Chapitre 18

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Léna chantonne depuis ce matin et je ne peux m'empêcher de sourire. Elle m'a réveillé alors qu'elle pensait être discrète et si d'habitude j'aurais râlé, je n'en ai rien fait. C'est tellement plaisant de la voir heureuse à ce point, je n'oserais jamais gâcher ça. Jules est réellement quelqu'un de bien, malgré les doutes que j'avais au début. Après tout, il faut bien se méfier de tout et de tout le monde, non ? C'est mieux que de tomber de haut lorsqu'on nous plante un couteau dans le dos. Finalement, la voir heureuse me rend heureux.


« T'es de bonne humeur toi, aujourd'hui.

- Oui ! On va aller à la patinoire, ils l'ont enfin ouverte et elle est accessible au public à partir de vingt heures alors Jules m'y ce soir ! »

C'était donc ça. Léna adore la patinoire, pas parce qu'elle sait bien patiner mais parce qu'elle adore regarder les gens le faire. Quoique, elle a beau dire qu'elle est nulle, je trouve qu'elle se défend quand même vraiment bien. Sans compter que Jules va sûrement la faire se lever de son banc, pour une fois. C'est chouette qu'ils prévoient des sorties en amoureux comme ça. Je regarde mon portable, mais je n'ai aucun message. Ce n'est pas vraiment étonnant, Timothée travaille. Je secoue la tête en me rendant compte que j'ai directement pensé à lui alors que je pensais à l'amour de Léna et Jules. N'importe quoi.

« Bon, et toi ? Tu le revois quand ton Prince Charmant ?

- Arrête de l'appeler comme ça ! Un jour tu vas le faire devant lui et je vais pas avoir l'air con...

- Déstresse mon lapin, je sais me maîtriser. »

Elle me lance un petit clin d'œil qui me fait peur : elle a beau me le répéter, je suis sûr qu'elle finira par faire une gaffe.

« J'suis pas ton lapin.

- Mais si. Et donc, vous avez prévu de vous revoir bientôt ?

- Pas dans l'immédiat, mais on sait jamais. Peut-être ce week-end.

- D'accord. Et pas de bécotage à l'horizon ?

- Lénaaaa ! »

Je râle et elle pouffe de rire comme une idiote. Et évidemment, ça me fait rire aussi. Je ne sais vraiment pas comment elle fait, comment les gens comme elle font : on a beau parfois essayer de rester « fâchés », il est impossible de ne pas rire devant leur joie de vivre et leur façon de la communiquer.

* * *

« Très bien. D'accord. A demain. Merci ! Au revoir. Vous aussi. Au revoir. »

Je regarde mon téléphone, les yeux ronds. De tous les endroits où j'ai déposé un CV, je n'aurais jamais pensé que celui-ci me rappellerait. Celui où j'ai le plus envie de travailler. Je lève les yeux des tomates que j'étais en train de couper et les pose sur Léna. Je ne savais même pas qu'elle était là, à vrai dire, et je pourrais la taquiner en disant qu'elle écoute mes conversations car je sais qu'elle essaye parfois de le faire lorsque je discute avec Timothée, mais là... Non. Je suis beaucoup trop sous le choc pour dire quoi que ce soit.

« Bah, qu'est-ce qu'il y a ? C'était qui ?


- J'ai un entretien d'embauche.


- Sérieux ?


- Ouais. Demain.


- Oh Cam', c'est génial ! »


Elle sourit largement et je dois avouer que je ne commence à paniquer que lorsqu'elle me prend dans ses bras. Qu'est-ce que je vais porter ? Qu'est-ce que je vais bien pouvoir dire ? Que va-t-on me poser comme questions ? Il y aura sûrement d'autres postulants, meilleurs que moi...

Life is a rough draft. [terminée]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant