?

- Mona ne tardera pas et présente ses excuses pour son retard. Elle ajoute qu'elle a hâte de rencontrer les nouveaux Apprentis et qu'elle est honorée de faire partie de cet Encadrement.

Il a débité ces deux phrases d'une traite, d'une voix monocorde. Et aussitôt après, il disparait par la porte restée ouverte.

- Ce doit être un... messager, hasarde Nolan.

- Moi je me demande surtout qui est Mona...

Samuel, lui, semble le savoir, car son comportement semble radicalement différent : il va voir d'abord Jo, puis Sara et Karine, à qui il dit successivement quelques mots. Jo retire une bague qu'il porte au doigt et se met à la faire tourner nerveusement entre ses mains.  Sara et Karine cessent de bavarder avec Ombrine, qui vient me rejoindre à la place.

- Tu as appris des choses ? je demande.

- Pas beaucoup. Pas assez pour savoir qui est Mona, si c'est ça ta question.

Nolan se rapproche de nous pour entendre notre conversation à voix basse.

- Ça doit être quelqu'un d'important, vu l'agitation que son arrivée provoque...

- J'entends des pas dans le couloir, intervient Ely en nous rejoignant.

Il tend l'oreille.

- Des pas très lourds.

- C'est bien ce que je disais : quelqu'un d'important !

- No'...!

À cet instant, nous entendons nous aussi les pas. C'est vrai qu'ils semblent appartenir à quelqu'un de très... Volumineux. Massif. Gros, si vous voulez. Nous échangeons des regards curieux. Notre impatience est visible.

Cependant, les pas se font de plus en plus forts. Je perçois l'anxiété des adultes. Samuel arpente la salle de plus belle, Jo continue à jouer avec sa bague, Sara et Karine n'arrêtent pas de nous jeter des regards furtifs, avant de se regarder entre elles.

Toute cette tension finit par déteindre sur moi. Je sens comme une boule au creux du ventre, qui bat au même rythme que les pas qui nous parviennent. Mon coeur, en revanche, s'emballe. Il est rapide et irrégulier. À côté de moi, Ombrine, une main sur les côtes, l'autre sur le ventre, semble se forcer à inspirer et expirer très lentement. Ely mordille fiévreusement son pouce. Nolan garde les mains dans les poches et veut se donner l'air assuré, mais je remarque tout de même qu'il se mord l'intérieur de la bouche. On dirait qu'il veut la manger.

Les pas cessent soudain. Juste devant la porte, semble-t-il.

La tension est palpable.

"Allez, entre, et qu'on n'en parle plus !" je songe furieusement.

Samuel traverse la pièce.

Il ouvre la porte...

[Et voilà !!! Oui j'avais dit que j'allais tout poster très vite. Et oui KuroYaaku j'avais dit que je postais ce chapitre hier soir... Mais c'est pas grave c'est les vacances maintenant je devrais être un peu plus active. J'ai bien dit je devrais.]

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