La Nuit des Loups | Taekook

Épilogue.

La chambre est blanche et claire. Les draps sont rêches, et il les touche du bout du doigt. Quelqu'un frappe trois petits coups contre sa porte, et il traverse la pièce pour ouvrir. Il salue la jeune femme, et elle lui tend une enveloppe en disant :

- Le dossier que vous avez demandé, monsieur.

- Merci. Bonsoir.

Il referme la porte, et quand il passe devant le miroir, il jette un coup d'œil vers son reflet. Les trois cicatrices roses et boursouflées qui sillonnent sa joue luisent dans la lumière du soir. Il se détourne, s'assoit à son bureau, ouvre le dossier, et le contemple sans bouger, un doigt sur la joue, les autres sous le menton.

Le lendemain, il appelle le central et demande le préfet. Lorsqu'il répond, son ton est accueillant.

- Comment vas-tu ? Depuis que tu es à la retraite, les locaux sont bien moins sympathiques !

- Je profite de ma relative jeunesse, encore un peu. Dis-moi, j'ai demandé le dossier de l'affaire concernant le maire qui tuait ses habitants, mais il n'indique pas la mort de l'inspecteur en charge.

- Laisse-moi retrouver son nom...

Il y a un silence, le froissement du papier, et, n'y tenant plus, il le souffle dans le combiné.

- Kim TaeHyung.

- Merci. Je m'en souviens, de celui-là. Il n'est pas mort, mais il refuse toute visite. Aux dernières nouvelles, il est parti dans les montagnes et ne voit personne. Pourquoi ? Tu veux le rencontrer ?

- J'étais curieux. J'avais suivi l'affaire et il avait disparu si vite. Prends soin de toi. Je passerai sans doute pour te saluer.

- Bonsoir, mon ami.

Il raccroche et fixe pendant un instant le soleil qui brille dehors, rond et haut. C'est une belle journée.

Très loin, dans une vallée où l'air est si pur qu'il remplit l'âme et comble le cœur, un homme lève la tête et regarde le soleil. Sur sa tempe, au dessus de son sourcil, une cicatrice creuse sa peau. Il a de la barbe et son visage est tanné par le soleil. Puis il se détourne, continue de gravir le sentir pentu qui mène en haut de la colline. Lorsqu'il arrive au sommet, il cueille une pomme et croque dedans. Sa chair est acide. Il la brandit haut, l'offre aux cieux, l'offre à lui, et des larmes salées coulent sur ses joues.