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Nous passâmes trois mois à rire, travailler, Jessica loupa sa première conduite et réussi le second passage. Nous mangions aussi bien de bons petits plats le week-end que du pain, principalement garni de ce qui nous tombait sous la main, nous faisions l'amour, beaucoup, bref, on était bien. Une tempête éclata fin janvier... Évidemment ma mère fut le centre de ce ras de marée : Elle nous avait quasiment réservé un mariage début août. Nous avions pourtant bien insisté sur les deux premiers week-end de novembre, pour fêter cette année de vie commune. Les parents de Jessica venaient à peine d'accepter le fait que nous allions nous unir, nous ne leur annonçons les nouvelles que par étapes, conseil du docteur qui les suivait pour leur problème de boisson, en venant passer le jour de l'an chez nous. Cela avait tellement rendu ma fiancée stressée qu'elle se perdait dans le magasin, se trompait de chariot, ramenait les mêmes articles deux fois... Bref, on aurait dit vraiment une folle, alors que l'on avait encore trois jours devant nous ! Sortie du magasin, avec deux gros chapon, un pack de bière à la tequila (que faisait-il là ?Mystère), et quatre bûches glacées, elle eut du mal à se rappeler où s'être garée. Le fait de la voir paniquée à ce point me stressait également. Une fois à l'intérieur du véhicule, elle eut du mal à trouver où mettre la carte, je saisis son poignet.

« Qu'est-ce qui va pas Jess ?

-Rien putain, rien ne va !

-Rien du tout ? Même pas moi chérie ? »

Elle se détacha et vins se blottir contre moi.

« Tu sais bien que non bébé, j'ai pas envie de les voir. Vraiment pas envie.

-Ma mère elle même nous a garantie que ça se passerai bien... Ta mère aussi ?

-Oui mais c'est lui qui me fait peur.

-Je sais, dis-je tout bas, à moi aussi. Mais on y arrivera »

Je guidais sa main vers la fente pour la carte, une fois insérée, la voiture ronronna faiblement, nous nous embrassâmes furtivement, mîmes nos ceintures et nous rentrâmes. Le jour de l'an se passa bien, nous eûmes même droit à ce qui se rapprochait le plus d'un compliment de la part de son père : « Vous n'êtes pas encore camionneur, c'est déjà ça. Bonne année. » Il ne dit guère autre mot durant la journée, se contentant simplement de hocher la tête lorsque sa femme, surexcitée de nature, lui demandait s'il se souvenait de telle ou telle chose.

Nous passions un week-end par mois chez ma mère, mais je passais lui faire un coucou chaque vendredi, lui donner de nos nouvelles et prendre des siennes. Elle attendait ces visites avec impatience, me préparant toute la journée de bons petits plats que nous réchauffions au micro-onde. Si elle l'avait su, elle serait même venu nous faire la cuisine. Le dernier de ces vendredis de janvier, ma mère me dit :

« Tiens, c'est la carte pour vos costumes, votre premier rendez-vous c'est demain matin.

-Maman, on arrive en février, il reste encore neuf mois... Et si je tombe enceinte ? Dis-je en rigolant.

« Sois sérieuse, cria-t-elle, c'est pour le quatre août. »

J'avais mal compris, elle se trompait, elle voulait dire quatre novembre ou quatre octobre ou décembre au pire !

« Mais maman on avait dit novembre !

-Non ! Non Le quatre août, c'est sur le calendrier. »

Je me levais pour vérifier et effectivement, c'était noté au quatre août, je retournais la carte et vis que nous avions bien rendez vous le lendemain. J'explosais de colère sur ma mère, la traitant de têtue, de pot de glu, de chiante aussi je crois. Elle avait dépassé les bornes. Je partis furieuse, sans même prendre mes plats, passai rapidement chez Luc et je rentrais non pas par l'avant dernier mais par le dernier bus. Jess s'inquiéta de suite de ne pas rentrer à l'heure habituelle et sans la prévenir. Je lui lâchais l'info dès qu'elle m'eut demandé ce qu'il se passais. Elle tomba assise à coté de moi, me demandant ce que je comptais faire.

Lesbienne et Heureuse: Estelle (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant