On Verra Bien - Nekfeu

Vingt

Lundi 4 Septembre 2020, Point de vue de Ken

"Popo, t'as mis tes chaussures ?" Demanda Violaine.

Aujourd'hui, c'était le premier jour d'école de la petite qui entrait au CP et ma compagne était stressée. Ma fille arriva dans le salon avec son petit cartable sur le dos, elle était si belle. J'avais vraiment de la chance d'être le père de Pauline, elle était incroyable.

"Papa ?" Elle s'approcha de moi. "Je veux pas y aller." Elle se mit à pleurer alors que je la prenais dans mes bras.

"Bah pourquoi ça ? Tu veux pas retrouver tes copines ?" Je lui demandais.

"Vous allez m'abandonner là-bas." Elle murmura.

"Mais nan, ma Popo, on sera là ce soir, Maman et moi. Est-ce que pendant que tu étais en maternelle on t'a abandonné ?" Elle secoua la tête. Je lui mouchais le nez et la reposa à terre. "T'en fais pas, on t'aime trop pour t'abandonner."

"Aller, il faut y aller maintenant." J'enfilais ma casquette et lui prit la main. "V, tu viens ?"

"J'arrive." Cria cette dernière depuis la chambre.

Violaine avait toujours eu du mal à se séparer de notre fille et quelques larmes coulèrent de ses yeux lorsque Pauline passa la porte de sa classe. Elle était en primaire, c'est fou ce qu'elle grandissait vite. Je me revoyais encore dans ce square avec Violaine et celle que j'ignorais être ma fille. Je pressa ma fiancée car elle devait aller au travail et j'avais une interview. Je l'embrassa et me dirigeais vers le métro. Une demi-heure plus tard, j'étais dans les locaux de Rapelite. Je venais pour promouvoir mon troisième album "Ken".

"Salut Nekfeu ! Ca faisait longtemps qu'on ne t'avait pas vu en solo. On t'avait vu pour des projets en groupe, notamment avec 1995 et le S-Crew mais pas pour ta carrière solo."

"Ouais, c'est vrai ! La dernière fois c'était pour Cyborg." Je répondais. "Ecoute, ça mets le temps que ça mets hein !"

"Tu as mis plus de trois ans pour réaliser ton album, mais pourquoi autant de temps ?" Je soufflais. "Ce que je veux dire c'est est-ce que ça a été compliqué de le faire ? Que ce soit au niveau de la qualité des textes et des instrus ou au niveau de ton organisation ?"

"Ca a été compliqué ouais. J'ai eu une organisation perso merdique qui fait que mon organisation pro était tout aussi foireuse et donc du coup la qualité des morceaux que j'enregistrais était nulle. Parce que je prenais pas assez de temps pour revoir mes textes, pour les améliorer et ça m'énervait. C'est une sorte de cercle vicieux ce truc."

"Pourquoi ton organisation était merdique ? C'est par rapport à ta vie de père ?" Je le maudissais d'avoir demandé ça car je détestais parler de ma vie privée.

"Bien sûr. Je peux plus m'enfermer en stud pendant deux jours ou même me barrer à l'étranger pendant trois semaines. Déjà parce que j'en ai pas envie et aussi parce que si je le fais ma meuf me tombe dessus comme jamais !" Je rigolais. "Nan mais voilà quoi, j'ai une fille dont il faut que je m'en occupe et j'ai beaucoup moins de temps pour le rap."

"L'an dernier, t'avais affolé les médias en postant une photo de ta compagne et de ta fille, Pauline, je crois, qui a 7 ans. Pourquoi avoir attendu autant de temps ?"

"On voulait pas l'afficher au départ mais bon c'est ma fille, c'est ma fierté. Je voulais que tout le monde sache avec qui je partage ma vie et à quel point c'est concret. C'était une sorte de 'preuve d'amour' en gros." Je mimais les guillemets.

"D'accord. Parlons de ton album "Ken". Pourquoi l'avoir appelé comme ça ?"

"Parce que j'ai voulu faire quelque chose de plus personnel et que je m'appelle Ken. Je voulais vraiment me livrer." J'avais beaucoup hésité pour le titre, c'est Mekra qui m'a soufflé l'idée. Un jour je me prenais la tête sur le titre depuis quelques jours et pour rire il a dit que je pouvais le nommer Ken. Alors je l'ai fait.

"Plus te livrer ? Pourtant tu te livres énormément dans tes deux précédents albums, qu'est-ce qui est différent ?"

"Je sais pas, c'est plus sincère, je pense. Je peux pas expliquer pourquoi il est plus personnel, c'est des détails qui font que en fait."

L'interview se termine une bonne heure après et j'étais soulagé de pouvoir rejoindre ma compagne à l'heure du déjeuner. On s'installa en terrasse et on commanda nos repas. Elle me raconta sa matinée et je ne pouvais m'empêcher de remarquer qu'elle triturait sa bague de fiançailles tout le temps.

Je l'ai demandé en mariage il y a quelques mois, lors d'un week-end à Lyon. Même avant notre rupture il y a tant d'années, j'avais envie de faire d'elle ma femme. J'ai toujours su qu'elle était celle qui me fallait, et savoir que j'allais passer le reste de ma vie avec elle me rendait très heureux.

"Enfin bref, et toi ? Comment c'est passé ton interview ? Vous avez parlé de Pauline et moi ?" Me questionna ma future femme.

"Ouais, un peu mais rien de bien intéressant. Ça m'a fait drôle d'être à nouveau en promo. Ça m'avait un peu manqué..." Je me sentais nostalgique.

"D'accord. Je verrais tout ça quand ça sortira alors !" Elle rigole. "En tout cas, si tu décides de faire un nouvel album, j'ai le sujet."

"Vraiment ? Vas-y je t'écoute." Elle avait piqué ma curiosité.

"Ta vie de père." Elle sourit mystérieusement.

"C'est déjà fait, je te rappelle qu'une de mes chansons parle entièrement de toi et Popo."

"Mais il faudra en faire une autre parce qu'il va être jaloux." Je l'interrogeais du regard et lui demandais qui allait être jaloux. "Le petit bout qui est dans mon ventre."

"Quoi ? Quel petit bout ? Tu veux dire que... tu... tu es enceinte ?" Je n'en revenais pas.

"Oui ! Je suis enceinte d'un mois et demi." Elle avait les larmes aux yeux. Je me levais et la tirais contre moi.

On allait avoir un bébé, et cette fois-ci, je serais là. J'allais assister aux échographies, à la préparation et plus important à l'accouchement. J'allais aussi pouvoir m'occuper ce petit être et Le voir grandir. J'embrassais Violaine et me rassis.

"Je t'aime V."

"Je t'aime aussi Ken."

Je ne savais pas comment j'allais m'en sortir avec ma carrière, comment Pauline allait réagir ou même si j'allais être un bon père pour mes deux enfants. Mais comme ma chanson le dit, on verra bien !