Chapitre 5

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Les gouttes de pluies scintillaient sous les rayons argentés de la lune qui tombait sur le sol ensanglanté. Plusieurs semaines s'étaient écoulées depuis l'enlèvement de Théodore et des jumelles. Nous n'avions eu de cesse de traquer les chasseurs, mais les pistes manquaient et le temps filait si vite...

Je ne renonçais pas à retrouver Théodore, je ne renoncerais jamais tant que la mort coulerait dans mes veines. Je m'entraînais sans relâche au combat à main nu, armée de mon poignard et au tir, tous les jours, toutes les nuits.

Ce soir là, je ne manquai aucun de mes tirs. Les corps de chasseurs s'amoncelaient sur les dalles de béton du toit sur lequel nous combattions. Ils mouraient les uns après les autres sous la lame tranchante de Jade ou la lourde hache de Rebba.

Malgré tout, il n'y avait que peu de nos ennemis dans ce petit repère et très vite, trop vite, il ne resta plus qu'un seul chasseur. La vampire armée du sabre s'avanca vers ce jeune homme et le fit reculer jusqu'à la rambarde de métal entourant le toit.

Elle allait abattre sa lame sur son crâne, mais je m'interposai.
— Non, ne le tue pas ! Il pourrait nous être utile, criai-je, stoppant l'exécution de sa pulsion meurtrière.
— Qu'est-ce que tu veux qu'on fasse de lui ? lança Jade.
— Ramenons-le au couvent, on va le faire parler.

Rebba l'assomma d'un violent coup du manche de sa hache.
— Il ne nous dira rien, aucun d'eux ne le fait ! la contredit Jade.
— Il parlera ou on le mordra.
— Ça n'a rien donné avec les autres, ces chasseurs sont au bas de l'échelle, ils ne savent rien d'important.
— Peut-être, mais on tue ces enfoirés depuis des semaines et on avance pas ! On doit essayer encore.
— C'est toi le boss, souffla Jade.

Nous nous élançâmes dans la nuit pour rejoindre le reste de la horde, emportant avec nous le corps inconscient du chasseur.

À notre arrivé dans le vieil édifice religieux, Liam s'entraînait sur un mannequin de bois dans la grande salle du couvent. En entendant la porte s'ouvrit dans un grincement strident, il donna un dernier coup de poing, arracha la tête de bois qui roula sur le sol de la pièce.

Ses muscles gonflés par l'effort, luisaient sous les faibles lumières orangés des vielles appliques poussiéreuses. Ses pectoraux recouverts de sueur se soulevaient à chacune de ses respirations, dessinant d'autant plus ses abdominaux. Le short de jogging qu'il portait pour seul vêtement était trempé de transpiration, le tissus collait à sa peau.

Du coin de l'œil, je remarquais le regard de Rebba, elle contemplait depuis de longues secondes le corps musculeux de cet apollon. Elle pouvait sentir la chaleur de sa peau réchauffer son corps tout entier. Il lui arrivait même parfois, de penser à lui lorsque dans la solitude de ses draps, elle ne parvenait pas à s'endormir. Elle souffla en tirant sur le col de sa courte chemise, qui s'arrêtait quelques centimètres au-dessus de son nombril.

— Qui c'est celui là ? demanda Liam en attrapant une serviette.
— C'est un chasseur, on la capturé pour lui soutirer des informations, répondis-je détournant mon regard de Rebba.
— Installe-le sur une chaise, on va l'attacher avant qu'il se réveil.

Le regard embrouillé, une violente douleur pulsait au sommet de son crâne, les poignets serrés par une corde et fermement attachés dans le dos, le jeune chasseur émergea lentement de l'inconscience.

— Où suis-je ? Qu'est-ce que vous m'avez fait ? s'écria-t-il en se débattant, haletant de colère.
— On ne t'a rien fait, enfin pour l'instant... fis-je avec un sourire. Il ne t'arrivera rien si tu nous dis ce que l'on veut savoir ! repris-je d'une voix douce.
— Si je vous parles, ils me tueront !
— Si tu ne parles pas, c'est nous qui te tuerons ! cria Jade en le menaçant de son sabre.
— Comment tu t'appelles ? intervins-je.
— Maxence...

— Maxence, vois-tu on n'a pas vraiment besoin de ton accord pour obtenir ce l'on veut de toi. Lorsque nous mordons nos proies, notre venin se propage dans leurs sang, puis dans leurs systèmes nerveux. Au bout de quelques secondes, ces pauvres humains perdent le contrôle d'eux mêmes, ils ne deviennent plus que des pantins répondant au moindre de nos ordres et de nos désirs, chuchotais-je en plantant mon regard émeraude dans le sien. Mais tu sais quoi Maxence, tout ce que je viens de te décrire est extrêmement douloureux pour nos victimes, repris-je en lui susurrant chacun de ses mots à l'oreille, mon souffle glacé faisant frissonner la peau de son cou.

Le visage du jeune homme se déforma en une expression terreur. J'approchais mon visage à quelques centimètres du sien. Mes yeux se teintèrent d'un rouge sombre et prirent un air féroce, bestial. Mes lèvres se soulevèrent, dévoilèrent de longues canines pointues.

J'approchais encore ma bouche du cou de Maxence. Le cœur du chasseur battait à toute vitesse, quelques gouttes de sueurs perlaient sur son front. Mes lèvres glacées de vampire effleurèrent sa peau, là où l'une de ses veines palpitait.

— Arrêtez ! Je vous dirais tout ce que je sais, je vous le jure. S'il vous plaît ne me mordez pas ! se mit-il à gémir de peur.

— Nos morsures ne sont pas indolores ? chuchota Mylla à Kara.
— Si, elle bluffait, lui répondit-elle tout bas.

Je me redressais, mon visage retrouva sa beauté innocente et naturelle, comme le disait Théodore.

— Tu as pris la bonne décision, maintenant dit nous où sont retenus les nôtres.
— Je ne sais pas, je vous le jures ! J'ai entendu dire que la plupart des prisonniers ont été conduit dans un endroit appelé le château sur les ordres de notre chef. Je ne sais rien de plus, je vous jure, je n'ai été recruter qu'il y a peu de temps...
— Qui est votre chef ? Qu'est ce qu'il nous veut ? lançai-je.
— Il s'appelle Armand, mais je ne l'ai jamais vu. Tout ce que je sais c'est qu'il a relancé cette chasse contre les créatures surnaturelles après que son fils unique, Charles je crois, a été tué par un vampire. Il ne sera satisfait que lorsque vous et vos semblables seront tous morts, aboya-t-il la voix teintée de rage.

À l'entente de se prénom, Charles, je sentis ma vision se brouiller, tout tournait autour de moi. Mon corps tout entier fut prit d'une bouffée de chaleur. Je sentais mes jambes me lâcher, je me sentais partir.

Je ne savais pas ce qu'il se passait, ce qu'il m'arrivait. Je n'avais jamais ressenti un tel mal être depuis ma transformation, du plus loin que je me souvienne, bien que cela ne remonte qu'à quelque mois.

Je ne voulais pas m'évanouir devant les autres, je ne pouvais pas montrer ma faiblesse alors qu'elles comptaient tant sur moi. Je rassemblai mes dernières forces et disparus dans le couloir sombre, en courant vers ma petite chambre.

— Alyce, ou vas-tu ? s'écria Rebba qui ne reçu qu'un lourd silence comme seule réponse. On continuera l'interrogatoire plus tard, Jade enferme-le dans une cellule, entendis-je au loin.

Je franchissais à peine le seuil de ma chambre lorsque je m'écroulai sur le sol, j'évitai de justesse à mon visage de heurter les dalles de pierres durs, en me protégeant de mes mains. Mes yeux se révulsèrent. C'était comme si quelque chose d'enfouit au plus profond de mon esprit revenait brutalement à ma conscience et dévastait tout sur son passage.

Je plongeais dans une sorte de vision, ou peut-être un rêve, un souvenir...

J'étais dans l'entrée d'une maison, face à un homme allongé sur le sol, une flaque de sang grandissait autour de son corps inerte. Une plaie béante perçait son abdomen. Mon regard descendit lentement sur mes mains, elles étaient maculées de sang, un long couteau serré entre mes doigts.

Je sortis de cette vision, ma respiration se faisait essoufflée, j'étais en sueur.
— Charles... soufflai-je.

Vampire's HordeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant