Life is a rough draft. [terminée]

Chapitre 22

J'entends Léna dire à Jules que c'est la plus grosse soirée d'Eva et je dois dire que ça ne me rassure pas vraiment. Ça s'est toujours bien passé, mais... et bien la dernière fois que j'étais à une soirée en même temps que Timothée, on s'est embrassé à cause de ce stupide jeu de la bouteille, et puisqu'on n'en a jamais reparlé... Je sais d'avance que je vais être gêné. Cela dit, je ne vois pas pourquoi ça ne serait pas une bonne soirée et j'ai l'intention d'en profiter. Ça pourrait se reproduire, pas forcément à cause d'un jeu, je pourrais tenter... Et toujours rejeter la faute sur l'alcool si je vois que ce n'est pas réciproque, tout simplement. On verra bien ce qu'il va se passer.

« J'ai pas eu le temps de m'occuper de ta tenue, Camille, mais j'espère que tu sais ce que tu vas porter !

- Oui, j'ai prévu un jean foncé et une chemise blanche.

- Mmh.

- Regarde-les, ils sont sur mon lit, de toute façon je ne vais pas tarder à me préparer comme ça tu auras la salle de bain de libre rien que pour toi.

- Déjà ?

- Je sais que t'es longue à te préparer, et je prends un peu de temps aussi, alors autant s'y prendre à l'avance.

- C'est surtout parce que tu as hâte d'y être, pas vrai ? »

Elle me sourit mais si elle me taquine, je sens aussi qu'elle ne va rien ajouter. Je rougis certainement et pour une fois je suis bien content qu'elle n'insiste pas. Elle sait que je suis nerveux à propos de ce soir, après tout. Ce n'est pas tous les jours qu'on « planifie » d'embrasser quelqu'un, encore moins si ce quelqu'un est censé n'être qu'un ami.

« Au fait il n'y a même pas la moitié des invités qui reste dormir, la plupart ont réservé des taxis dans la même compagnie histoire de s'organiser un peu. Mais j'ai dit à Eva qu'on restait chez elle, je pense que c'est mieux, on ne se prendra pas la tête pour savoir quand rentrer ou quoi... Ça te va ? Je voulais te demander mais elle voulait la réponse tout de suite et tu travaillais...

- Ça me va, t'as bien fait. »

Elle me sourit de toutes ses dents et je pouffe de rire sans savoir pourquoi. C'est aussi ça, l'amitié : se faire rire sans raison.

« Allez, je vais me doucher.

- Va donc te faire tout beau, oui ! »

Je lève les yeux au ciel, un sourire étirant mes lèvres avant de disparaître dans la salle de bain.

* * *

La change et je bouge en rythme alors que le barman engagé pour la soirée me ressert. Je n'ai pas compté le nombre de verres que j'ai bu, mais il faut dire que la sangria passe vraiment bien. Il y a aussi du ponch et la possibilité de se faire servir des cocktails, des shots, de tout. Pour l'instant, je reste à la sangria et on verra plus tard pour le reste. Eva a déjà bu des shots et un cocktail avec de la vodka je crois : tout le monde « paie sa tournée » à chaque fois qu'on la voit alors forcément, elle a bu beaucoup plus que nous tous réunis.

« T'as vu Jules ? »

Léna me crie dans l'oreille parce qu'on peine à s'entendre avec tout le bruit qui nous entoure et je hausse les épaules en secouant la tête pour lui répondre : c'est plus facile que de se casser la voix en hurlant à mon tour. Puis nous l'apercevons au même moment et elle rit tandis qu'il l'attire contre lui pour la faire danser. Je les laisse à leur danse et cherche Timothée du regard. Il m'a prévenu qu'il arriverait un peu tard et je n'ai pu m'empêcher de guetter son arrivée. Ça fait au moins une heure et demie qu'on est arrivés et il n'est toujours pas là. Je finis par aller faire un tour à la salle de bain et souris en l'apercevant en bas des escaliers. Il lève les yeux au même moment et je suis heureux de voir ses lèvres s'étirer en un sourire. Il me fait un signe de la main et je le rejoins alors qu'il ressort de la maison. La musique est moins forte dehors et on pourra parler sans être gênés.