CHAPITRE 16

137 21 105
                                    

  — Hé, t'as plus de bretzels que moi !

  — Oh, c'est grave dis-donc ! Remets-toi Ange, ce ne sont que quelques bretzels. Tu ne vas pas mourir !

  Son visage fermé semble pourtant dire le contraire. Mais ces trucs ne sont mêmes pas vrai, et comment dire que le bois n'est pas très comestible.

  — Je m'en fiche, je veux des bretzels aussi ! il réclame comme un gamin.

  Je lève les yeux aux ciel, désépérée. Quand j'ai accepté ce baby-sitting, je ne pensais m'occuper que d'une fillette capricieuse. Pas de mon voisin à la moue enfantine et au comportement complétement immature ! C'est l'inverse même, il était censé m'aider à garder Mimi. Pas me rajouter du travail supplémentaire !

  — Monsieur, si vous n'avez pas ce que vous désirez vous pouvez toujours passer commande, déclare Minnie Junior, ravie de cette petite mise en scène.

  La gamine a revêtu un costume de serveuse à pois – rouge et blanc bien sûr – ainsi qu'une toque de cuisinier pour paraître professionnelle. Comme l'enfant de six ans qu'elle est, elle a voulue que je la maquille pour la rendre encore plus belle, mais cela a pour tout effet de lui donner des airs de harpie. Loin d'être perturbée par ça ; elle nous a proposé de jouer à la dînette, et je me suis gentiment prêtée au jeu.

  À partir du moment où j'ai participé, Ange m'a suivi dans cette étrange comédie, que je regrette maintenant.

  — C'est génial ! il s'exclame. Je voudrais des frites alors. S'il vous plaît.

  — Ah, euh, on en a pas, répond Emy après avoir consulté la caisse de tout ses jouets.

  — Mais c'est quoi ce restaurant ? soupire mon voisin, dans une fausse contrariété.

  Je ris doucement à leurs échanges. La gamine a déjà une grande force de caractère pour son âge, pas de doutes qu'elle sera une grande femme plus tard. Une dominante. La pauvre n'a pas une vie facile. Financement, sa vie est plutôt aisée. J'ai d'ailleurs appris qu'aux États-Unis, la classe moyenne est bien moins marquée qu'en France. Il est moins rare de trouver des gens très riches comme des gens très pauvres. Le contraste est plus marqué. Minnie ne fait pas vraiment partie de ces catégories, elle habite dans une grande maison avec piscine, terrasse et salle de jeu, sans pour autant que sa mère est les moyens de se payer mieux qu'Ange et moi en termes de baby-sitters. Ou alors elle le fait simplement parce que mon voisin et la gamine entretiennent une grande complicité.

  — Tu te moques ? me demande-t-il. Déjà madame a eu plus de bretzels que moi, mais non, ça ne lui suffit pas !

  Je secoue la tête, et exalte franchement de rire. Sa position à la Nabilla, sa mine hautaine et la manière dont il le dit m'achève. Alors que je suis presque en train de me faire pipi dessus, la petite fille me Serine quant au fait qu'une dame se doit de rester élégante en toutes circonstances.

  Mes yeux se lèvent, et croisent ceux de mon voisin. D'un marron chaleureux, ils me scrutent avec attention et joie, comme s'ils étaient heureux de me voir sourire.

  Cela me fait rougir – tout ; ses oeillades attendries comme son bonheur contagieux. Ce bonheur c'est moi qui le crée, je le vois, je le sais. Mais y suis-je vraiment prête ? Mes joues brûlantes cachées derrière les cheveux, je pense, tout simplement.

  À Krystal, que j'ai laissé bouder à la maison après mon « abandon ». À Kim et son corps courbaturé suite à notre entraînement intensif. À cette magnifique journée d'aujourd'hui, qui n'est pas forcément belle mais joyeuse, si. Au voyage scolaire que nous allons effectuer en France, où auquel tous mes amis ont répondus présents. Bien que les effectifs d'élèves inscrits soient bien plus bas que les années précédentes, j'ai décidé d'y partir aussi. Ce sera ma dernière expérience, ma dernière aventure avant de trépasser, et je compte en profiter à fond.

AméthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant