CHAPITRE 10

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  La pensée de la mort nous trompe ; car elle nous fait oublier de vivre.

  Purple Rain. Ils m'ont envoyé les paroles de Purple Rain.

  Je suffoque. C'est pire, pire que tout ce que j'imaginais. Ils savent que j'aime cette chanson. Que pour moi elle est un vrai symbole et à énormément de signification.

  Ils savent, pour les cicatrices. Pour les blessures et pour les bleus. Les bleus... Tous ces bleus qu'Ils m'ont infligé...

  La pluie violette. Je veux me baigner dans cette pluie violette.

  Quand Prince à écrite cette chanson, celle grâce à qui il est devenu célèbre, il l'a faite pour la bande-son d'un film. Cette chanson fait allusion à son passé difficile.

  Dans son enfance, Prince se faisait battre. Cette pluie violette, cette couleur violette, est un rappel de ces bleus. Ces bleus qui lui couvraient tout le corps. Mais aussi son carnet où il notait toute ses idées et la couleur de l'aurore, de l'aube.

  Encore une allusion à moi. Moi qui porte l'ancien nom de Aurore, la Belle au bois Dormant. Et le violet, les bleus. Les coups.

  Cette couleur était celle qui représentait Prince, qui le représente toujours, même après sa mort.

  Immobile, prostrée contre la porte d'entrée je m'applique à respirer correctement. Pourtant, les larmes coulent sur mes joues et ma vue se brouille.

  Ils m'ont retrouvé. Ils m'ont retrouvé. Ils m'ont retrouvé.

  Je vais mourir. Il vont me tuer, je le sais. Ce message, ce n'est qu'un avertissement. Pour me dire qu'elle Ils reviendront. L'espoir, cet qui m'a animé quand nous avons déménagé ici était complètement stupide. Bercée d'illusions, je me suis dit que tout irait bien mais c'est tout le contraire.

  Mes marraines ne s'entendent plus, mes parents m'ont abandonnée et moi... Et moi je me suis faite des amis qui ignorent tout de moi et à qui je ment continuellement.

  J'attends plusieurs heures comme ça, en pleurs, avachis contre le battant. La lettre froissée dans la main, je me remémore toutes les horreurs qu'Ils m'ont fait subir... Je ne peux m'empêcher de me souvenir de tous ces cauchemars. Ces images qui m'ont hantées, des mois et des mois après qu'Ils m'ai relâchée...

  Toutes les nuits ou presque, Mary et Lucy devaient venir dans la chambre et me bercer, me raconter que tout irait bien, qu'Ils étaient partis. Je n'ai jamais eu peur du noir, non, à cette époque c'était la mort.

  J'avais peur de la mort.

  J'enchaînais les mauvais rêves et les terreurs nocturnes, je ne dormais presque plus. Chaque soir, dans mon lit, en fermant les yeux c'était Leurs visage que je voyais... Et puis j'ai appris à accepter. Accepter la mort, accepter mon destin.

  Peut-être mourrons nous dans 50 ans ou demain, nous n'avons aucuns moyens de le savoir. Chaque seconde, chaque minute de chaque heure de notre vie, nous risquons tout. Nous risquons les incendies, les maladies, les accidents. Les séismes et les tsunamis, les extraterrestres et le réchauffement climatique.

  Nous risquons la vie, nous risquons la mort et nous risquons l'amour.

  — Lili ? murmure une voix douce.

  Je me fige, je n'ose pas relever la tête.

  — On va rentrer. Désolée de t'avoir fait attendre, j'étais en plein shooting photo.

  Lucy. Le soulagement m'envahit. Elle travaille pour une agence de mannequinat, elle s'occupe des modèles et les photographient. Comme à son habitude, elle ne pose pas trop de questions. C'est un aspect de sa personnalité que j'apprécie particulièrement.

AméthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant