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Une fois chez moi je constatais que ma mère dormait, pas étonnant, il allait être trois heures du matin, je me dis que j'allais encore me lever tard. J'avais terriblement envie d'une douche, mon jogging collait à mon entre-jambe mais il était trop tard, je ne pouvais me permettre de réveiller ma mère. J'entrais sans bruit dans ma chambre, me mis à nue une fois encore, puis m'allongeai sur mon lit. Je repensais à cette journée, j'étais loin de me douter en me levant ce matin que la soirée allait être si mouvementée, même pour un vendredi. Au lycée, pas de soucis, je suis assez bonne élève malgré le niveau et les continuels affronts de ma mère, qui ne cesse de me répéter que je suis nulle en tout. Mais cette soirée !!! Et Jess qui se dévoile après toutes ces années... Je fixais le plafond blanc de ma chambre tout en pensant à elle, je fis le tour de la pièce, essayant de repérer à l'œil les petites taches blanches sur le bleu ciel de ma tapisserie. Cela faisait sept ans que ma meilleure amie attendais que je la vois comme une femme. En attendant elle sortait avec des garçons bof, je me demandais pourquoi elle n'avait jamais essayé de fille avant, être lesbienne est dans notre nature, ce n'est pas un état d'esprit. J'ai eu un garçon dans ma vie, Rodrigue, un petit dealer qui se prenait pour un caïd, il avait deux ans de plus que moi et m'a sauté – très mal d'ailleurs – au bout de trois semaines, dans une cave, en vitesse. N'étant pas satisfaite de ce premier rapport douloureux et lassant, Monsieur c'était mis en tête de me faire tourner avec ses potes, et même à treize ans, je savais ce que « tourner » voulait dire, faire la pute, très peu pour moi. Je fis donc tout pour rompre avec lui, même si cela ne lui plaisait pas, il eut beau me menacer, il ne faisait peur qu'à lui même et sa bande de petits cons. Ce fut Élisa qui s'occupa de lui. Ma première relation homosexuelle fut une très bonne relation. Élisa avait dix-sept ans, moi à peine treize et demi, on s'était connu sur un site pour homo, car les sites pour hétéro sont pleins de vieux pervers et je cherchais plus une amie fille. On passa quelques heures à discuter sur internet, de tout et de rien, de nos attentes, de nos vies... Puis je lui donnais mon numéro le soir-même. Quelle naïve ! Me dis-je en y repensant, mais sur le moment c'était une bonne idée. Elle était du coin, Calonne-Ricouart, Une petite ville juste à coté de la mienne. Une fois le numéro donné je me déconnecté de suite, et passa le reste de la soirée à attendre un message qui ne vint  pas. Ce ne fut que le week-end suivant que je reçus un « Coucou Estelle, tu vas bien ? » d'un numéro que je ne connaissais pas. Elle me répondis « Élisa de Gayvox » quand je lui demandais qui c'était. Nous discutâmes toute la soirée, elle finit par me proposer une rencontre, et comme mon ex petit ami me harcelait, je lui dit oui un peu trop vite. Avec le temps je ne regrette rien, sans Élisa je n'aurai jamais fait mon coming-out, et je serai peut-être même retournée avec ce connard de Rodrigue. Je lui avait rapidement expliqué les misères qu'il faisait pour revenir avec moi, jamais je n'aurai penser qu'elle venait pour régler cette affaire. Nous nous vîmes pour la première fois devant la mairie d'Auchel, elle arriva en bus, par un après-midi ensoleillé d'été, c'était une jolie blonde, grande mais pas rachitique comme moi, on voyait bien ses formes et je pense qu'elle s'était habillée pour qu'on les remarque, un petit bustier blanc à bretelles simplement décoré d'une grande fleur rouge et un short en jeans court et serré. Plus d'un mec se retourna sur elle dès sa sortie du bus orange. Elle se dirigea droit vers moi et me demanda si j'étais Estelle. Rougissant, bégayant je réussi à dire oui avec bien du mal. Je n'osais même pas la regarder tellement je la trouvais jolie, surtout comparé à moi et à mon corps de gamine - que j'ai toujours ! - Elle me fit un gros bécot, en pleine place, devant tout le monde, je crois que sur le moment j'aurai pu m'évaporer dans les airs tellement j'étais gênée. Quelqu'un siffla, Élisa lui répondit par son poing fermé à l'exception du majeur. « On bouge » Demanda ais-je si timidement, les joues encore brûlantes de gêne et d'excitation aussi, je dois bien l'avouer.

« Attends bébé, j'vais me chercher des clopes. T'en veux ?

- Non je ne fume pas merci. »

Lesbienne et Heureuse: Estelle (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant