Le voyage

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Ce soir, je pars en voyage en Italie. Avec mon école ils ont organisé cette petite sortie de quelques jours. Je suis super excité à l'idée de vivre cette superbe expérience.

J'ai préparé ma valise et mon sac pour la route. On y retrouve évidemment des bonbons, des chips, des canettes, un chargeur, des mangas et tout plein de choses essentielles pour survivre dans un car. Surtout que le trajet durera toute la nuit voire plus.

En plus, c'est génial car on va se retrouver dans des familles d'accueil typiquement italiennes. On sera trois, Alexandre, Mathieu et moi. J'ai vraiment hâte d'y être. Je revérifie pour la énième fois mes affaires, je suis vraiment nerveux à l'idée d'oublier quelque chose. Je descends les escaliers de chez moi avec ma valise. C'est pas évident mais j'y arrive quand même. Ma mère m'attends dans la voiture. J'embrasse mon grand frère qui va sûrement me manquer, puis mon père. Il m'ébouriffe les cheveux en me souhaitant de passer de bonnes vacances. Je souris en lui promettant de prendre tout plein de photos. 

Je rejoins ma mère et dépose les sacs dans le coffre. En voiture pour aller au collège, ça ne prend même pas beaucoup de temps. A peine cinq minutes.  

On passe devant la boulangerie de mon quartier. Je suis surpris car ma mère s'y arrête quelques instants. Elle revient avec un sachet à la main et me le donne en m'embrassant sur le front. Je l'ouvre pendant qu'elle redémarre. J'en sors un pain au chocolat tout chaud, ma viennoiserie préférée. Je la remercie en souriant à pleines dents. Elle rigole car j'ai perdu une dent il y'a deux jours et que ça se voit quand je fais cette tête. 

On arrive enfin. Un tas de gens son là. On en voit presque plus le car. Je cherche mes amis et surtout Alexandre, il est plus grand et donc plus facile à repérer. Je le trouve et le rejoins en riant quand je vois ses sœurs s'agripper à lui par les jambes. Ce sont des jumelles et elles sont totalement fan de lui. Il soupire et rigole avec moi. On vas vers nos professeurs pour signaler notre présence et déposons nos valises dans la soute.  Nous montons mais ma mère me retiens pour me faire un dernier câlin.  Elle a les yeux mouillés alors je la rassure pour qu'elle ne soit pas plus triste. Elle me laisse repartir et je m'installe dans le fond avec Alexandre.

Au bout de quinze minutes, Mathieu arrive enfin. On le dispute gentiment car il est toujours en retard et que ça a été difficile de garder sa place. Il s'assoit en nous racontant pourquoi il est arrivé si tard.

Les professeurs font l'appel une dernière fois et nous partons enfin. Nos parents nous font des derniers signes et ils disparaissent de notre champs de vision. De là, les âneries commencent et nous crions et faisons des blagues nulles. Il est presque minuit quand certains d'entre nous ressentent le besoin de s'endormir. Pour nous, il est encore tôt mais seuls, c'est moins drôle. 

Nous rejoignons nos places et nous installons pour commencer à dormir quand le car s'arrête. Je sursaute, surpris et regarde par la fenêtre. Apparemment il y'a eu un accident et la route est quasiment bloquée.

Je me rallonge et ferme les yeux. J'avoue être un peu fatigué alors je ne lutte plus.

C'est seulement quelques heures plus tard que nous recommençons à rouler. Un énorme "BOUM" retentit, nous réveillant. Le car est rentré dans une voiture et quelqu'un nous a percutés à son tour.

Je regarde sur ma droite, un ravin très profond et surtout trop proche y est. Des gouttes de sueur froide apparaissent sur mon front. Les filles hurlent pendant que les adultes essaient de les calmer. Un nouveau choc se fait ressentir. Tout le monde a peur et nous ne pouvons pas sortir. Un carambolage commence. Nous nous serrons les uns contre les autres alors que certains appellent leurs parents et leurs amis. Mathieu panique et s'agite, je crois même qu'il pleure. Alexandre regarde les photos de ses sœurs sur son téléphone. Il est totalement déconnecté du monde.

Moi aussi j'ai peur. Je n'arrive pas à regarder ailleurs que par la fenêtre. Ce ravin me terrifie. Si on tombe, on a très peu de chance de nous en sortir. J'ai l'impression que personne n'y a fait attention. Les professeurs appellent les secours mais c'est peine perdue. Le chauffeur ne sait pas quoi faire et l'accident se poursuit. Je suis même quasiment sûr qu'au prochain choc, on basculera dans le ravin. 

Je ne veux pas mourir, pas comme ça, pas maintenant, on n'en ressortira pas. Je pense à mon frère, à ma mère et mon père. Leur amour envers me fend le cœur. J'ai mal, je veux m'en aller. Mes yeux dérivent sur mes amis quand je vois des blessés. Les pleurs s'accentuent, on le sait maintenant, on n'en ressortira pas. Mathieu a l'arcade en sang et un bras cassé tandis qu'Alexandre est carrément évanouis. Je n'en peux plus.

Un dernier vacarme nous parvient. Le car penche sur la droite. C'est la fin, il n'y a plus rien à faire. Tout le monde bascule, poussant ainsi le car dans le ravin à cause du poids. Le car roule sur le côté, plus personne ne garde son calme. Je hurle. Le car touche le fond. Un fracas énorme en ressort. Je tombe violemment en percutant la vitre. Je pense à ma famille et à mes amis. Ils ne bougent plus.

Je ferme les yeux. Soudain je ne ressens plus rien. C'est le vide et le noir.    

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