Chante encore

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Je lève la tête et observe le ciel, c'est si beau... Je la rebaisse et fixe mes chaussures, il y a une tâche. Elle est laide cette paire de toute façon. J'ai les cheveux en bataille et des guenilles sur moi, pourquoi cette tâche me dérangerait-elle?

Je relâche l'air coincé dans mes poumons et soupire. Je suis fatiguée, depuis quand n'ai - je pas mangé? Je ne sais plus...deux, trois jours peut-être ?  Je peux tenir plus, tout va bien. Tout va toujours bien, ça ne changera rien de vouloir y faire quelque chose.

Je marche sans m'arrêter, parmi tous ces gens, je suis invisible. Comme une araignée, je suis tapie dans l'ombre, et comme telle, je fais peur lorsque je m'expose.

Les étoiles au dessus de ma tête brillent si fort que j'en ai mal à la tête. Tout le monde est émerveillé, je ne vois pas pourquoi. Ce n'est qu'un amas d'autres planètes aussi pourries que la nôtre. Il n'y a pas de quoi rêver.

Moi aussi un jour j'aimerai partir, partir loin et vraiment. Faire mes propres choix sans en subir les conséquences. C'est malheureusement impossible. Je m'y suis faite, cela ne me gêne plus.

Coincée dans un trou noir, je me laisse aspirer.

Mon souffle se coupe, je n'arrive plus à respirer.

Cette bouche de métro me fait voyager le jour, la nuit.

Elle m'aspire dans ses ténèbres, couvrant de ses rails mon cri.

Les passants m'observent chanter et me tendent des pièces. Je les remercie d'un grand sourire et m'en vais.

Il fait tard, il fait sombre, il n'y a plus de Lune ni d'étoiles. Il ne reste que les nuages emplis de larmes, d'acide ou bien de haine.

Peut-être qu'une pluie d'acide serait plus agréable que de passer encore la nuit dehors? Je ne sais plus, mais que sais-je encore?

Tout cela ne m'importe plus, je suis libre et comme tous les jours, je vais me promener jusqu'à grelotter, jusqu'à ce qu'un homme vicieu s'approche de moi et me fasse des avances. Jusqu'à ce que je hurle en riant, que des larmes de joie parsèment mon visage et le recouvrent.

C'est seulement à ce moment - là que je me mettrai à réfléchir au pourquoi du comment j'en suis arrivée ici. Dans cette rue, ce parc ou ce jardin.

Tu étais mon berger, moi petit agneau isolé...

Tu étais mon appui, mon ami, mon soutient...

Tu m'as laissée tomber, laisser m'écrouler,

Quand est-ce que je reverrai se tendre ta main?

De petites larmes s'échappent et coulent de mes yeux. Elles réchauffent mes joues et humidifient mes lèvres, je les sèche et me remet à courir.

Ce soir, je chanterai dussais-je en perdre la voix, ce soir, tout le monde m'entendra. Au moins une fois, juste celle - là.

Parce que tu n'as pas su me dire quoi faire,

Parce que tu n'as fait que me jeter la pierre,

Ce soir, je hurlerai toute ma peine, toute ma haine.

Mais sache que dans le fond, je t'aime quand même...

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