Chapitre 2

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Mon regard de la couleur de l'émeraude se plongea dans les grands yeux de Théodore.
— Qui nous attaque ? Pourquoi ? soufflai-je tout bas.
— Je ne sais pas, mais on ne va pas se laisser faire !
— Allons réveiller les filles !

Le couple s'élança dans le couloir sombre. Sans le moindre bruit, ils entrèrent dans la grande chambre de l'édifice, transformé en dortoir.
— Mes sœurs réveillez-vous, nous sommes attaqués ! m'écrirai-je.

Dans l'obscurité de la nuit, une cinquantaine d'hommes avaient envahit l'hôtel particulier. Armées de revolvers anciens et vêtus d'élégants costumes de style vingtième siècle, ils se déployèrent dans le rez-de-chaussée. Ils ne trouvèrent personnes à cette étage du bâtiment et se regroupèrent dans la grande entrée. Ils avancèrent en formation vers l'imposant escalier et le gravirent lentement, marche après marche.

Lorsque le premier homme posa son pied sur le palier, toute la demeure se mis trembler dans un grondement sourd. Telle une horde sauvage et sanguinaire, mes vampires se jetèrent sur ces intrus. Elles transpercèrent leurs cous de leurs crocs pointus, brisèrent leurs nuques de leurs force surhumaine, arrachèrent leurs cœurs de leurs poitrines.

— Tirez ! ordonna Romuald à ses hommes.

Une vague déferlante de balles atteignit les adolescentes. Ce n'était pas les classiques balles de métal, inoffensives pour nous autres vampires, mais de longues et larges balles en chêne, semblables à de petits pieux. L'un d'eux se planta dans mon bras. Une violente douleur, une brûlure au plus profond de ma chair pulsait sous ma peau et paralysait mes muscles.

Mais je ne pouvais m'en préoccuper, sous mes yeux, bon nombre de celles que je considérais comme des sœurs étaient touchées elles aussi. Elles s'écroulaient une à une sur le sol, paralysée par la douleur infligée par les balles, à la merci de nos ennemis. Je ne pouvais les laisser ainsi, seules et sans défense, dans l'attente d'une mort douloureuse.

Je fis signe à Rebba de me rejoindre. Ensemble, on se fraya un chemin entre les soldats. Mais lorsque nous arrivâmes devant nos amies, un homme qui semblait être leurs chefs, se dressait devant les blessées. Il tenait fermement dans sa main, un pieu de bois.

D'un geste rapide et maîtrisé, il planta son arme en plein dans le cœur de l'une des adolescentes vampires. Sous mes yeux troublés par les larmes, le corps de ma sœur se teinta d'un gris terne, se solidifia en une statue de marbre sans éclat, avant de disparaître dans un tas de cendre.

Un hurlement de rage et de douleur jaillit de nos gorges. On s'élança vers l'homme qui brandissait fièrement ce pieu ensanglanté. Il fit signe à ses hommes de finir le travail avec les autres vampires étendus sur le sol, tandis qu'il s'approchait de nous en réarmant son révolver.

— Je m'occupe de lui, lançai-je à Rebba d'un ton déterminé. Toi, protège les blessées.
— Kara, Mylla, Jade avec moi, cria Rebba en s'élançant sur l'un des hommes. Ne laissons pas ses connards s'en sortir.

Je fixais Romuald. Un sourire arrogant barrait le visage prétentieux de celui-ci, alors qu'il pointait son canon sur moi. Je n'avais qu'une envie, lui arracher la gorge, pour ce qu'il avait fait à mon amie. Je me forçais à réprimer mes pulsions, du moins pour l'instant, je devais en savoir plus sur ces hommes.

— Qui êtes vous ? Qu'est que vous nous voulez ? m'écriai-je en serrant les poings.
— Mon nom est Romuald. Nous sommes des chasseurs, nous traquons les créatures surnaturelles, les monstruosités de la nature tel que vous et nous les exterminons ! scanda-t-il avec une certaine fierté.
— Je te souhaites bien du courage pour ça, hurlai-je en me projetant dans les airs, bondissant de plusieurs mètres.

D'un geste, j'envoyai mes longs ongles tranchants déchirer la joue de l'homme. Il tenta de m'atteindre de son arme, mais j'étais plus rapide. Je lui assenai un puissant coup de poing en plein ventre. Il fut projeté contre le mur.

Tout près de moi, Rebba brisait la nuque de l'un des chasseurs en hurlant de rage, mais ils étaient bien trop nombreux et bien mieux entraînés que nous. Essoufflées, Kara, Jade et Mylla la rejoignirent, mais les quatre vampires, que j'avais chargés de protéger leurs sœurs blessées, ne pouvaient toutes les sauver. Leurs corps disparaissaient un à un dans un nuage de cendre.

Elles voyaient nos amies mourir, nos sœurs devenir poussière. Elles étaient encerclées, elles n'avaient plus d'issues. Les chasseurs se rapprochaient d'elles, ils brandissaient leurs pieux déjà taché du sang des nôtres.

Les soldats allaient abaisser leurs armes, s'apprêtaient à planter les longs morceaux de bois dans leurs poitrines, lorsque Théodore surgit derrière eux. Il brisa la nuque de l'un d'eux, fracassa de son poing le visage d'un autre. En un geste d'une rapidité extrême, le vampire attrapa le revolver de l'un des chasseurs et lui tira une balle en pleine tête. Il retourna l'arme vers les autres hommes qui entouraient les adolescentes et les abatta les un après les autres.

— Théodore ! Derrière-toi ! lui hurla Rebba.

Il ne pu se retourner à temps. Romuald, dressé derrière lui, lui asséna un puissant coup de taser dans le cou. La violente décharge électrique assomma Théodore, son corps s'écroula sur le sol. Quelques chasseurs l'empoignèrent par les épaules et emmenèrent le vampire inconscient. Quelques mètres plus loin, un groupe de chasseur en faisait de même avec deux des nôtres et les emmenaient vers les portes de l'hôtel particulier.

Rebba, Jade, Mylla et Kara protestèrent, elles tentèrent de les arrêter, mais nos ennemis jetèrent une grenade devant elles. La puissante explosion les projeta au sol, plusieurs mètres plus loin, elle brula aussi la surface de leurs peaux et brisa quelques-uns de leurs os.

Mon regard se posa sur l'être que j'aimais, prisonnier de ces hommes. Je ne pouvais le laisser m'être enlevé, m'être arraché de la sorte. Une force sauvage, brute, s'empara de mon corps. Je sautai sur le premier chasseur à ma porté, lui brisai la nuque avant de faire basculer son corps par dessus la balustrade des escaliers. Je déchiquetai la gorge du suivant d'un coup de mes longs ongles tranchants, sautai sur un autre de ces hommes et brisai sa nuque dans un craquement d'os qui résonna dans la grande pièce.

Je massacrais un à un chacun des chasseurs en travers de ma route. Mes yeux étaient ivres de rage. Je sautai les dernières marches et courus vers la grande porte. Mais, il était trop tard, ils étaient partit, engloutit dans l'obscurité de la nuit. Les rayons argentés de la lune éclairait faiblement la rue déserte, comme pour me rappeler mon échec.

Je voulus les suivre, traquer leurs odeurs et les massacrer, mais les gémissements de ses sœurs résonnèrent à l'intérieur. Cette décision fut la plus difficile que je n'ais jamais eu à prendre de toute ma vie.
— Je te retrouverais mon amour. Ils payeront de leurs sangs pour ce qu'ils nous ont fait, je te le jures... promis-je aux étoiles en refermant la porte sur la nuit.

Je me retournai, Rebba et Jade achevaient les derniers chasseurs abandonné par les leurs et s'abreuvèrent de leurs sangs.
— Combien ? demandai-je la voix étouffée, redoutant se chiffre morbide.
— Dix-sept, lâcha Kara d'un ton grave. Il ne reste que nous cinq...
— Ils ont prit Théodore et les jumelles, ajouta Mylla en séchant les larmes qui coulaient sur ses taches de rousseurs.

Un soupir traversa mes lèvres.

— Nous les sauveront et nous vengerons les nôtres ! m'écriai-je d'un ton déterminé.
— Comment ? Ils sont déjà loin maintenant, ils ont disparu dans la nuit...
— J'ai blessé leur chef, j'ai senti l'odeur de son sang, je pourrais le traquer où qu'il soit. Je le retrouverais !
— On ne peut pas rester ici, il faut partir, intervint Rebba. Ils savent où on habite, ses chasseurs vont revenir, plus nombreux... On a déjà perdu trop de monde, on ne fera pas le poids s'ils reviennent.
— Tu as raison, Théodore m'a parlé d'un endroit, il possède un ancien couvent à la sortie de la ville. Il y a entreposé tout un arsenal d'armes, lançai-je.
— Dépêchons-nous, le jour va bientôt se lever, nous lança Jade.

Vampire's HordeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant