On Verra Bien - Nekfeu

Douze

Samedi 29 Avril 2017

Charlotte était à Lyon depuis quelques jours et, depuis, j'avais l'impression de ne plus exister. Ma fille s'entendait très bien avec elle et passait beaucoup de temps  à lui parler de sa vie. Ken aussi était toujours fourré avec sa copine. Même Louise qui était venue la veille s'était plus intéressée à mes invités qu'à moi.

Aujourd'hui, Héloïse et Guillaume venaient manger à la maison Je savais qu'ils étaient stressés par leur mariage qui était le samedi suivant et qu'ils avaient besoin de penser à autre chose. Le début du déjeuné avait été quelque peu tendu car Guillaume en voulait à Ken et moi, car il m'avait fait du mal et je l'avais laissé rentrer une nouvelle fois dans ma vie. Finalement, ils avaient renoués leur amitié passée et étaient maintenant sur le balcon avec Charlotte. Ma sœur et moi étions dans la cuisine.

« Tu t'entends bien avec Charlotte ? » M'interrogea Héloïse.

« Oui, mais j'ai quand même du mal avec elle. » Je soupirais.

« C'est-à-dire ? » Elle fronça les sourcils.

« Elle est super gentille et intelligente. Elle s'occupe très bien de Pauline et elle rend heureux Ken. Mais j'arrive pas à vraiment l'apprécier parce qu'elle est avec Ken et ça me fait culpabiliser parce que c'est une fille en or. En plus, je ne veux pas me remettre avec lui donc c'est entièrement débile de la jalouser... » Je disais d'une traite.

« Tu as essayé d'en parler avec Ken ? »

« Je lui ai dit que je l'aimais toujours, mais que je ne me remettrai pas avec lui parce que j'ai peur qu'il me trompe une seconde fois. » J'annonçais.

« Et qu'est-ce qu'il a dit ? »

« Pas grand chose. Il était content que je sois encore amoureuse de lui et il est partit quand je lui ai dit qu'il n'y aurait plus jamais rien. On en a pas reparlé depuis. » J'expliquais à ma sœur.

Elle allait répliquer quand quelqu'un se racla la gorge. Je me retournais et apercevais Charlotte dans l'embrasure de la porte. Je jetais un coup d'œil à Héloïse et sourit à la jeune femme.

« Hum. Je suppose que tu as entendu. » Elle hocha la tête. « Écoutes, je sais que... » Elle me coupa.

« Tu n'as pas a te justifier Violaine. Je sais bien que vous ne vous êtes pas quittés parce que vous ne vous aimiez plus. Alors c'est pas une surprise pour moi d'entendre que tu l'aimes toujours. Ça serait égoïste de ma part de t'interdire de l'aimer parce que je te comprend. » Elle dit avec un sourire bienveillant.

« J'ai vraiment essayé de t'apprécier mais c'est dur. Tu as pris ma place dans le cœur de Ken donc forcément je te trouve des défauts. Mais je pense sincèrement que tu es parfaite pour lui. »

« Je sais bien. Moi aussi je n'arrive pas à être ta meilleure amie, je sais que Ken t'aimeras toute sa vie et bien plus que moi. »

« Ken ne m'aime plus. La preuve, il est avec toi. » Je riais nerveusement. Évidemment, je savais qu'il m'aimait un peu mais certainement pas autant qu'elle. Notre histoire était du passé.

« Je t'assure que si. Il m'a beaucoup parlé de toi avant de savoir pour Pauline. » J'allais répliquer quand Guillaume et Pauline dans les bras de Ken entrèrent.

« Alors, on fait une réunion Tupperware ? » Rigola Ken en passant son bras autours des épaules de Charlotte.

« Non mais on a beaucoup parlé. » Répondit Héloïse. « Bon, nous on va y aller, merci sœurette. » Elle embrassa ma joue et salua tout le monde. Guillaume la suivit et je me retrouvais avec Ken et Charlotte, Pauline ayant décidé de regarder la télé.

« Vous parliez de quoi ? » Demanda Ken.

« De choses qui ne te concernent pas. » Je répondais.

Il rigola et nous nous installions sur la table de la cuisine. Nous parlions des jours à venir et de ce qu'ils voulaient faire à Lyon. Il était prévu que Charlotte reparte dans quelques jours, la veille du mariage. Pendant que nous discutions, j'avais décidé d'observer Ken pour voir s'il y avait ne serait-ce qu'un signe minuscule de son amour pour moi. Malheureusement, je ne trouvais rien. Charlotte m'avait menti.

Vendredi 05 Mai 2017

Nous étions en train d'attendre le train de Charlotte. Elle était dans les bras de Ken et ne semblait pas vouloir le lâcher. Mais elle fut obligée de le faire quand son train entra en gare. Elle me remercia de l'avoir accueillie pendant son séjour.

« Tu veilles sur lui ? » Elle m'avait suppliée du regard et j'acquiesçais. Charlotte se retourna et nous rentrions à la maison.

***

Après avoir mis Pauline au lit, je proposais un verre de vin à Ken qui semblait en avoir besoin. La bouteille fut très vite finie et remplacée par toutes les sortes d'alcool de ma maison.

« Tu sais, je t'aime toujours. J'ai jamais arrêter de t'aimer. » Dit Ken avec quelques difficultés à cause de l'alcool dans son sang.

« C'est pas vrai, tu aimes Charlotte toi pas moi. Moi tu m'aimes plus. Et c'est pour ça que tu as couché avec ma meilleure amie. » Je répondais avec autant de difficultés que lui.

Il se rapprocha de moi et m'embrassa.

Ses lèvres étaient les mêmes qu'autrefois, elles douces et sucrées. Elles se complétaient avec les miennes. Je le repoussais et rigolais.

« Je suis sérieux V. » Et il écrasa une nouvelle fois ses lèvres contre les miennes. Si le premier baiser était doux, celui-là était plus brutal et exprimait notre désir pour l'autre.

« Et Charlotte ? » Je l'avais repoussé une deuxième fois. « Tu l'aimes pas Charlotte ? » J'insistais sur le prénom de sa copine pour le faire réagir.

J'avais eu tellement mal quand il avait couché avec Angélique, je ne pouvais pas infligé ça à Charlotte. Alors avant qu'il ne réponde, je me levais et m'enfermais à double tour dans ma chambre. Je m'adossais à la porte et me mis à pleurer silencieusement pour ne pas qu'il m'entende. J'entendis ensuite la porte claquée et je me laissais enfin pleurer toutes les larmes de mon corps. Quelle genre de fille j'étais devenue ?