Chapitre 29- Eden

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Eden : Je sais Emma, tu ne méritais pas ça. Crois moi, je te vengerai. Il s'en fou de ta mort, alors que c'est lui qui t'a tuée. Je le ferai souffrir comme il t'a trahie. Il me faut juste du temps tu comprends ça ?
Le fantôme d'Emma devant moi ne bouge pas. Elle continue de me fixer froidement, ses yeux vides, sa peau blanche. Je me suis habituée à sa présence qui me fait du bien, j'ai l'impression de la retrouver sous un autre aspect. Elle reste avec moi pendant mes longs jours d'emprisonnement et je peux lui parler librement. Mais jamais je n'ai vu son expression changer, son fantôme est impassible. Je lui souris quand même.
Eden : Ne t'inquiète pas, je sortirai bientôt et je pourrai m'occuper de lui. Ensuite je viendrais te rejoindre Emma, et on sera de nouveau toutes les deux.
Toutes mes pensées vont à Louis. Je pense à lui toute la journée, à chercher une façon de l'anéantir, je pense à la façon dont il m'a dit qu'il m'aimait, la façon dont il me regarde, dont il me parle et l'aide qu'il me procure chaque jour quand il vient me voir. Il m'écoute avec attention, il me répond avec compréhension, et surtout, il essaye de me faire sortir d'ici. Après ses visites, j'entends parfois Emma me chuchoter "Il ne fait ça que pour lui, pour sa santé" et je la crois. Je crois toujours ce que me dit Emma. Louis n'est qu'un égoïste, un manipulateur, je ne dois pas oublier ce qu'il a fait.

Des pas dans le couloir. Je commence à avoir l'habitude. Ces derniers jours, les bruits sont assez réguliers, des aller-retour, des coups sans cesse dans la cellule d'à côté. La nuit surtout, et tout cela me fiche la trouille. Avant-hier, les coups étaient tellement forts que j'avais l'impression qu'un monstre, ou une machine était entrain de défoncer la porte. Ou alors, que quelqu'un s'échappait. Ce n'est même plus le garçon mystérieux avec son sac qui vient me nourrir. Tout est tellement bizzare en ce moment...
Cette fois si, les pas viennent jusqu'à moi, ce sont plusieurs gardes ainsi qu'Appolo le chef de la police, et bien-sûr Louis. Son visage s'éclaircit lorsqu'il me voit. Le mien aussi il me semble. Je ne comprends pas immédiatement pourquoi il y a autant de monde mais je finis par saisir. Je regarde Louis avec un grand espoir.
Eden : Je sors aujourd'hui ?
Louis : Oui.
Appolo : Oui, nous t'autorisons la sortie mais tu seras sous surveillance pendant quelques jours. Tu ne pourras pas reprendre la travail avant un bon bout de temps.
Eden : Merci beaucoup.
Appolo : Evidement, je te recommande de ne plus inciter notre peuple à se rebeller, et de tous nous mettre en danger par la même occasion.
Eden : Ils ne sont pas venus, n'est ce pas ?
Appolo lance un regard à ces collègues puis ses yeux reviennent à moi.
Appolo : Un homme est décédé il y a deux jour, Ad, tué par eux. Je ne pense pas que sa mort aie un rapport avec ce que tu as fait. Et temps que nous y sommes, j'aimerais te poser une question. Connaissais-tu une certaine Ancha ?
Je réfléchis. Je secoue la tête, je ne connais pas d'Ancha, cela ne me dit rien.
Eden : Pourquoi ?
Appolo : Cette femme a disparue depuis maintenant une semaine, et son mari depuis un jour.
Je ne sais pas quoi faire de toutes ces informations que j'accumule. Louis ne dis rien et me fixe. Appolo tape dans ses mains et se décale pour me désigner la porte.
Appolo : Ca y est Eden, tu es libre.
Je me lève, et me dirige alors vers la sortie. Les gardes se poussent de mon passage. Puis je sens une main se glisser dans la mienne, c'est Louis. Il me sourit et semble heureux. Moi aussi. Le revoir me fait du bien comme toujours, et ce contact physique me procure un plaisir intense. J'ai envie de lui sauter au cou mais aussitôt cette idée pensée, aussitôt Emma surgit dans mon esprit.

Louis me fait vite comprendre que l'on peut partir directement et rentrer chez nous. Sur le chemin, tout le monde me reconnaît. Des gens me fixent, d'autre chuchote après mon passage et les plus indiscrets me montrent du doigt. Je ne me suis jamais sentie autant jugée. Louis, qui n'a pas lâché ma main, serre ses doigts autour de ma paume. Je croise même des gens que je connais, des amis à Emma, des collèges, mais aucun d'entre eux ne me sourit. Je me rends compte que les gens me pensent vraiment folle. A ma droite, je passe devant Charlotte, l'amie de Emma qui fabrique des bijoux. Lorsque je suis près d'elle, elle me souffle dans l'oreille:
Charlotte : Tu t'es mariée à son bien aimé. Tu me dégoutes.
Je me décompose intérieurement. Je regarde Charlotte, elle est très sérieuse et me toise. Elle affiche une grimace de dégoût et s'éloigne. Alors c'est ça que l'on pense de moi maintenant alors que je n'ai rien demandé ? La fille qui a trompé sa meilleure amie ? Evidement, les larmes me montent aux yeux. Il faut que je me débarrasse de Louis pour leur prouver que je ne suis pas celle qu'ils croient.

Tout le long, je sens les gens me dévisager et parler dans mon dos mais j'essaie de prendre sur moi et de me concentrer uniquement sur la main de Louis qui me tient. C'est la seule chose qui me rassure. Emma autour de moi a disparue.
Le trajet me semble durer une éternité, pourtant nous arrivons vite devant la porte de notre appartement. Une fois à l'intérieur je reste dans le couloir tandis que Louis se dirige dans la cuisine.
Louis : Tu as faim ? Je vais te préparer quelque chose à manger. Viens ne reste pas ici.
Je pénètre la cuisine doucement. Mon mari est de dos à moi. Emma est à côté de lui, toujours entrain de me fixer, elle lève son bras. Son doigt me désigne quelque chose. Un couteau posé sur la table. Un long couteau de cuisine bien aiguisé, sa lame brille. Ma meilleure amie hôche la tête, soutenant mon regard terrifiée. Suis prête à mourir ?

Tu me dégoutes.

La phrase de Charlotte résonne dans ma tête en boucle.
Alors, je m'approche de la table et saisi le couteau avant de le lever vers le dos de Louis. Je ferme les yeux, je respire fortement et j'abats mon bras.

After WeddingsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant