Chapitre 17- Eden

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Je me suis habillée de noir aujourd'hui. Une robe noire qu'Emma adorait, elle disait qu'elle me rendait ravissante.
Je porte aussi un bracelet meilleure amie qu'elle m'avait offert pour mon anniversaire. Les bijoux dans la Cité sont fabriqués par Charlotte, une citoyenne à l'étage 3. Elle tient un petit atelier et une boutique où elle expose ses créations. Emma adorait cette boutique, et Charlotte était l'une de ses amies. Quoiqu'il en soit, ce petit bracelet en argent est magnifique, je le porte tout le temps, car pour moi, il représente notre amitié.
Louis est auprès de moi, mais je l'ignore totalement, comme les jours précédents. Nous marchons dans la foule en direction des cercueils où reposent les morts au fond des jardins. Certains pleurent, les autres se contentent d'avancer en silence. Moi, je me dois d'être forte, pour Emma. J'ai déjà assez pleurer sa mort.
La grande marche est menée par Hannah, notre grande médecin, celle qui a annoncé officiellement tous les décès, ainsi que Jean, le grand directeur de la Cité 2212, et de quelques policiers. Nous arrivons aux quarante-six cercueils exposés devant nous, tous ouverts pour que nous reconnaissions nos proches. Je ne trouve pas immédiatement Emma, puis je la repère, dans le fond. Une grande estrade a été installée pour l'occasion. Dessus, il y a un micro ainsi que quarante-six photos de tous nos disparus accrochées au mur du fond. Je reconnais Emma sur la 10ème.
Les personnes que j'ai citées menant la marche, montent sur l'estrade et nous, la foule, restons à son pied, debout prêts à écouter. Le silence se poursuit, nous attendons que quelqu'un prenne la parole.
C'est Hannah qui prend le micro.
Hannah : Merci à tous et à toutes d'être venus aujourd'hui pour rendre hommage à nos quarante-six disparus. Je ne peux dire un mot sur chaque mort mais j'invite leurs proches à le faire.
Quelques mains se dressent parmis les milliers de personnes présentes. Hannah les invite sur l'estrade un par un. Nous les écoutons parler de chaque victime, sur leur caractère, leur façon d'être, sur leur projet, mais personne n'ose se plaindre des raisons de leur mort.
Des heures passent.
La cérémonie est sur le point de se terminer pour procéder aux enterrement des cercueils dans les jardins. Les adieux.
Près de moi, Louis me chuchote.
Louis : Personne n'a dit de mots pour Emma. Tu ne veux pas y aller ?
Je prends un ton ironique
Eden : Oh oui bonne idée comme ça je pourrai expliquer à cause de qui elle est morte.
Malgré tout, je me demande vraiment si je dois parler de ma meilleure amie. Je sais qu'elle voulait faire ses preuves, avoir des amis, elle voulait qu'on se souvienne d'elle.
Alors au dernier moment, je me redresse et lève le bras tandis qu'Hannah fait le discours de fin.
Eden : Moi ! J'ai quelque chose à dire !
Toutes les têtes se tournent vers moi. Je pousse les gens sur mon passage et j'arrive à l'estrade, déterminée. Lorsque je suis face à tous ces gens, je tremble un peu en attrapant le micro dans ma main.
Eden : Bonjour... Je..Je ne vais pas vous parler d'Emma comme vous tous avez parler de vos proches. Tout ce qu'il faut savoir c'est que Emma, reproduction 2212 comme la Cité, était une personne formidable et unique. Mais bon, tout le monde a sorti le même discours... Ce que je souhaitais vous dire c'est que...que...aucun d'entre eux ne méritait leur mort.
Les gens me fixent, attendant la suite et je me sens soudainement très bête.
Eden : Je peux dire qu'ils sont morts dans des conditions, certes, horribles, mais ils sont le symbole de la rébellion et ils nous ont montré le vrai visage de ceux qui nous dirigent. J'aimerais que cette tuerie ne nous abat pas, mais qu'elle vous fasse comprendre le monde dans lequel nous vivons, où aucune liberté ne nous ait accordée.
Je regarde le public, certains se sont mis à chuchoter doucement puis un brouhaha s'installe. Je croise le regard de Louis, il est stupéfait de ce que je viens de dire mais pas dans le bon sens.
Hannah reprend le micro pour calmer la foule qui commence à s'agiter et à parler très fort. Soudain, un homme m'attrape violement par le bras et m'attire sur le coté. J'essaye de me débattre de ce policier.
Policier : Tais toi imbécile! Tu te rends compte de ce que tu dis ?
Il veut m'emporter mais j'arrive à m'en échapper; je descends de l'estrade, et court jusqu'à Emma.
Une fois devant elle, je la fixe. Elle est si belle endormie comme ça. Ses long cheveux noirs reposent sur son corps habillé d'une robe noire semblable à la mienne. Je m'autorise à verser quelques larmes.
Eden : Oh Emma... tu vas tellement me manquer.
Je me penche vers elle pour lui déposer un baiser sur sa joue glaciale.
Puis j'attrape son bras, je détache mon bracelet du mien, et lui attache à son poignet. Pour qu'elle se souvienne de moi où elle est.
Eden : Je t'aime.
Je la regarde une toute dernière fois, pour me mémoriser son visage à jamais. Les policiers arrivent vers moi en nombre.
Policiers : Nous devons t'emporter en cellule Eden.
J'hoche la tête et les laisse me passer les menottes. Je ne regrette rien de ce que j'ai dit. Je pars les mains dans le dos, devant tous les regards.
Puis celui de Louis m'accroche, il essaye de courir derrière moi mais des policiers l'en empêchent. J'ai un pincement au coeur en le voyant si désespéré.
Et en m'éloignant, je l'entends crier mon prénom.



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