Life is a rough draft. [terminée]

Chapitre 21

Je me souviens du jour où Madame Leroy m'a tendu ma tenue et m'a indiqué où se trouvaient les vestiaires des employés. Bon, je n'ai pas trop de mérite parce que c'était il n'y a pas si longtemps que ça, mais j'ai l'impression que ça fait des mois que j'ai commencé à travailler ici. J'adore ça, l'ambiance du cinéma, même si on pourrait penser qu'être de l'autre côté de la barrière pourrait être moins marrant. Ça l'est parfois, quand les gens sont désagréables par exemple, mais heureusement ça n'arrive pas très souvent.

« Camille ? Tu peux m'aider à remplir les boîtes de popcorn ? J'ai déjà fait le sucré, mais il faut finir le salé avant l'ouverture des portes. »

Ça, c'est Emmanuella, ma collègue. Elle a juste un ou deux ans de plus que moi, elle est gentille mais parfois un peu chiante. Cela dit elle n'est pas méchante et je pense que c'est le principal car il règne une bonne ambiance toute la journée. J'ai bien d'autres collègues, mais nous ne nous croisons pas vraiment souvent et je passe la majorité de mon temps avec Emma. Elle préfère qu'on l'appelle comme ça, c'est plus court et elle n'aime pas le diminutif « Manu » : elle trouve que c'est trop masculin. De toute façon, « Emma » ça lui va très bien.

Je termine de mettre des nouveaux sacs dans les poubelles désormais vides avant de la rejoindre. Ce n'est certes pas le cinéma le plus grand du quartier mais il est tout de même pas mal fréquenté et il y a toujours du monde qui traîne par-là. Je ne m'en rendais pas vraiment compte, avant de travailler dans l'envers du décor. Je trouve ça vraiment génial.

Une fois les boîtes remplies de popcorn salé, nous les disposons sur les présentoirs pour que les gens puissent se servir avant de passer en caisse.

« Emma, Camille ! Vos scanners, tenez. Et les lunettes 3D, il en reste à vos caisses ou pas ?

- Moi j'en aurai besoin je pense.

- Et moi c'est bon. »

Notre responsable nous tend notre matériel et me donne un sac plein de lunettes. C'est fou, je n'aurais pas cru que les gens en achèteraient autant : il me semblait logique de garder toujours la même paire une fois qu'on en a une, mais apparemment ce n'est pas le cas. Souvent, c'est parce qu'ils les oublient, ou bien qu'ils n'avaient pas prévu d'aller voir un film en 3D aussi. Plus rarement, c'est parce qu'ils s'en moquent ou qu'ils aiment bien changer. Certains doivent tout de même en avoir toute une collection, à force !

« Les portes vont ouvrir, bon courage et gardez le sourire ! »

Elle est assez drôle comme responsable, je me demande s'ils sont tous comme ça dans les autres commerces. Il y a déjà des gens qui font la queue devant les portes et le vigile leur permet d'entrer après avoir jeté un rapide coup d'œil à leurs sacs. C'est fou comme avec le temps, ils sont de moins en moins vigilants. En tout cas, c'est partie pour un temps à vendre des places, puis un autre dans la partie des sucreries, pour finir par le poste de vérification des tickets en fin de journée. On tourne toujours et ça fait du bien de changer, même si tout retenir pour chacune de nos fonctions a été un peu compliqué au début pour tout le monde.

La journée passe à une vitesse hallucinante mais je suis bien content quand on vient prendre la relève pour la soirée. J'ai à peine mangé ce midi, il y a vraiment eu beaucoup de monde aujourd'hui et puis je n'avais pas vraiment faim. Je referme mon casier et sors mon téléphone pour regarder si j'ai de nouveaux messages : c'est le cas et je souris.

Léna me demande ce que je veux manger ce soir, Timothée me demande si je veux sortir Emy avec lui après le dîner et j'ai un appel manqué de Chris me dit de la rappeler dès que je sors du travail. Elle a l'air pressé de me dire quelque chose, mais je n'ai aucune idée de ce que c'est et je dois avouer que ce genre de situation me met toujours mal à l'aise : je ne sais jamais si « l'annonce » va être positive ou négative. Et s'il lui était arrivé quelque chose ? C'est donc la première à laquelle je réponds.