24-La sensation de vide qui reste inexpliqué...

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Abygaïl

Le temps gris et la froideur de New York ont laissé place à un magnifique ciel bleu qui se marie à la perfection avec chaleur écrasante. C'est fascinant quand même, de constater à quel point cette vaste étendue reliée d'un point à l'autre, peut changer si abruptement d'humeur. En Amérique, il était plutôt sombre et tristounet et ici, il est plein de vie et de lumière.

Mes yeux parcourent la foule qui s'empresse de me devancer à pas de course, avec un objectif en tête, une destination, un but... Et il y a moi, à travers tout ces gens, sans but, sans destination... sans rien.

Gorge nouée, voix sourde, bouche sèche et mains qui tremblent... je tente de m'éclaircir les idées... l'angoisse me serre comme un étau.

Tu as ce que tu voulais Abygaïl. Tu es loin de tout.

J'inspire profondément avant de me diriger vers le comptoir d'information.

— Bonjour, dis-je d'un air aimable, j'ai besoin d'un renseignement concernant le départ des bus, je voudrais aller à cet endroit, montré-je en pointant une petite étoile sur ma carte.

Mon entrée au pays s'est bien déroulée. Les autorités parlaient très bien notre langue et puisque les États-unis font partie de la liste des pays dispensés de visa, je n'ai seulement eu qu'à leur fournir une copie de mon billet de retour. Mais là, tout semble se compliquer, l'homme n'a pas l'air de saisir un seul mot. Putain, ce n'est pas dur à comprendre, pensé-je. Mais l'homme lève les épaules et se retourne après m'avoir offert un sourire d'une arrogance qui me met hors de moi.

— Je viens de passer trente heures dans un avion, j'ai chaud, j'ai mal au coeur et je suis crevée, alors vos petits sourires à la con, vous pouvez vous les mettre où je pense, lancé-je sur un coup de tête.

Soudainement, une voix grave me fait sursauter. À mes côtés se tient un blondinet, qui discute avec l'homme que je viens tout juste d'envoyer chez le diable.

— Je peux ? me demande-t-il en fixant ma carte.
— Oh oui...oui, désolé, m'excusé-je.

Je reste bouche bée quand je réalise qu'il communique avec l'homme dans la même langue que moi et qu'il comprend sans difficulté. J'en déduis que le préposé a tout simplement refusé de m'aider... Et honnêtement je m'en fous, la seule chose que je sais, c'est que mon moral vient de faire une remontée et ce, grâce à cet inconnu.

Ma joie fut de courte durée parce que mon nouvel ami m'annonce que le prochain départ n'est pas avant vingt-et-une heure. Mes yeux se baissent vers ma montre quinze heures cinq.

— Le bus ne devait normalement partir qu'à quinze heures cinquante, dis-je découragé.
— Il est parti plus tôt, répond-il.
— Il n'y a rien avant cette heure, vous êtes sûr ?
— Non... désolé.

Des larmes me brouillent la vue, je ferme les yeux pour les dissimuler. Vous vous êtes déjà sentie si angoissée que la seule chose qui pourrait vous faire sentir bien ce serait de vous rouler en petite boule dans un coin, de vous boucher les oreilles et fermer les yeux. Ne plus rien entendre, ne plus rien voir. Juste m'accorder le droit pour quelques secondes de me mettre la tête dans le sable. Un petit répit, une impression, pour souffler un bref instant et ignorer l'angoisse.

En dessous (H.S.)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant