Chapitre 7

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Je reçois un nouveau coup de coude dans les côtes et râle en poussant Léna dans un rayon pour l'éloigner des caisses.

« Sérieusement ? Arrête ça, Léna ! Tu vas nous faire repérer et je vais avoir l'air d'un con, après...

- Mais si tu fais rien, la situation n'avancera jamais. Alors faut bien que je le fasse pour toi.

- N'importe quoi. De toute façon, la situation n'avancera pas. »

Elle lève les yeux au ciel avant de me sourire, et de retourner dans le rayon des fruits et légumes. Nos placards sont vides, que ce soit les siens ou ceux de mes parents, alors ils nous ont chargés de faire les courses. Je suppose que les miens me testent un peu, pour voir si j'achèterai des produits sains ou bien que des conneries.

« Des tomates, des champignons, du poivron, un concombre... Il faudra aussi prendre de la feta, j'ai bien envie d'une petite salade fraîche en ce moment. Pas toi ?

- Si, pourquoi pas.

- Cam ? J'peux te poser une question ?

- Oui.

- Pourquoi tu vis encore chez tes parents ? Je veux dire, je sais bien que c'est pratique et que tu ne travailles pas encore vraiment et donc que tu ne peux pas payer un gros loyer mais...

- Mais ?

- Eh bien ma coloc', Julie, va bientôt partir. Et comme la chambre sera libre, je suppose que le proprio va chercher quelqu'un pour la remplacer... »

Je vois où elle veut en venir, et je souris. C'est vraiment très gentil de me proposer d'emménager avec elle, mais je ne voudrais pas être un poids. Je ne suis pas toujours la personne la plus joyeuse de l'univers, contrairement à elle, même si je ne broie pas non plus du noir vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

« Et donc, si tu venais habiter avec moi ?

- Léna. Tu es une fille merveilleuse, tu t'embarrasses déjà de ma présence la plupart du temps, alors imagine si tu m'avais sur le dos tous les jours...

- Mais je veux t'avoir sur le dos tous les jours. »

Je hausse un sourcil et comprends qu'elle est vraiment sérieuse. Et je crois qu'elle serait rassurée de vivre avec quelqu'un qu'elle connaît déjà plutôt que d'avoir à faire à un ou une inconnu(e) et je dois avouer qu'à cette pensée, j'en serais moi aussi rassuré.

« Tu ne sais pas ce que c'est que de vivre réellement avec moi. J'aurais peur que tu finisses par te lasser, tu sais.

- Jamais. Alors dis oui.

- Je vais y réfléchir. »

C'est tout ce que je peux lui promettre, et puis il faut que j'en discute avec mes parents parce qu'elle a soulevé un détail important : comment vais-je payer mon loyer ? Je sors de mes pensées lorsqu'elle avance avec légèreté jusqu'à la caisse, et je la rattrape rapidement. Elle serait capable de dire n'importe quoi, et je n'aime pas ça.

« Bonjour !

- Bonjour. »

Il lui sourit, ainsi qu'à moi, mais je ne peux m'empêcher d'être un peu jaloux. Il me sourit sûrement juste parce que je viens là souvent, et qu'il me reconnaît à ça. Alors que quand il sourit à Léna... C'est plus qu'un simple sourire. Ou bien c'est moi qui en fais tout un plat. Je ne sais pas. Je range les courses, machinalement, et je suis plutôt content parce que pour une première fois à faire de grosses courses ensemble, nous sommes bien coordonnés. Et je sors de mes pensées en me rendant compte qu'il m'a parlé.

Life is a rough draft. [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant