CHAPITRE 20

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  Ethan et moi sommes assis sur un muret de ma rue, nos jambes se balançant dans le vide et le regard lointain. Il ne m'a plus dit autre chose que « Il faut qu'on ne pose pour discuter » depuis la phrase fatidique. À savoir qu'il sait qui je suis vraiment. Et j'ai beau paraître calme, je suis en vérité complètement affolée.

  — Alors... ? je me risque, la voix rauque.

  Ethan sursaute, comme s'il ne s'attendait pas à ce que je prenne la parole, ce qui est possible. Puis il balbutie quelques secondes, complètement désarmé.

  — Euh, je... En fait... (Il déglutit.) Je sais que tu n'es pas celle que tu prétends être.

  Je n'ose même pas nier. J'en ai marre des mensonges.

  — Mon père travaille dans la police régionale, dans un département en relation avec la France. Il est plutôt haut placé dans la hiérarchie... Depuis il bosse sur un dossier compliqué, qu'il dit. Ça lui prend tout son temps, vraiment. Et puis il a un comportement bizzare. Il était tellement changé... J'ai commencé à avoir des suspicions. Je me suis dit qu'il se droguait, qu'il trompait ma mère, des choses dans le genre... Et un jour il a laissé trainer ses travaux dans son bureau, alors je suis fouiller. J'y ai trouve beaucoup de papier, mais dont la plupart n'avez aucun sens pour moi. Un a pourtant retenu mon attention.

  Il marque une pause, ferme les yeux, se frotte les tempes.

  — Même aujourd'hui, je ne comprends toujours pas cette feuille, et c'est en partie pour cela que je suis venu te voir. Parce que dessus, il y avait une photo de toi, ainsi que des renseignements. Il y avait aussi un dossier qui disait que tu devais changer d'identité. Lili... Thalia, je ne sais plus comment t'appeler, si la police t'aide à faire ça, c'est que tu es en danger. Ne me ment pas, est-ce vrai ?

  Je soutiens son regard longtemps, et acquiesce. Il le sait déjà, de toutes façons.

  Il hoche la tête, et me prends brièvement dans ses bras.

  Quelque part en moi, il y a le soulagement d'avoir révélé mon secret à quelqu'un, mais aussi une peur, une peur qu'il en sache plus.

  — Et il y a autre chose...

  Le moment que je craignais.

  — Des CD, il y avait des milliers de CD dans son bureau. Ils n'avaient pas de pochette, pas d'inscriptions particulières, alors j'ai voulu regarder. Quand je les ai écouté, il me semblait reconnaître quelque chose de familier, mais je n'arrivais pas à savoir quoi. Jusqu'à un autre CD, Sweet Dreams.

  Je ne comprends pas, pourquoi il le dit tout ça ? Quel est le rapport avec ma célébrité passée ?

  — Victoria. Je sais que tu es aussi elle... Et qu'elle est toi. Elle... tu, as une voix unique, indescriptible, magnifique. Et cette chanson, je peux te dire que je m'en souviendrai toute ma vie. Tu penses peut-être que j'étais trop bourré pour comprendre, mais ce n'est pas le cas. J'étais parfaitement conscient, notamment que ce que j'entendais était la plus belle chose du monde.

  Donc il ne sait pas pour le reste ? Mais au-delà de ce sentiment d'anxiété, une lumière commence à se faire en moi. Les éléments étaient tous liés, depuis le début. Comment aie-je pu ne pas m'en apercevoir ? Je savais déjà que Ethan aimait Victoria, ce personnage qui j'incarne. Incarnais ? Et je sais aussi que Ange éprouve une certaine animosité envers Ethan, une animosité qui pourrait presque passer pour... de la jalousie. Si Ethan à découvert ce rapport il y a longtemps déjà, il a pu développer d'autres sentiments envers le personnage de Lilith, la petite nouvelle du groupe, mais celle qui est aussi sa Victoria. Et accessoirement la petite amie de Ange, depuis presque une heure.

AméthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant