L'effet papillon

19. Calamity Rich

(la musique va bien avec ce chapitre)

Une serveuse vient à la table et me dépose le menu.
Inutile, je le connais par cœur.
Je regarde mes messages avec Luce. On avait bien dit 15h, alors pourquoi il est bientôt 15h30 et elle n'est toujours pas là ? J'étouffe un bâillement et me replace sur la banquette en fin de vie. Un téléphone sonne, la clochette retentit et la machine à café vrombit. Mais à part ça, aucun bruit, le silence complet.
Des pas rapides s'abattent dans la petite allée qui sépare ma table avec celles de droite et viennent dans ma direction. Je ne relève pas la tête mais je sens une présence près de moi.
La personne tape de ses doigts sur ma table et dit, avec un accent anglais ridicule :

- Que puis-je vous servir mademoiselle ?

Cette voix. Je la reconnaîtrai parmi des millers.
Je lève lentement les yeux.

- Alors, Calamity Rich ne t'as pas manqué ?

Je dois m'en aller. Sa présence émane comme une onde malsaine dans toute la salle.
J'essaye de me dégager de là mais il me bloque le passage.

- Tu dis pas bonjour ?

Il me prend rageusement le menton et me regard de ses yeux.
Aucun rapport avec mon souvenir de lui. Plus aucunes étoiles dans ses prunelles, pas d'amour dans ses pupilles ni d'étincelles dans son regard.
Juste de la haine.
De la colère.
De la satisfaction, peut-être, de m'avoir enfin. Enfin désemparée, seule.
Je lui attrape le poignet à deux mains et l'arrache de ma mâchoire.

- Non, tu es vraiment le dernier qui pourrait me manque.

Je me lève, prête à partir mais il me rattrape par l'avant bras et me cloue sur mon fauteuil.

- J'en ai pas fini avec toi.

Un petit sourire sadique se creuse sur son visage. Un visage déjà bien abîmé.
Il a un énorme hématome de mon dernier coup sur l'œil, une plaie sur l'arcade sourcilière et une petite cicatrice sur le menton. Je trouvais cette petite cicatrice si mignonne avant, maintenant c'est bien la dernière chose que j'aimerai voir.

- Je croyais que tu m'aimais, Lina. Pourquoi tu me fais autant souffrir ?

Je regarde la serveuse droit dans les yeux , affolée, cherchant un regard bienveillant pour venir m'aider. Mais la serveuse ne me jette qu'un rapide coup d'œil et continue d'astiquer avec encore plus d'ardeur le comptoir.

- Rich, c'est du passé.. On était juste pas fait pour être ensemble. Laisse moi maintenant, mon amie va bientôt arriver.

- Ton amie ? Tu parles de Luce ?

Une ombre machiavélique passe dans ses yeux, je peux la voir malgré ses épais verre de lunettes et il se met à rire doucement puis très puissamment.

- Mais c'est grâce à Luce que je te parle !

Je fixe mon regard sur un coin poussiéreux de la salle pour ne pas qu'il lise l'inquiétude sur mon visage.

- Comment ça ?

- Elle ne t'as pas réellement invité en fait. Depuis la fois où tu m'as fait, pointant son œil du doigt, ce joli bleu , nous échafaudons un plan. Et on doit parler, alors faisons le !