Chapitre 9

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« A tout à l'heure ! »

Nous n'avons pas de sèche-linge alors Léna s'occupe de ce qui rentre sur l'étendoir, et moi j'emporte le reste à la laverie. En général, ce sont surtout nos draps, ou bien des serviettes, des grandes choses comme ça. Ça prend trop de place, et le couple qui s'occupe de la laverie est sympa : souvent, lorsqu'on manque de monnaie, ils nous font des prix. Je descends les escaliers, la bassine presque pleine sous un bras et mon livre dans l'autre. Mon téléphone est dans la poche arrière de mon jean, et je suis certain que si Léna l'avait remarqué, elle m'aurait encore engueulé. Elle a cassé l'écran de son ancien portable en s'asseyant dessus, alors depuis elle fait la guerre à cette manie qu'ont la plupart des gens : glisser leur mobile dans leur poche arrière.

L'avantage de la laverie, c'est qu'elle se trouve à deux pas de chez nous. Je n'ai qu'à traverser la rue, marcher sur une centaine de mètres, et ça y est. C'est pratique quand il faut porter le linge mouillé, et qu'il pèse logiquement deux fois plus que lorsqu'il est sec. Je fourre nos affaires dans la machine, ferme la porte, introduis les pièces et sélectionne le programme que nous avons choisi d'un commun accord. Ma mère m'a toujours répété que le linge était important, qu'il fallait y faire attention, et en réalité ce n'est pas trop le truc de Léna, de s'en occuper. Elle préfère se coltiner le ménage, curieusement, alors que ce n'est pas du tout mon cas. Du coup, nous nous sommes arrangés comme ça et je m'occupe des lessives tandis qu'elle nettoie le reste. Quant à la vaisselle... Béni sera le jour où nous achèterons un lave-vaisselle, ça oui. Je n'aime pas du tout faire ça, et elle non plus, alors on se « bat » à chaque fois.

Je regarde le linge tourner lorsque le tambour se met en branle, et vais m'asseoir sur l'une des chaises mises à disposition. On a eu beau me répéter plusieurs fois que les portes ne pouvaient pas s'ouvrir lorsque la machine tournait, je n'ai pas confiance en ces trucs-là. Et il est hors de question qu'on nous vole quoi que ce soit, alors je reste là le temps que le programme s'achève. Et puis ce n'est qu'une demi-heure, ce qui laisse aussi le temps à Léna de s'occuper tranquillement de l'appartement sans m'avoir dans ses pattes.

J'ouvre mon livre à la page trois-cent quarante-deux et mes yeux glissent sur le papier avant de retrouver la ligne à laquelle je m'étais arrêté. D'après la quatrième de couverture, ce livre ne me semblait pas très passionnant. Et finalement, après avoir lu quelques chapitres, je suis plutôt bien entré dedans et j'ai déjà dévoré les trois quarts en même pas deux soirs. J'aurais pu le terminer hier, mais je me suis à moitié endormi dessus et après avoir lu et relu le même paragraphe plusieurs fois sans plus en comprendre un traître mot, j'ai fini par abandonner. Je compte bien le terminer maintenant, et c'est aussi l'une des raisons pour lesquelles j'aime passer du temps ici. Puis c'est peut-être drôle mais je trouve le bruit des machines plutôt reposant.

Une vieille dame entre dans la laverie, s'approche des machines à laver, et hésite quelques minutes. Je me lève alors, m'approchant doucement. J'ai toujours peur de les effrayer.

« Je peux vous aider ?

- Oh, oui, merci. C'est que c'est la première fois que je viens ici, et je ne sais pas quel programme choisir...

- D'accord. Je viens là souvent, mais c'est pour sécher le linge alors je vais juste jeter un œil... Ça n'a pas l'air bien compliqué. »

Je regarde le type de vêtements qu'elle veut mettre dans la machine, et hoche la tête plus pour moi-même que pour autre chose.

« Ok, donc vous mettez les vêtements, vous fermez la porte, vous mettez votre monnaie par cette fente et vous appuyez là ou là, si vous voulez que ce soit plus ou moins chaud.

Life is a rough draft. [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant