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Jessica débarqua dans ma chambre, ce qui me ramena à la réalité. Elle me dit que le repas serait servi dans une demi-heure, puis repartie aussi vite qu'elle était entrée. Je me levai à contre-coeur du lit, y laissant mes souvenirs et finis le joint, assise sur mon bureau. Une fois terminé, je l'écrasais dans le cendrier et allais me laver les mains avant de passer à table. Nous reprîmes les mêmes places qu'à midi, la télé diffusait un reportage sur le Louvre-Lens, que je fis mine de regarder attentivement, écoutant à moitié ma mère révéler ses secrets de cuisine, parler de mes goûts à Jess et cette dernière l'écoutait religieusement, hochant la tête de temps en temps en signe de compréhension. Tout ce cirque commençait à me taper sur les nerfs, depuis quand ma mère jouait-elle à la belle-mère parfaite ? Et Jess faisait le rôle de la bru idéale, le tout sonnant comme une pièce sur-jouée. Encore sous l'effet de la drogue, je dévorai le contenu de mon assiette et me resservit une seconde part de pâtes à la Bolognaise, faites maison (avec deux cuisinières, il ne pouvait en être autrement) à en faire déborder mon assiette. Elle me regardèrent toutes les deux le temps que je me resservis.

« C'est bon mon ange ? » Me demanda Jess.

Je fus choquée de l'entendre parler comme ça devant ma mère à qui je jetai un rapide coup d'œil et vis qu'elle souriait toujours.

« Je me régale bébé » répondis-je mais toujours pas de réaction venant de la droite, son regard s'était reportait sur la télé et je finis de manger en silence. Jessica se pressa de débarrasser la table, j'avais encore une fois l'impression d'être inutile, de ne servir à rien, à la fin des informations, ma mère alla faire la vaisselle, refusant par deux fois l'aide de ma petite amie. Je me demandais si elle était sincère ou faisait-elle de la lèche à ma mère ? Plus d'une fois elle était restée prendre son repas chez nous, en plus de dix ans d'amitié mais elle n'avait jamais été aussi active, bien sûr, elle proposait son aide, mais ma mère refusait à chaque fois et elle n'insistait pas ? Je me levai pour regagner ma chambre quand je les entendis :

« Vous êtes certaines Brigitte, vous ne voulez pas un coup de main ?

-Ça va aller Jessica, il n'y a pas grand chose.

-Sinon dites-le, je l'essuie et Estelle la range, on ira trois fois plus vite. »

Estelle la range... Non mais j'avais rien demandé. Je souris en entendant ma mère refuser une nouvelle fois, Jess sorti de la cuisine et vint me rejoindre.

« Tu as l'air boudeuse, me dit-elle. Qu'est-ce qui se passe ?

-Rien, je suis défoncée.

-Ah ? Tu as fumé sans moi ?

-Fallait v'nir, un gros buzz avant de... Manger. »

Je venais de manquer de dire à ma petite amie que j'avais passé plus d'une demi-heure à penser à mon ex, comment l'aurait-elle prit ? Je sais que Jess n'est ni trop jalouse, ni possessive, mais point trop n'en faut !

« Hmf ! Sympa chérie ! J'en roule un et on va faire un tour ?

-Où ?

-En bas. Histoire de fumer tranquillement assises.

-Ok. »

Elle s'assit à mon bureau, commença à préparer ce qu'il fallait, je me levai et lui tendis ma grindeuse, il y avait encore un fond d'herbe à l'intérieur, elle n'en rajouta pas. Elle prit le temps de bien rouler, râlant soit la feuille qui ne voulait pas « s'enclencher », soit contre le tabac qui allait mal à rouler.

Lorsqu'elle eut fini, elle me montra le joint, fière d'elle. Je me levai pour l'inspecter, il était cette fois bien droit, fin à la base du filtre en carton, épais à l'autre bout, bien tassé, et à la vue des petites tâches vertes contre le papier, bien mélangé.

Lesbienne et Heureuse: Estelle (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant