CHAPITRE 14

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  L'élégance c'est quand l'intérieur est aussi beau que l'extérieur.

  Le cliquetis de mes talons résonne dans la rue sur-éclairée. Il fait nuit noire mais je suis entrée dans les quartiers de Boston les plus sûrs. Une voiture passe en trombe à côté de moi, faisant voler mes cheveux. J'ai revêtu mon costume de Victoria, et sa personnalité m'accompagne, comme son apparence.

  Parfois ça me fait mal de savoir que mes personnages ne sont pas réels. Qu'ils sont seulement le fruit de mon imagination et qu'ils le resteront. J'ai l'habitude de me dire qu'ils sont mes amis, des parties intégrantes de moi.

  Je frissonne dans ma veste. Cette fois j'ai été un peu plus prévisible et j'ai pris mon manteau d'hiver. J'ai bien fait, à vrai dire.

  Les bruits du centre ville m'accompagne, les fenêtres qui claquent, les motos qui vrombissent. Les conversations dans les bars à leurs heures de pointes et les klaxons.

  Je ferme les yeux, laissant le vent effleurer mon visage. Il me semble insensible, caché sous des couches et des couches de maquillage. Ça me gratte. Je passe la main dans mes cheveux. Ce soir je les ai lissés, aussi ils me semblent beaucoup plus long que d'habitude. Leur couleur brune me déroute, j'ai l'habitude d'être la petite blondinette ; Barbie.

  J'éternue bruyamment. Je ne vais pas très bien en ce moment, je ne sais pas ce qui m'arrive. Est-ce que je couve quelque chose ? C'est tout à fait possible compte tenu de mon évanouissement et de ma fatigue continuelle. Ça ne m'arrange pas, a vrai dire. Je le sens encore plus mal, même.

  L'arrêt de bus en vue, je le met à courir pour ne pas rater le car. Pas que ça me déplairai, mais ce moyen de transport coûte moins cher qu'un taxi, dont je n'ai pas assez d'argent pour le payer. Et le vol et une perspective inenvisageable. Me lourd véhicule se stoppe devant moins, et je grimpe à l'intérieur. Avec surprise, j'aperçois Ethan sur le siège avant. Il me sourit comme un gros bêta, mais il n'obtient pas d'autres réactions qu'une expression béate.

  Il n'a pas compris que je suis en colère contre lui ? Que je ne veux plus jamais le revoir ?

  Ce dernier point est le plus dur à réaliser, j'en ai bien conscience. Et malheureusement d'ailleurs. Il tapote la place à ses côtés, et je veux l'ignorer mais il me rattrape et me force à m'assoir. En réponse je le frappe a la tête et il ne riposte pas, sachant que je suis énervée. Je déteste être contraire de faire des choses.

  Il a l'air impatient, et des lueurs d'excitations brillent dans ses profonds yeux bleus. Je fronce les sourcils, ça ne présage rien de bon.

  — Tu sais combien de temps j'ai attendu pour te revoir ? il s'écrit.

  Une femme en train de dormir à l'arrière lève un paupière et le fusille dur regard. Il esquisse un sourire gêné avant de pivoter vers moi. D'une voix plus basse, il continue :

  — Ça fait deux semaines que j'attends que tu reviennes. Deux semaines, il dit en secouant la tête.

  Je retrousse le nez comme si ça m'importait peu. Et c'est le cas, j'essaye d'être gentille, mais lui a la capacité à me faire sortir de les gonds. Et pas dans le bon sens. Ethan à dépassé les bornes, clairement, je ne peux pas supporter qu'il me colle comme ça. Je sais que c'est méchant mais ça constatation me fait plaisir.

  — Je ne t'aime pas Ethan. Tu met en danger ta santé pour des conneries, et tu n'écoutes même pas les gens qui veulent t'aider. C'est franchement le comportement le plus stupide à adopter quand on est dépendant.

  Mes mots le font tressaillir, ça le blesse, je le vois bien. Et en même temps je refuse de l'encourager dans cette voie. Non, cette fois je ne fermerai pas les yeux.

AméthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant