Chapitre 11

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Le tonnerre grondait. La foudre déchirait le ciel d'une cicatrice de plasma blafarde. Les gouttes de pluies s'abattaient lourdement sur le couvent, frappaient et explosaient sur le toit vétuste.

— Non tu ne peux pas être ici ! Tu es... Je t'ai... m'écriai-je haletante, confuse.
— Tu as quoi Alyce ? Tu as bu jusqu'à la dernière goutte de mon sang, tu as vidé mes veines, tu as desséché mon corps, tu m'as enfermé dans un vieux cercueil, laissé pourrir seule dans l'obscurité.
— Ce n'est pas ce que je voulais...
— Tu voulais quoi, Alyce ! hurla-t-elle en avançant son visage à quelques centimètres du mien. Combien de temps tu m'aurais laissé dans cette boite !
— Je...

— Kara, les autres nous attendent, lui lança Mylla en surgissant de l'obscurité du couloir.
— C'est toi... soufflai-je sans voix en posant sur elle un regard emplie de larme.

Les deux vampires me laissèrent seule au milieu du long corridor sombre et froid. Elle s'élancèrent vers la grande salle où Mylla avait réunis tous les autres autour de la table de bois.

— Qu'est-ce qu'elle fait là ? Elle nous a trahie ! s'écria Rebba en se levant de sa chaise et posant son regard sur Kara.
— Rebba attends ! La traîtresse n'est peut-être pas celle que l'on croit. J'ai parlé avec Maxence, il m'a assuré que les chasseurs n'avaient pas fait appel à un vampire.
— Et tu le crois, après qu'il nous ai envoyé dans un piège ! s'opposa Jade.
— Vous ne comprenez pas ! Kara, dis leurs ce que tu as découvert !

— Non ! intervins-je en émergeant du couloir sombre. C'est à moi de le faire !

Je traversai la pièce lentement et me stoppa devant la grande table.

— Mylla dit vrai, Kara ne nous a pas trahie. Je vous ai menti, commençai-je en baissant la tête. Comme vous le savez, je n'ai que quelques brides de souvenirs, des images flous de mon passé. Cette nuit là, j'ai eu une vision... un souvenir de moi lorsque j'étais encore humaine. Je tenais dans mes mains couvertes de sang, un long couteau. Je l'avais tué...
— Alyce, nous regrettons toutes d'avoir fait certaines choses par le passé, mais nous ne sommes plus les mêmes personnes aujourd'hui ! lança Rebba.
— Non, tu ne comprends pas. Cet homme que j'ai tué, c'est... c'est Charles, le fils d'Armand... Je ne sais pas comment c'est possible, mais j'en suis certaine, au fond de moi je sais que c'est lui. Tout ce qui s'est passé est de ma faute, la traque des créatures surnaturelles, la mort de nos sœurs, l'enlèvement de Théodore, tout, révélai-je des larmes coulant de mes yeux. Kara m'a vue... Elle a comprit ce que j'avais fait, j'avais tellement honte, tellement peur de votre réaction que j'ai perdue le contrôle...

— Alyce, je... tu... tu aurais dû nous le dire, nous sommes tes amies, nous sommes tes sœurs ! fit Rebba stupéfaite.
— Je m'en voulais tellement...
— On ne peut pas changer ce qui a été fait, mais on peut empêcher les chasseurs de faire plus de mal. On y arrivera pas sans toi, dit Liam.
— Quoi ? Elle m'a fait enfermer dans un cercueil ! s'opposa Kara. Et on va faire comme si il ne c'était rien passé.
— Tu as dormis pendant deux jours ! C'était injuste, mais on ne peut pas risquer de perdre notre guerre contre les chasseurs pour ça ! rétorqua séchement Rebba.
— Et vous ? Vous en pensez quoi ? demanda Liam en posant son regard sur les jeunes femmes restées silencieuses.
— Je... je ne sais pas si on peut toujours te faire confiance... murmura Jade ne pouvant me regarder dans les yeux.
— Je suis vraiment désolée Kara, pour tout ce que je t'ai fais. Vous êtes mes sœurs et je ferais tout pour regagner votre confiance !

Elles gardèrent la tête baissée, ne se jetant que quelques regards.

***

La nuit allait bientôt envelopper le couvent de son obscurité libératrice. Les éclairs déchiraient encore le ciel nuageux, mais la pluie avait cessée.

Mylla sortie de sa chambre sur la pointe des pieds. Elle se faufila sans un bruit, jusqu'à la cellule de Maxence et y entra discrètement.

— Qu'est ce qu'il y a ? Tu as l'air triste ! lui demanda-t-il en remarquant sa mine fermé.
— Je suis perdue... Tu avais raison pour Kara, elle ne nous a jamais trahie ! C'est Alyce qui a voulu nous le faire croire pour cacher son sale secret ! répondit-elle la voix emplie de colère.
— Que pouvait-elle avoir de si grave à cacher ?
— Je ne peux pas te le dire...
— Pourquoi, je ne risque pas de le répéter à quelqu'un ici, fit-il en parcourant sa cellule vide du regard.
— Tu n'as pas tort. Alyce nous as avoué que c'était elle qui avait tué Charles. Tout ce qui arrive est de sa faute...

— Elle a... commença-t-il avant de s'arrêter. Comment ont réagit les autres ?
— Presque comme si de rien n'était. Kara est en colère, mais ça va lui passer, comme toujours. Je ne sais plus quoi faire, je ne sais plus en qui je peux avoir confiance...
— Tu peux avoir confiance en moi, lança le jeune homme en plongeant son regard charmeur dans les yeux de la vampire.
— J'ai l'impression qu'on est tous les deux prisonniers ici.
— On pourrait s'enfuir, nous échapper, partir loin de cette guerre qui ne nous concerne pas. Tous les deux, ensemble.
— Tu le pense vraiment ?
— Oui, on pourrait aller vivre à la campagne, avoir une petite maison, des animaux...

Mylla ne pouvait résister à ses belles paroles. Ses lèvres s'approchèrent, leurs bouches se rencontrèrent, leurs langues se mêlèrent.

***

Le couvent trembla tout entier lorsqu'un violent coup de tonnerre gronda dans le ciel.

À la table de la grande salle Jade, Calliopée et Cassiopée partageaient une bouteille de vin rouge.
— Je suis soulagée de votre retour ! fit Jade en prenant et serrant la main de Cassy entre ses doigts.
— Ça fait du bien d'être de retour, même s'il manque beaucoup de nos sœurs... répondit Cally en baissant la tête.
— On ne s'arrêtera pas avant de les avoir vengé. Avant que tous ses enfoirés de chasseurs ne soient morts.

— Il y'a un nouveau dans la horde, fit-elle pour changer de sujet.
— Liam, c'est un loup-garou. Il nous a aidé à tuer Romuald et depuis il est resté avec nous.
— Il est plutôt pas mal, souffla-t-elle en prenant une gorgée de vin.
— Désolé pour toi, mais il couche déjà avec Rebba. Ils pensent être discrets, mais tous le monde les a grillé depuis le début.

Les deux sœurs finirent par rejoindre leur chambre, laissant la belle asiatique finir son grand verre de vin seule.

La porte grinçante de la cellule s'ouvrit sur Mylla. Elle jeta un regard dans le couloir sombre, vérifia que la voie était libre. Elle fit signe à Maxence de la suivre.

Main dans la main, ils traversèrent l'obscurité. La grande porte du couvent, symbole de leur liberté était illuminé sous les rayons scintillants de la lune. Ils étaient si proche, si près de la sortie, lorsque des pas résonnèrent derrière eux.

— Où est-ce que vous aller ? s'écria Jade en sortant son sabre argentés de son fourreau dans un grincement métallique.
— Je suis désolée Jade, je ne peux pas rester ici plus longtemps, répondit Mylla. Je n'ai plus confiance en Alyce, je n'ai plus ma place parmi vous, dans cette horde !

Elle leva son bras devant elle, pointa l'arbalète accrochée à son poignet sur la vampire qui lui faisait face. Elle tira, la fléchette de métal siffla dans les airs droit vers la tête de Jade. Elle évita le projectile en se jetant sur le côté, mais la flèche lui transperça l'épaule droite.

Un hurlement enragé s'échappa des lèvres de la vampire aux longs cheveux noirs. Elle s'élança jusqu'aux fugitifs. Maxence passa l'encadrement de la porte, mais pas Mylla pourtant juste derrière lui. Il se retourna, une longue lame argenté transperçait la poitrine de la jeune femme.

— Cours, sauves-toi ! souffla-t-elle en tombant à genoux sur les dalles de pierres.

Maxence hésita quelques instants, son regard plongé dans les yeux bleus de Mylla, avant de s'enfuir dans la nuit. Il courra aussi vite que ses jambes le lui permettait.

Vampire's HordeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant