Elle était là. De toute façon elle avait toujours été là. On n'avait tout simplement pas voulu la voir.
Quand les policiers sont venus, ils lui ont parlé doucement, gentiment. Elle s'était laissée emmener dans ce si petit bureau. Elle avait réussi à lire le mot 《Commissariat》sur le haut du bâtiment. Puis on l'avait laissée - encore une fois - comme quand sa mère était partie ce matin.
Elle lui avait dit bien clairement de ne pas aller sur le balcon ni de jouer dans la cuisine. Elle lui avait aussi dit qu'elle ne tarderai pas à revenir.
Et Jeanne l'avait crue. Elle ne pouvait pas deviner du haut de ses six ans ce qu'il se passerait. Le taux d'anticipation d'un enfant est très peu élevé. Ils vivent un point c'est tout, ils ne pensent pas aux conséquences de leurs actes.Comme le père de Jeanne.
Lui aussi n'avait pas réfléchi aux conséquences de ses actes. Ça s'était vu le midi même de cette journée. Il avait toqué à la porte alors que la mère n'était pas encore revenue. Jeanne avait ouvert, sa mère ne lui avait pas interdit d'ouvrir à la porte. Et puis c'était son papa, elle le connaissait.
Enfin c'est ce qu'elle a cru. Elle a peut-être un peu trop cru ces derniers temps. Comme quand son copain de classe lui a dit que les pinces-oreilles vous dévoraient le cerveau.
Il était alors entré, avait demandé si elle était seule. Elle a répondu que oui et il lui a dit qu'ils attendront sa mère. Alors ils avaient attendu.
Quand sa maman est arrivée, son papa lui a demandé de s'en aller. Dehors ou chez le voisin. Peu importe.
Elle n'était pas partie. Elle aurait peut-être dû. Peut-être.
Elle s'était caché dans la cuisine, derrière le grand meuble. Il y avait eu des cris, des insultes et puis d'un coup plus rien. Un gros 《BOUM》 seulement.Alors Jeanne a regardé. Et Jeanne a vu. Elle n'aurait peut-être pas dû non plus. Peut-être.
Sa maman étendue là, inerte. Un peu de rouge sur le crâne, le haut du crâne. Son papa était déjà parti, avait claqué la porte et était parti.
Jeanne avait fait un câlin à sa maman. Une dernière fois. Sa dernière fois.
Ensuite la police était arrivée et l'avait emmenée dans le 《 Commissariat》.
Ils avaient actionnés les sirènes, comme pour les pompiers. Et Jeanne avait ri. D'un grand rire cristallin et claire. Les policiers s'étaient retournés et avait ris aussi. Un peu tristement mais avaient ris.On lui avait posé pleins de questions. Elle n'avait pas sû répondre à toutes. Ils ne l'avait pas disputée. On l'avait ensuite accompagnée à l'orphelinat. Les gens la regardait avec de la pitié dans les yeux. Elle n'avait pas compris pourquoi.
Elle eu froid en sortant. Ça avait été la même chose que pour sa maman. Elle aussi elle avait eu froid en dormant.
Jeanne est grande maintenant, un peu retardée mais grande. On lui avait dit qu'elle ne serait plus jamais pareille après ce qu'elle avait vu.
Jeanne a du mal à dormir, manger, se doucher...mais surtout à lire et à parler. Et ça Jeanne s'en rappelera toute sa vie du dernier mot qu'elle a sû lire.
《Commissariat》
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Nouvelles romanesques et fantastiques
Short StoryQuelques petites nouvelles qui me passent par la tête de temps à autre. Signalez-moi si mes histoires sont incohérentes ou mal résumée (fautes, erreurs quelconques...) Votez, commentez mais surtout faites vous plaisir en les lisant ;) #365 dans la...