CHAPITRE 9

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  La jeunesse c'est la capacité de changer ses habitudes.

  C'est la honte, clairement.

  Il existe beaucoup de trucs gênants, mais j'estime que dans les pires, il y a le gargouillement de ventre. Quand t'as faim, que tu crèves la dalle et qu'en plein milieu d'un cours, ton estomac décide de se faire un petit karaoké. Devant toute la classe. Au milieu d'un gros blanc.

  Je veux mourir.

  La cloche sonne, les élèves jusqu'à lors focalisés sur moi et mes borborygmes se lèvent précipitamment. C'est avec un visage rouge comme le ketchup que je me rends à la cafétéria.

  — Lili ! Attends, s'il te plaît !

  Je me retourne, Rachel est là derrière moi. Essoufflée, les mains sur les genoux, on voit qu'elle a couru. Je baisse la tête, honteuse. Mon comportement était juste stupide et immature, je me demande pourquoi je l'ai ignoré.

  — Salut, me dit-elle entre deux souffles.

  — Salut. Écoute Rachel, je suis désolée de...

  Elle me coupe brusquement la parole :

  — Ne t'excuse pas, j'estime que les gens qui font ça se rabaisse au niveau des autres. On ne peut pas changer le passé et les actes, ça s'assume. Alors, oui, c'était débile de ta part mais je ne t'en veux pas.

  Je souris largement. Je ne connais pas très bien Ra, mais je sais déjà que ce serait bête de passer à côté d'une telle amitié. Parce que c'est ce qu'elle est à mes yeux : une amie.

  Je hoche la tête et nous marchons toute les deux vers la cafétéria. J'aperçois deux autres garçons qui n'étaient pas là la dernière fois. L'un se tien à côté d'Ethan et discute joyeusement tandis que l'autre patiente seul en retrait. Il a l'air d'attendre quelque chose.

  Tout deux sont bruns, les cheveux noirs et comme toute la tablée, incroyablement beaux. Quand nous arrivons à leur hauteur, les garçons s'interrompent et nous sourient. Rachel s'assois le plus loin possible du deuxième mec – celui qui était un peu perdu – et je dois donc me contenter de la place qu'il reste. Celle qui est évidemment à côté d'Ange.

  Je soupire et m'installe tranquillement, lui me regarde avec un sourire narquois auquel je répond par un regard meutrier.

  — Alors c'est elle la nouvelle ? demande le garçon qui parlait à Ethan.

  Celui-ci aquisce.

  — Bah alors Ethan, tu ne me présente pas ?

  — Lili, voici mon connard de frère, Lance. Lance, Lili, dit-il en soupirant.

  Ils sont frères ? Euh... Hein ?

  — Je sais, on ne se ressemblent pas. Pas du tout même. On est demi-frère, répond à ma question silencieuse Lance.

  Il a l'air bien plus bavard que Ethan... Lui semble accaparé par ce qu'il se passe dans son assiette.

  — Et donc mon incroyable charme de t'atteins pas ?

  Il passe la main dans ses cheveux noirs un peu perdu. Puis il se retourne vers moi et m'adresse un sourire enjôleur auquel la seule réaction est de m'étouffer avec une frite.

  — Laisse tomber, mec. J'ai déjà essayé, déclare Ange.

  — Mais tu as vu ton prénom aussi ? On dirait que tu es tombé tout droit de la Bible.

  Ange hausse un sourcil et lui rétorque tranquillement :

  — Dixit le mec qui s'appelle Lancelot.

AméthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant