Le claquement de la porte me réveille en sursaut, j'ouvris les yeux et me retrouvais dans le noir. Quelle heure devait-il être ?
« Les filles, fit la voix de ma mère, vous êtes là ? »
Je secouai sans ménagement Jessica qui ouvrit lentement les yeux, se demandant où était elle à son tour.
« Ma mère, chuchotai-je, faut se rhabiller, vite ! »
Je ne lui laissai pas le temps de répondre, me levis et enfila mon jeans puis sortis de ma chambre. J'aidai ma mère à ranger les courses lorsque ma petite amie vint nous rejoindre, ma mère lui proposa un café sur le ton de la plaisanterie, à la vue de son visage encore bouffi de sommeil, elle refusa en rougissant. Elle nous aida comme elle put, me demandant à chaque fois où ranger telle ou telle chose, ce qui m'énerva au bout du troisième article, mais je ne dis rien, après tout, si on inversé la situation, c'est moi qui l'aurai questionnée de la sorte. Heureusement que là ce n'était pas les courses du mois pensai-je. Une fois la cuisine débarrassée, je retournai dans ma chambre, chacun de mes réveils étaient suivis d'une cigarette, il était temps de nourrir mon cancer. Je fis rapidement mon tube sur un coin du bureau, et ouvris la fenêtre pour fumer. Le froid me transperça le visage à chaque fois que j'expirai dehors. Dans la cuisine Jess et ma mère parlaient mais je ne parvins pas à entendre leur sujet de conversation. Je n'avais guère les oreilles qui sifflaient mais je me doutais que je devait être leur principal sujet, du moins, la moitié. Le tube terminé, je le lançais par la fenêtre, je vis l'éclat rouge se séparer du filtre dans sa chute puis disparut dans la nuit. Ma mère avait vraiment l'air ravie de nous voir ensemble Jess et moi, elle me fit un immense sourire lorsque j'entrai dans la cuisine, tout en demandant à ma chérie combien de temps elle comptait rester parmi nous.
« Jusqu'à demain Brigitte, dit-elle, il faut que je rentre je n'ai pas pris d'affaires de rechange
-Je comprends » répondit ma mère, un voile de déception dans la voix. Je me pinçai discrètement l'avant bras, la douleur se fit sentir, non , je ne rêvais pas. Après ces dernières années à la supporter faire la tête quand je ramenai une fille à la maison, elle acceptait enfin mon homosexualité, mieux, elle semblait ravie.
« J'aurai dû me taper Jess bien avant » pensais-je alors, puis sentis mes joues se réchauffer suite à cette pensée égoïste. Je retournai dans ma chambre, avec l'envie de fumer à m'en faire exploser la cervelle mais avant, un peu de musique... Je sélectionnais à l'aide de la télécommande le morceau que je voulais écouter, Paul McCartney se mit à chanter qu'ici le soleil arrive. Je m'assis sur ma chaise de bureau et collai deux longues feuilles en L, les fis sécher en les frottant sur mon pantalon, refis le pis au milieu et posai le tout sur le bureau. Je déposai par dessus un lit de tabac, ouvris mon tiroir du haut, en sorti une grindeuse, petit accessoire connu de tous les fumeurs d'herbe, servant à mieux hacher les têtes de weed. Je déposai dans l'appareil deux têtes prises dans le sachet, remis le couvercle et lui fis faire deux tours. Une fois la beuh hachée, je l'étalai sur le tabac, en remis une fine couche puis roula le tout en une longue et grosse cigarette de forme conique. J'aimais les joints bien roulés. Luc disait toujours « L'aspect du joint joue sur l'efficacité du produit, plus ton joint est beau, plus tu kiffes tirer dessus, plus t'es stone » J'étais tellement d'accord avec lui, un bon joint c'est d'abord un beau joint. Le mien était parfait ! Régulier, droit, bien tassé mais pas trop et lorsque j 'allumai, le goût de l'herbe me gratta la gorge. Je fumais lentement, gardant parfois la fumée jusqu'à manquer de souffle, entendant par dessus la musique, Jess et ma mère discuter toujours, elles devaient préparer le repas. Avril Lavigne avait succédé à Paul, qui fut elle même remplacé par Pink. Que du bon sur ce CD. Je fumai la moitié du pétard, puis le laissa poser dans le cendrier, allai m'allonger sur le lit. Le fait que ma petite amie s'entendait bien avec ma mère me fit un drôle d'effet, comme si j'avais été mise de coté, oubliée.
VOUS LISEZ
Lesbienne et Heureuse: Estelle (terminé)
RomanceJe m'appelle Estelle, je vis aux Provinces, une cité d'Auchel, petite ville du Pas-de-Calais. Aujourd'hui je suis heureuse d'être lesbienne, mais tout n'a pas toujours été ainsi...