C'était durant l'automne 1995, les perruches vertes volaient et le vent soufflait. Ses cheveux n'arrêtaient pas de s'emmêler. Qu'est-ce qu'elle était belle... Elle allait avoir dix sept ans, elle était souriante et pleine de vie. On s'était rencontrés dans une verrerie, dans le plus beau zoo de Paris. Elle m'avait avoué adorer les colombes. Je lui avais répondu que je préférais les colibris et elle m'avait sourit.
Un sourire pure, éclatant de joie et de bonté. J'aurais tout fait pour qu'elle garde cette expression collée sur le visage. Tout. Absolument tout.
Notre relation a débuté en été, au mois de juin. On se voyait quasiment tous les jours. Je l'aimais comme un fou. Son rire cristallin, ses fossettes lorsqu'elle souriait...J'aimais absolument tout chez elle, rien ni personne n'aurait pu me convaincre de la laisser de coté.
On se retrouvait au conservatoire près de la gare pour jouer de nos instruments favoris. On formait un duo parfait. Elle au violoncelle, moi au piano. On revisitait ensemble toutes les symphonies possible avec brio. Et à chaque fois qu'on mettais notre passion de coté, elle venait m'embrasser avec tendresse. Et à chaque fois je répondais par la même douceur. Ses yeux pétillaient et son rythme cardiaque s'intensifiait. Je le sentais quand elle posait sa tête sur mon épaule et qu'elle caressait ma joue en s'amusant avec mes cheveux.
Ses passions étaient l'art et la musique cela va de soit. Mais ce qui la passionnait le plus était les oiseaux comme je l'ai déjà dit. Elle les dessinait partout où elle allait, mon dessin préféré est celui qu'elle a fait le jour de notre rencontre. Il me rappelle de si bons souvenirs...
Parfois son odeur de thé à la menthe et la délicatesse de ses traits me manquent. Non. Tout me manque chez elle. On s'amusait tellement bien ensembles... Je l'ai aimé comme jamais. Je l'ai aimé du plus profond de mon être. Je l'ai aimé comme je n'avais jamais aimé personne. Aujourd'hui encore je n'arrive pas à reproduire ces sentiments avec ceux que j'aime. Quand elle est partie j'ai cru devenir fou. Le pire était qu'on me l'avait annoncé comme une évidence. Comme si sa mort était attendue et redoutée de tous.
Et c'était le cas.
Elle ne m'avait rien dit mais elle avait une tumeur. Une tumeur depuis ses quatorze ans. Une tumeur qui l'avait achevée sans que je le sache. Une tumeur dont je ne connaissais même pas l'existence. Une tumeur.
Je me rappelle que ce jour-là était notre anniversaire de quatre mois. J'en étais fière et je comptais lui montrer en lui offrant une magnifique paire de colombes. Des colombes si blanches qu'on les auraient crues descendues du ciel. Elles étaient telles deux anges nous représentant. Mon amour était trop puissant pour que je ne me rende compte que chaque jour avec elle pouvait être le dernier. Je n'en savais rien. Je n'y avais pas fait attention. Mais je l'aimais bordel. Oh oui je l'aimais.
Je rentrais dans son appartement, la cage d'oiseaux dans la main, le sourire aux lèvres. Mais personne ne m'accueillit. Personne ne vint m'étreindre en me glissant des mots doux. Personne. J'avança donc dans le salon vide et y intercepta un appel sur son téléphone fixe. C'était un appel de sa sœur qui disait s'inquiéter pour sa maladie et qui lui signalait sa venue. Elle avait aussi précisé l'adresse de l'hôpital où résidait à présent mon aimée.
J'ai couru jusqu'à l'adresse indiquée après avoir laissé les perruches chez elle. Le souffle court, j'arriva à l'accueil, devant une infirmière désagréable. Elle m'indiqua non pas s'en se plaindre de ma venue qu'elle jugeait bien trop "tardive". C'est là que je la vis pour la dernière fois.
Elle était morte. J'étais arrivé trop tard. Pour quelques secondes à attendre l'ascenseur ou à parler à cette femme un peu trop imbue d'elle-même, je l'avais raté. Elle était là, allongée sur le lit plus belle que jamais. Sa famille la pleurait tandis que son médecin m'expliqua ce qui lui était arrivé. Elle avait fait un AVC durant l'opération.
Morte.
Ce n'est que quelques mois plus tard que j'ai découvert une lettre dans son tiroir. Elle était dissimulée entre un vieux cahier à dessin et un mouchoir. Je me suis alors mit à la lire. Et ce que j'y ai lu m'a dévasté tout comme il m'a fait du bien.
" Chère famille, amis et proches,
Pour la plupart vous saviez que j'allais bientôt mourir et même si vous devez très certainement me pleurer, vous y étiez préparés. J'écris ces mots pour me donner bonne conscience tout autant que pour vous soulager. Cela nous sera bénéfique à tous de lire ces quelques lignes sur ce petit bout de papier vieillit par les années à traîner dans mon tiroir. C'est bien pour ça qu'il s'y retrouve aujourd'hui encore au moment où je le range.
Maman, Papa, Petite Sœur, je vous aime sachez-le. Je me suis enfuie car je n'en pouvais plus d'être maternée et de rester enfermée dans ma chambre à m'ennuyer. Je voulais vivre ma vie comme je l'entendais sans contraintes ni règles. Si je ne vous ai donné de nouvelles que maintenant c'était parce que je ne voulais plus vous voir vous effondrer sous mes yeux. Encore des larmes, encore des cris...Je ne pouvais plus m'imposer tout ça.
Mes amis, je vous remercie de votre discrétion à propos de ma maladie. Je vous remercie de n'avoir rien dit et de ne m'avoir empêché aucune activité sous prétexte que c'était dangereux pour ma condition. Je vous remercie de m'avoir fait rire et de m'avoir fait pleurer durant ces deux ans. Je vous aime plus fort que tout.
Mon aimé, je sais que cette situation doit être incompréhensible et amère. Je sais que c'est toi qui me lira le premier. Et je sais que jusqu'à ce que tu ai trouvé cette lettre tu n'auras versé aucune larme. Je ne t'en veux pas rassure toi. Je t'aime tout autant que tu m'as aimé. La violence des battements de mon cœur durant nos étreintes t'auront prouvés mes dires. Je ne t'ai pas dit la vérité car je ne voulais pas te perdre ni que tu devienne comme les autres : c'est-à dire surprotecteur. Tu m'as fait ressentir tellement de bien, tellement de joie et de bien-être. Tellement d'amour. Je vais mourir dans quelques heures, je ne veux pas que tu t'inquiètes même si c'est ce que tu as dû faire. Je voulais que tu saches que en cette période d'automne, en cette période où le vent brûle nos joues jusqu'à les faire devenir rouges, je t'aime. Je t'aime, ne me regrette pas je t'en supplie mon amour. Je ne veux pas te savoir triste.
A jamais. Je vous aimes, ne vous faites pas trop de soucis pour moi. "
Elle n'avait pas signé mais cela ne faisait aucun doute que cette lettre provenait d'elle. Je me suis senti anéanti tout comme soulagé. Dans le fond, elle avait été heureuse grâce à moi et l'amour que je lui portais. J'ai donc donné la lettre à ses parents et ai vendu l'appartement dans lequel nous vivions. J'ai tourné le dos à ma tristesse car elle ne voulait pas que je la regrette. Je l'ai écoutée et suis allé de l'avant.
Je l'aimais putain, je l'aimais.
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Nouvelles romanesques et fantastiques
Short StoryQuelques petites nouvelles qui me passent par la tête de temps à autre. Signalez-moi si mes histoires sont incohérentes ou mal résumée (fautes, erreurs quelconques...) Votez, commentez mais surtout faites vous plaisir en les lisant ;) #365 dans la...