Vampire's Horde

Chapitre 1

La nuit tombait lentement sur l'hôtel particulier dressé en plein cœur de la ville. Les ruelles étroites s'assombrissaient pendant quelques secondes, avant que les éclairages électriques, n'illuminent à nouveau les sols pavés de leurs lumières jaunes.

Mon regard se perdait au loin. J'observais le soleil se cacher derrière l'horizon, il inondait une dernière fois le ciel de reflets rougeoyant et rosé. C'était certainement la chose qui me manquais le plus depuis que j'étais devenue une vampire, depuis que la mort coulait dans mes veines. Pouvoir sortir à la lumière du jour, sentir la douce chaleur du soleil caresser ma peau, le souffle rafraîchissant du vent faire voleter mes longs cheveux blonds dans les airs.

Je me levai du confortable fauteuil Louis XV sur lequel j'étais assise et m'approchais lentement de Théodore. Il était si beau, avec son regard bleu étincelant, plongé dans la lecture du Portrait de Dorian Gray et quelques mèches de ses cheveux blonds ondulés, délicatement posé sur front.

J'enroulais mes bras autour de son torse nu et musclé. La peau froide de mon buste dénudée, se colla à la sienne tout aussi glacé.

Lui aussi était un vampire, âgé de plusieurs siècles. Moi je n'avais que vingt ans et n'étais une vampire que depuis quelques mois. Théodore m'a transformé pour me protéger, me sauver de la mort, bien que je n'ai aucun souvenir de ma vie d'avant, ni de mes premiers jours en tant que... morte. Mais c'était peut-être mieux ainsi finalement.

— Mon amour, il est temps d'aller se nourrir ! chuchotai-je à l'oreille de mon cher et tendre entre deux baisers sur la peau de son cou.
— La soif ne brûle pas encore ma gorge, je peux tenir quelques jours de plus, souffla-t-il de sa voix grave.
— Comme tu veux, lui lançai-je en caressant son dos du bout de mes doigts.
— Alyce, fais attention, j'ai un mauvais pressentiment ce soir...

Je tirai de ma valise encore emballé, quelques vêtements relativement classiques. Je couvris mon corps d'un jean slim noir à la taille haute et d'un haut blanc au large décolleté. J'enfilai une paire de bottines à talons, posai sur mes épaules un manteau de cuir noir, si long qu'il caressait presque le sol. Enfin, je plaçais la large capuche sur ma tête, ne laissant dépasser que mes longs cheveux blonds, tombant telle une cascade dorée jusqu'à mes hanches.

Je sortis de la chambre, traversai le long couloir au décor luxueux pour rejoindre la pièce principale de l'hôtel particulier. Ce grand salon était envahie par une vingtaine d'adolescentes. Elles avaient toutes environ dix-huit ans lorsque quelques mois plus tôt, elles avaient été transformées en vampires. Elles avaient été utilisés pour les basses besognes de leur créatrice, avant d'être finalement abandonnée.

Avec Théodore, nous les avons sauvée de la servitude et d'une probable errance sanguinaire en les prenant sous nos ailes. Elles entendirent le bruit de mes pas résonner sur le parquet grinçant et se rassemblèrent. Toutes les jeunes femmes se turent et se tournèrent vers moi.

— Mes sœurs, il est l'heure d'assouvir notre soif ! lançai-je un sourire aux lèvres sous leurs acclamations. Avant que nous ne sortions, je vous rappel les règles ! On ne tue pas notre proie, on ne prélève que la quantité de sang nécessaire à notre survie et on lui fait oublier notre rencontre, leurs dis-je d'une voix grave et posé, mais autoritaire.

***

Nous sortîmes du riche hôtel particulier, c'était l'une des nombreuses propriétés amassé par Théodore au cours de sa longue vie et descendîmes les marches de l'escalier qui trônait devant l'entrée. Mes sœurs se séparèrent, on partait toujours chacune de leurs côtés, pour plus de discrétion. La chasse pouvait commencer.

Assise dans l'ombre sur le toit d'un vieil immeuble, j'observais mes amies de mon regard vert, telle une gargouille en pierre gardant un œil protecteur sur les siens. L'une d'elle était particulièrement douée et maintenait déjà fermement sa proie de ses crocs pointus. Elle s'appelait Jade, comme la pierre précieuse. Elle était d'origine japonaise, elle avait de long cheveux noirs et lisses s'arrêtant au bas de son dos. Si sa frêle carrure pouvait la faire passer pour fragile, il n'en était en réalité rien, elle savait au contraire très bien se servir de ses poings et de sa force pour arriver à ses fins.

Lorsque Jade fut rassasiée, l'adolescente se concentra pour faire oublier ce moment à sa victime. La morsure de vampire libérait un venin dans le sang de notre proie, en atteignant le cerveau, il permettait au prédateur de contrôler la volonté de sa victime.

À quelques mètres de là, Rebba, la plus âgée du groupe du haut de ses dix-neuf ans, jouait avec sa longue chevelure châtain, séparée par une raie au milieu de sa tête et coiffé en deux longues tresses. La peau claire de son visage était marquée par des cernes sombres qui donnaient un air mélancolique à ses yeux noirs. Elle attendait que la victime idéal ne passe devant elle, tout en tirant quelques bouffées de fumée blanche sur sa cigarette.

Plus loin, Kara, une magnifique métisse à la chevelure bouclée et volumineuse tentait d'isoler une proie parmi un groupe d'amis alcoolisés.

La vue de toutes mes sœurs en train de se nourrir fit grandir la faim dans mon ventre. Une sensation de brûlure s'empara de ma gorge, la sensibilité de mes lèvres s'accentua en même temps que mes canines s'allongeaient dans ma bouche. Je sautai de mon perchoir et atterris en douceur dans une ruelle peu éclairée.

Tapie dans l'obscurité, je guettais le bruit de pas des passants. L'un d'eux approchait, je pouvais entendre ses chaussures frapper le sol pavé de la rue aussi distinctement que s'il avait été à quelques centimètres de moi. Son ombre grandissait sur les pavés de la ruelle. Je me tins prête et bondis sur ma proie. Je le bloquai contre le mur de pierre et agrippai son cou. Mes crocs se plantèrent sa chair, je me délectais de ce précieux sang délicieux et enivrant, qui emplis ma bouche de sa excise et s'écoula dans ma gorge.

J'essuyai mes lèvres ensanglantées du revers de ma manche, avant d'envoyer un ultrason dans les airs pour prévenir les autres qu'il était l'heure de rentrer.

***

Discrètement posté à quelques mètres de cette scène, Romuald observait la vampire se nourrir ce de pauvre homme. Il laissa cette créature terminer son repas sans qu'elle ne se doute d'être espionné.

L'homme suivi cette vampire jusqu'à sa demeure, mais prit garde de rester à une distance suffisante pour ne pas se faire repérer. Il observa dans l'obscurité le rassemblement de ses monstres, elles entraient dans un hôtel particulier. Il sortit son téléphone.
— Patron, j'ai trouvé un groupe de vampire ! Elles sont une vingtaine, il va falloir nous des renforts.

***

La nuit régnait en seule maître sur la ville depuis de nombreuses heures maintenant. La lune éclairait de ses faibles rayons, les toitures de tuiles scintillantes. Malgré le calme ambiant, je me réveillai en sursaut. Mon corps était couvert de sueur, mon cœur battait à toute vitesse dans ma poitrine. Comme toutes les nuits, j'étais réveillés par des cauchemars, des brides de souvenirs de ma vie d'avant me revenaient, mais vague, flou et imprécis. Je n'avais plus de souvenir de cette période, seulement quelques images brouillés et Théodore. Je ne l'avais pas oublié lui.

Ma mort hantait mes rêves, tourmentait mon esprit. J'étais allongée sur une table dure et froide, je sentais la lame brûlante transpercer ma peau, traverser mon cœur.

Un frisson parcouru mon corps lorsque mes oreilles entendirent un bruit étouffé résonner au rez-de-chaussée. Je me levai, pensant que l'une de celles que je considérais comme mes sœurs, avaient fait le mur. Je traversai le couloir, m'approchait des escaliers en silence. À quelques mètres des marches, une main se plaqua contre ma bouche. Je fus tiré en arrière et bloqué contre le mur.

— Chut, chuchota Théodore en posant un doigt sur ses lèvres avant de me libérer.
— Qu'est-ce qu'il se passe ? soufflai-je tout bas.
— Nous sommes attaqué. Ils sont armés, ils sont venus pour nous tuer !