CHAPITRE 18

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Le plus triste dans une trahison, c'est que cela ne vient jamais de nos ennemis.

Non. C'est impossible.

Voilà la première chose que je pense. Rachel n'aurait jamais pu me trahir comme ça. C'est juste une hallucination, un rêve.

Puis l'évidence. Je reconnais chaque notes, chaque ratés, chaque élévation de la voix qui résonne dans la salle.

Une voix qui m'appartient.

C'est alors qu'une question se pose. Comment ? Et pourquoi aussi ? La première est assez facile à deviner, mais la deuxième...

Je repense à cet après-midi où elle est venue chez moi. Tranquillement, comme deux amies, nous avons échangé, elle a pris de mes nouvelles... Puis je me suis éclipsée, pour réfléchir. Je me suis sentie oppressée, et ça m'a fait du bien. Puis je suis revenue, de nouveau joyeuse et pleine de vie, comme Ra le souhaitait. Et enfin sa soudaine fuite, comme si elle avait le feu au derrière. Je ne me l'étais pas expliqué, avait simplement mis cet incident sur le compte d'une quelconque urgence familiale ou autre. Mais non, ça me paressait logique maintenant. Il y avait eu ce CD, que, plus tard, je n'avais pas retrouvé. Perdre mes affaires m'étais fréquent, là non plus je ne m'étais pas inquiétée.

Jusqu'à ce que j'entende la même chanson enregistrée sur ce CD, à l'instant même.

Mais pourquoi Rachel aurait-elle fait ça ? Ça n'a pas de sens...

Moi qui croyais être entourée de personnes honnêtes, bien au contraire de moi d'ailleurs, des personnes qui ne pourraient me trahir. Je me suis trompée, et lourdement en plus.

Je ne comprends plus rien.

Complètement perdue, je vrille mon regard hébété dans celui de mon manager. Louie n'a aucune conscience du débat interieur qui fait rage en moi en ce moment. La voie de la raison ou la voie du cœur ? Croire à la culpabilité ou à l'innocence de quelqu'un de cher...

Pourtant je sais déjà quel choix je vais faire. Dans mon esprit il me semble logique, clair. Je ne veux plus être blessée. Je ne veux plus ressentir cette incompréhension à la vue de quelque chose qui nous semble improbable, mais qui ce produit quand même...

Je veux fuir.

Alors c'est ce que je fais. Dans un signe de désolement, je me retourne de la scène alors même qu'on appelle mon nom. Louie, complètement perdu et trahit, comme moi il faut le dire, me regarde m'éloigner sans un mot. Il ne pleure pas, mais je vois tout le poids de sa tristesse dans ses yeux. Tous ses espoirs déçus. À cause de moi, il faut le dire.

Il fronce les sourcils, s'abandonne à sa peine et part, loin dans les coulisses. Oui, je sais qu'un artiste doit toujours assurer son show, même dans les pires conséquences, mais je décide de quitter les coulisses au pas de course. Je n'ai aucun regret, aucune honte.

Mais quand je vois son visage, triomphante d'une victoire inexistante, seulement d'une bataille gagnée d'avance, je ne peux m'empêcher d'être touchée - encore une fois. Ce vide qui s'est installé dans ma poitrine s'épaissit encore, m'enfonce dans ses moindres abysses.

Je lâche ma larme et m'enfuit, loin de la tête aux cheveux roux flamboyants qui emplit tout mon univers et mon esprit. Je savais qu'elle n'était pas faite de blanc, et qu'elle était loin d'être immaculée, mais le plagiat ? Pire, même, l'ursupation d'identité ? Est-ce normal pour elle ? Fait-elle ça tout les jours ? J'espère que non, elle reste tout de moins une personne que j'ai appréciée et que j'ai aimée... Avant que je ne sache.

Le vent fait voler mes cheveux, et j'ai moi-même l'impression de voler. Sauf que non, mes pieds sont bien là, effleurant le trottoir, seulement un seconde, mais une seconde quand même. Et je touche terre, j'ai même trop l'impression de toucher la terre.

AméthysteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant