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Nous ne reparlâmes plus de cette soirée mais continuâmes à voir Roxane, qui, lorsque Jacques n'était pas là, nous embrassait à pleine bouche pour nous saluer. Elle trouvais chez nous la douceur, la tendresse qu'elle ne trouvait pas chez son petit copain m'avait-elle confié. Jess et elle passaient du temps ensemble, surtout quand je travaillais tard, elles se prirent de passion pour les loisirs créatifs, origamis, moulages en résine, pâte à modeler, elles étaient fières de leur créations et notre petit appartement en fut vite rempli. Ma décoration préférée était posée sur la petite table, un cadre en résine rose pâle incrusté de paillettes et de petits cœurs de toutes les couleurs, contenant un photo où l'on posait toutes les trois. Le printemps revint dans notre région, les beaux jours aussi,les jeans firent place aux jupes dans notre garde-robe, ce fut la cause de mon licenciement en mai. Un vendredi matin j'allais au travail, comme tous les les jours, je travaillais seule à des tests sur une nouvelle molécule de PVC bio, lorsque Monsieur-main-au-cul vint m'apporter les résultats d'une analyse. Voyant que j'étais seule, il fonça sur moi, essayant de m'embrasser. J'étais bloquée entre lui et ma paillasse, je pris la première chose qui me passait par la main, un lourd Erlenmeyer qu'il prit en pleine tête. Il était heureusement vide mais le verre lui fit de profondes entailles. Il repartit, sanguinolent, et je ne le revis plus. Le lundi, mon patron me tomba dessus avant même que j'eus le temps d'enfiler ma blouse, à huit heures. Trente minutes plus tard, je fus au chômage. Il me proposa un arrangement, je ne portais pas plainte contre Éric et encontre partie, j'eus une belle prime de licenciement. Cette situation, qui attristait ma mère, réjouis ma petite amie, on allait pouvoir passer plus de temps ensemble. Elle essaya de m'initier à ses loisirs. Ni patiente ni concentrée, je ratais un moulage sur deux en résine, pas créative pour deux sous, je ne fis rien de bien en pâte à modeler, échouant même en faisant un escargot, quant aux origamis, ils finirent tous en boule dans la poubelle. Roxane venait chez nous presque tous les après-midis, ce qui à force fit voler son couple en éclat. Deux semaines après que je fut inscrite à Pôle-Emploi, Jacques la mit à la porte de chez lui. Nous passâmes les deux mois des grandes vacances à vivre toutes les trois dans notre appartement de Béthune, sans se prendre la tête, partageant tout, lit, douche, repas, nous étions bien. Nous partîmes en vacances au bord de la mer fin août grâce au chèque de licenciement, je louais un mobile-home dans un camping d'une petite ville sur la côte de notre département, nous y passâmes trois semaines. Durant cette période, je me détendais en compagnie de celles que j'appelais mes deux chéries, faisant les boutiques le matin avec Roxane ou Jessica, l'après-midi, nous abusions de la plage et du soleil. Nous n'eûmes que cinq jours de pluie, et ces jours là, nous restions simplement au lit. Côté câlin, Roxane ne nous gênait en rien, bien que ne nous reproduisîmes pas l'expérience à trois, je me contentais de ma fiancée lorsque notre amie partait faire un tour ou s'endormait avant nous. En rentrant nous étions toutes bronzées, ma mère trouvait que ce teint m'allait admirablement bien et des séances d'UV furent ajoutées pour le mariage. Il commençait à prendre de la place dans notre emploi du temps, entre les essayages de robe, les dégustations de plats, les salles à visiter, nous y consacrions deux à trois jours par semaine. Roxane se prit de passion à nous faire des guirlandes en papier crépon, en moins de deux semaines nous eûmes de quoi décorer dix salles. Elle fit aussi pleins de décors en résine sur le thème du mariage, sauf qu'il était compliqué de trouver des sujets avec deux mariées. Pour les essayages Jessica avait sa boutique de robe de mariée et moi la mienne, ce qui fit que personne ne vit la tenue de l'autre avant le jour J.

J'eus encore un dernier écart de conduite avec Roxane, avant qu'elle ne s'installe avec sa nouvelle petite amie, rencontrée via Gayvox. Nous fîmes passionnément l'amour un après-midi où Jessica était à un essayage. Ce fut doux et brutal à la fois, une agréable façon de se dire au revoir, car nous savions toutes les deux que c'était la dernière fois que l'on couchait ensemble. Une fois notre "colocataire" partie, Jess et moi retrouvions notre quotidien. Elle rêvait de me détailler sa tenue, ses séances d 'essayages, mais je ne voulais rien savoir, elle boudait après chacune de ses tentatives. Pour atténuer un peu ses crises de nervosité à répétition, je nous offris une soirée dans un restaurant étoilé, sur Lens. Nous y mangeâmes peu, ça me coûta un bras, et, en sortant, nous nous sommes ruées sur le premier fast-food venu, nous y gavant de cheeseburgers, nous moquant des manières hautaines de notre serveur, riant comme des folles. Je retrouvais la fille dont j'étais tombée amoureuse. Cette nuit là, après un câlin, ma chérie s'excusa pour son comportement de ses dernières semaines, le mariage arrivait à grands pas, et rien ne semblait se mettre en place. Elle n'avait pas tout à fait tord, je n'avais même pas encore écrit mes vœux. Je me promis d'y réfléchir sérieusement dès le lendemain. Je fis moi aussi mes séances d'essayages, j'avais opté pour un tailleur-jupe blanc, laissant la robe traditionnelle à ma fiancée, comme nous l'avions convenu. Je n'eus donc pas dix essayages à faire, n'avais pas à surveiller mon alimentation (comme si j'en avais besoin) et je ne passerai pas deux heures à enfiler ma tenue. Tout cela me convenait parfaitement. Jessica aussi nageait dans sa petite bulle de bonheur. Luc, nous eûmes des nouvelles de Jacques, il avait lui aussi rencontrer quelqu'un, une femme, nous précisa-t-il, Patricia, et grâce à elle, il ne buvait plus, mon service de sécurité serait actif à cent pour cent. De plus, nous avions maintenant notre trentaine d'invités. Je m'occupais de la visite des salles pour la réception. Ne travaillant plus, la partie vin d'honneur tomba à l'eau, il ne nous fallait donc pas une salle énorme. La première que je visitais avec Daniel pouvait contenir cent cinquante personnes à l'aise, elle était bien trop grande. Durant tout ce mois d'octobre, ma mère nous avait prévu deux séance d'UV par semaine, je m'y pliais, d'abord par obligation, puis nos discussions de femmes adultes me motivèrent à suivre la cadence. Ma mère me faisait penser à ma fiancée, plus la date approchait, plus elle était nerveuse. Je visitais une seconde salle avec mon futur beau père, il m'avoua lors de ce court voyage qu'après qu'il eut fait le tour de la question, il était aujourd'hui pour cette union, ayant remarqué à quel point sa fille avait changée, c'était émancipée. Ce petit discours me fit plaisir. Le seconde salle était petite, mal agencée, de gros piliers carrés traversaient la pièce en son milieu, pas un endroit pour organiser des jeux ou pour danser me fit remarquer Daniel, me faisant réaliser que je n'avait personne pour animer la soirée. Nous refusions la salle. Il en restait une dernière à voir, à quelques centaines de mètres de là, nous y allâmes dans la foulée. Cette dernière était parfaite. Pas trop grande, dégagée, il y avait même une petite scène où installer le DJ, à condition que j'en trouve un. Deux semaines avant le jour J nous allâmes chez le traiteur, il nous avait préparé une multitude de plats que nous gouttâmes, certains plus d'une fois et, lorsque le menu fut décidé, les parents de Jess en commandèrent une cinquantaines de part.

Lesbienne et Heureuse: Estelle (terminé)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant