PROLOGUE

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  Flashs

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  Flashs. Cris. Odeurs.

  J'avance timidement sur scène. Le public m'acclame, m'applaudit.

  Ils se taisent soudain, concentrés sur ma prestation. Combien sont-ils ? Des centaines ? Des milliers ? Plus ? Beaucoup, c'est tout ce que je suis capable de dire.

  Leurs yeux attentifs sont rivés sur moi, alors qu'un silence religieux règne. Les battements de mon cœur affolé s'apaisent petit à petit, mais dans ce calme notoire, j'ai l'impression que tous peuvent les entendre.

  Alors je ferme les yeux, je les écoute attentivement, jusqu'à me sentir complètement sereine. J'inspire par le nez une petite goulée d'air que je relâche par la bouche. Seul le noir m'accueille. Eux, je ne les regarde pas, sinon je sais que je perdrais le contrôle. Alors je pense à mon corps : à mes pieds fermement ancrés dans le sol ; à mes jambes tremblantes ; mon gosier qui se soulève au rythme de ma respiration ; mes doigts tremblants sur le micro ; mes cheveux qui me chatouillent le visage.

  Je me met à chanter.

  Ma voix s'élève d'abord doucement, avec une maîtrise qui me surprend moi-même. Puis au fil de la chanson, elle s'affermit, s'élève et vogue dans l'air comme un bateau sur les vagues. Si le public me paraît subjugué par son étrange mutisme, je le suis encore plus. Cette épreuve me permet de me découvrir, m'appréhender, et d'expérimenter. Ce soir, sur scène, ma timidité n'est plus, car je suis chez moi et je n'ai aucune raison d'être effrayée.

  La fin arrive. Décevante, d'une part, mais soulagente d'une autre. Je me sens moi. Je me sens petite, mais à la fois grande. Je me sens vidée, surtout.

  Je me retire en coulisse, pour réfléchir et retrouver mes parents. Ils doivent être là quelque part, surement fiers de moi. Je l'espère en tout cas. Maman. Je t'aime tant. Papa. Prend moi dans tes bras. Ce sont des phrases que j'ai envie de leur hurler, là tout de suite. Mais le monde, les adultes qui me dévisagent ou qui me bousculent m'en empêche. Je me sens perdue. Je ne reconnais plus personne, alors que tout le monde me reconnaît. Maman me dit souvent que célébrité est un poids dangereux. Fais attention, Lili. Où tu finiras comme eux. Tu finiras comme Marylin. Je n'en prenais pas vraiment conscience, avance l'instant présent.

  Dans les coulisses ça grouille, ça se marche dessus, ça gronde.

  J'explore les lieux, recroquevillée sur moi-même. On m'a indiqué une loge quelque part, mais impossible de la retrouver, tout comme mes parents. Peu à peu, je m'éloigne de la partie bondée, et me retrouve vers des coins plus sombres, où je suis obligée de baisser le regard dès que j'aperçois quelqu'un.

  J'ai peur.

  Puis d'un coup, je sens une présence dans mon dos. J'essaye de me retourner, mais une odeur doucereuse me chatouille les narines et me fait papillonner les yeux.

  Je m'évanouis.

[édité le 10/03/19]

AméthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant